March 28, 2024
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La Méthadone en chiffres et en faits à Maurice.

En juin 2017, 4 021 personnes faisaient partie du Programme de substitution à la méthadone, par l’intermédiaire de 42 sites de distribution de méthadone à travers l’île, dont 3 sites au sein des services de la prison.

Entre 2012 et 2016, le nombre de seringues distribuées dans le cadre du Programme d’échange de seringues (PNE) a augmenté de 312 % pour atteindre un total de 697 861 seringues distribuées en 2016, dont 47 % par le ministère de la Santé et de la Qualité de vie (MOH-QL) et 53 % par les ONGs.

D’après les données obtenues de la police de Maurice, entre 2012 et 2014, le ratio annuel des infractions liées aux drogues était en moyenne de 2,8 liées aux drogues signalées pour 1 000 habitants. De 2015 à 2016, le nombre d’infractions liées aux drogues enregistrées a diminué de 3 %, passant de 3 468 à 3 370, ce qui a entraîné une stabilisation du taux d’infractions liées aux drogues à 2,7 % pour 1 000 habitants.

En 2015 et 2016, 1 772 et 1 776 arrestations de la police ADSU pour des infractions liées à la drogue ont été signalées pour la période allant de janvier à juin 2017.

Sur les 1 133 arrestations effectuées par la police pour des infractions liées à la drogue, de janvier à juin 2017, 838 arrestations (74 %) ont été arrêtées pour possession de drogues,278 arrestations (25 %) étaient pour le trafic de drogues, 12arrestations (1%) ont été signalés pour blanchiment d’argent et 5 arrestations ont été signalées pour avoir causé de l’obstruction à la police.

Pour la période de janvier à juin 2017, sur 1 116 arrestations de la police ADSU (c’est-à-dire à l’exclusion des arrestations pour blanchiment d’argent et obstruction à la police), les infractions liées à l’héroïne représentaient 38 %, suivies du cannabis, 30 %, des cannabinoïdes, 20 %, culture du cannabis, 5 %, sédatifs/tranquillisants,4 %, méthadone, 2 %, buprénorphine, moins d’un pour cent et enfin haschisch, cocaïne et méthamphétamine, moins de 1 %.

Le nombre d’arrestations effectuées par la police a augmenté de 19 % par l’ADSU pour le 1er semestre de 2017 par rapport au 2e semestre précédent de 2016. Au cours des deux mêmes périodes de semestre, les arrestations pour possession de drogues ont augmenté de 14 %, les arrestations pour trafic de drogues ont augmenté de 34 % et les arrestations pour obstruction à la police ont augmenté de 25 %.  Douze arrestations ont été signalées pour blanchiment d’argent au1er semestre 2017, contre 3 arrestations correspondantes au2e semestre 2016.

Parmi les autres activités de contrôle des drogues de l’ADSU de la police, 14 866 plants de cannabis ont été déracinés entre janvier et juin 2017. En 2015 et 2016, 72 300 et 72 100 plants de cannabis ont été déracinés respectivement.

Au cours du premier semestre 2017, la Douane de l’Administration fiscale de Maurice (MRA) a réalisé 42 saisies de drogue contre 32 au deuxième semestre 2016.

Les saisies de médicaments pour la période d’un an, juillet 2016 jusqu’en juin 2017, par la MRA, se sont élevé à 2,73 milliards de roupies, dont 2,66 milliards de roupies (97%) ont été saisis au premier semestre 2017.

La quantité de drogues saisies en 2015 et en 2016 s’est élevée respectivement à 178,5 millions de roupies et 170,4 millions de roupies, contre 2 656,6 millions de roupies (2,7 milliards de roupies) pour les six premiers mois de 2017.

Pour les six premiers mois de 2017, sur les 2 656,6 millions de roupies saisies par la MRA, 2 614,9 millions de roupies (98,4 %) étaient liés à des saisies d’héroïne.

10,7 kg et 9,9 kg d’héroïne ont été saisis par les douanes de la MRA en 2015 et en 2016 respectivement, contre 174,3 kg au premier semestre 2017, soit une augmentation en pourcentage de 1661% pour le 1er semestre 2017 par rapport à l’ensemble de l’année 2016.

En ce qui concerne le cannabis, 9,4 kg et 3,1 kg ont été saisis en 2015 et en 2016 respectivement contre 50,1 kg au premier semestre 2017, soit une augmentation en pourcentage de 1516% pour le1er semestre 2017 par rapport à l’ensemble de l’année 2016. Par ailleurs, 78 unités de graines de cannabis ont été saisies en 2015, 500 unités en 2016 et 111 unités au premier semestre 2017. 5,4 kg de haschisch ont été saisis en 2015, 0,1 kg en 2016 et 3,1 kg au cours des six premiers mois de 2017.

