April 20, 2024
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COVID-19 : En plein dans le cyclone

Le Premier ministre l’a dit, vendredi au Sir Harilal Vaghjee Hall, lors de la commémoration de la journée internationale des personnes en situation de handicap : « Nous sommes en plein dans le cyclone ». Pravind Jugnauth faisait référence à la pandémie