En 2015, 0,3 kg de nouvelles substances psychoactives ont été saisis contre 0,1 kg en 2016 et 2,1 kg au cours des six premiers mois de 2017, soit une augmentation en pourcentage de 2000% pour le 1er semestre 2017 par rapport à l’ensemble de l’année 2016.

1,3 kg de cocaïne a été saisi en 2016, alors qu’aucune saisie impliquant cette drogue n’a été signalée en 2015 et en 2017 (à la fin du mois de juin).

Rapport de l’Observatoire national des drogues, mars 2018[9]

Aucune saisie de substances psychotropes n’a été signalée par la MRA en 2015, contre 2 256 unités (comprimés) en 2016 et 1 529 unités au cours des six premiers mois de 2017.

Aucune saisie d’ecstasy n’a été signalée par la MRA en 2015 contre des saisies de 2 256 unités (comprimés) en 2016 et de 1 529 unités au cours des six premiers mois de 2017.

Le quotidien de la méthadone à Maurice

La mort au petit feu

La distribution de la méthadone à Maurice se résume à une mort certaine mais à petit feu pour ceux qui doivent prendre leur dose quotidiennement. Cette substance, dont la formule chimique est C21H27NO, a aussi 40 synonymes pour les laborantins. Elle est plutôt vendue sous le nom de Dolophine. Pour la santé générale, c’est le médicament miracle pour ceux qui veulent prendre un peu de distance, après avoir des années durant, des dépendance de la drogue dure dont l’héroine. Le temps de désintoxication a une durée minimale de 30 jours, ou elle peut s’étaler sur six mois dépendant du degré d’intoxication du patient. Pour en savoir plus sur le quotidien de ceux qui selon eux, veulent voir la vie du bon côté, nous nous somme permis une brève incursion dans ce quotidien, qui selon les principaux concernés, côtoient la mort au quotidien.

Témoignages

Cette rencontre matinale à côté du poste de police d’Abercrombie avec les dépendants de la méthadone, est une expérience que vit les protagonistes au quotidien. Pour ce point de distribution, ils sont 800 à être présent le matin. Déjà, aux premiers rayons du soleil levant, aux alentours de six heure, ils sont plusieurs à attendre l’arrivée des policiers qui pour certains, sont des messies de leur monde. Comme une seule famille, les dépendants sont à l’aise parmi les siens. Ils viennent de différentes localités de la capitale et de certains villages avoisinants, dont Cité la Cure, Batterie Cassée, Terre Rouge et Calebasses entres autres. A l’arrivée des fourgons de la police, ils font de sorte que le calme règne pour ne pas entraver la bonne marche de la distribution du produit magique. La relation est plutôt cordiale entre les membres des forces de l’ordre et les dépendants. Une entente cordiale est impérative au risque de voir le désordre et l’anarchie prennent le dessus.

Un à un, ils approchent les policiers. Ces derniers leur remettent leur dose individuelle et ils prennent leur distance. C’est à cet instant précis que le fameux « deal » entre en jeu. Certains n’avalent pas la totalité de leur dose. Ils font de sorte pour économiser une quantité non négligeable pour un proche ou encore la dose vient sur le marché. En effet, la dose réservée est vendue à un prix abordable à un autre dépendant ou à celui qui veut faire quelques sous pour arrondir ses dépenses. A 8.00, cet exercice est presque terminé. Ceux qui doivent regagner leur boulot, se la glissent tranquillement et les autres, sans domicile fixe et sans emploi, campent sur le lieu pour un brin de causette souvent interminable.

Nous avons recueilli le témoignage de certains d’entre eux et leurs propos sont très révélateurs de ce quotidien dont ils ne peuvent plus s’en passer. En attendant des jours meilleurs sous quel signe ? De la vie avec un regain de santé normal ou un voyage pour une entrée permanente dans l’au-delà ?

Steven, la trentaine forte : « Méthadone détrir dimounes »

Pour Steven, chaque matin, la moitié de la dose lui suffit pour se remettre sur les rails. Elle lui permet de travailler alors que l’autre moitié de la dose qu’il vend lui permet de récupérer Rs 200. pour ses dépenses quotidiennes. Steven prend la méthadone depuis 10 ans déjà. Certains de ses amis l’ont précédé. Sa raison d’être là ; « pou tire yen. Mo fine signe ène contrat à vie. Si envi, dans six mois capave arrêter. Ziska ène an, yen bizin fini aller. En avien là ziste pou mette nissa. Mais avec méthadone, relation sexuelle vine difficile. Pas capave faire zenfants kan prend méthadone. Li pourri les os sa zaffaire la. Zot fine trouve ziste sa meme pou donne nou. Méthadone affecter tout, péna la vie familiale, péna loisir. Ena zist travay ek lakaz ». Pour ce qui est des allégations de vols commis par certains dépendants de la méthadone, Steven s’est montré avare de mots et il s’est contenté de dire que « kan nou prend méthadone, nou pas alle coquin ».

Bhaiwa, la cinquantaine : « Pé touye nou avec sa »

Notre deuxième dépendant est sous le traitement de la méthadone depuis sept ans déjà. D’emblée, il a déclaré que « mo ti pé prend la poudre et komié temps mo ti pou continié koumsa. La vie gâtée net ». Ayant pris conscience de la face néfaste que prenait sa vie, il avait préféré le traitement proposé par le gouvernement. De ce fait, il prend la moitié de sa dose quotidienne et l’autre, il la vend à un ami pour Rs 100. Cependant, bien que « condamner pou prend méthadone pou pas prend la poudre », il est d’avis qu’il fait face à la mort au quotidien et au petit feu. Il est catégorique au plus profond de lui-même que « pé touye nou avec sa parski les os pourris avec sa méthadone là ». Qu’en-est-il des autres « side effects » de la méthadone ? Notre interlocuteur déclare que « dans koumansman méthadone faire nou gagne capaciter faire lamour ». Et après ?     

La méthadone, vendue sous la marque Dolophine entre autres, est un opioïde utilisé pour la thérapie d’entretien des opioïdes dans la dépendance aux opioïdes et pour la gestion de la douleur chronique. La désintoxication à la méthadone peut être réalisée en moins d’un mois, ou elle peut se faire graduellement sur une période pouvant aller jusqu’à six mois. La méthadone est un opioïde analgésique synthétisé en 1937 par les Allemands Max Bockmühl (en) et Gustav Ehrhart (en) de chez I.G. Farben qui cherchaient un analgésique qui serait d’un emploi plus aisé au cours d’une intervention chirurgicale et ainsi d’avoir moins de potentiel d’addiction. La molécule de méthadone a un atome de carbone chiral – le C6 qui porte 4 substituants différents-, elle se présente donc sous forme de deux énantiomères :

    (R)-méthadone

    (S)-méthadone

Qui sont différenciables par leur pouvoir rotatoire opposé. La forme utilisée en thérapie est le racémique, c’est-à-dire le mélange 50:50 des deux formes.

La méthadone est utilisée depuis 1960 comme substitut des opiacés chez les consommateurs d’héroïne sous l’impulsion de Vincent Dole. Son utilisation est légale en France depuis 1995. En général, le mélange des isomères D et L est utilisé, ceci bien que l’activité recherchée soit due presque entièrement à la forme L. En tant qu’analgésique narcotique, la méthadone est utilisée pour soulager des douleurs sévères.

Suivant les législations en vigueur par pays, la prescription médicale de méthadone peut être soumise aux lois sur la prescription de substances psychotropes.

Masse molaire : 309.445 g/mol

CAS ID : 76-99-3

Formule : C21H27NO

Excrétion : Urine, fèces

Biodisponibilité : 15-20% sous-cutané ; 100% intraveineuse ; 41 à 99 % (par la bouche)

Liaison protéique : 85 à 90 %

Methadone

Le transport et la garde des cargaisons de méthadone

Les saisies restent sous la protection de la MRA

La police a très peu de manœuvre pour ce qui sont du transport et de la garde des cargaisons de méthadone saisies à la douane. Cette information émane d’un élément de la brigade anti-drogue. Il devait ajouter que depuis peu, le gouvernement a fait l’acquisition de plusieurs types d’engins de pesage pour statuer le poids des cargaisons de méthadone saisies à l’aéroport.

Cependant, sous ce même chapitre, il devait déclarer l’Adsu n’a aucun œil sur toutes les saisies effectuées par le personnel de la Mauritius Revenue Authority dans un lieu tombant sous leur juridiction. Ce n’est qu’après avoir franchi ce seuil que la brigade entre en jeu. Il devait aussi ajouter que de nos jours, le personnel de la MRA évolue à un autre niveau alors que ce n’était pas le cas auparavant. Il s’appesantie sur le fait que dans le passé, l’effectif de ce secteur au sein de la MRA n’avait pas de formation adéquate bien que certains d’entre eux avaient des certificats à en revendre.

Or, devait conclure notre interlocuteur, les jeunes se donnent plus de temps à s’appliquer à leur profession. Ce qui est de bon augure pour cette branche de la MRA.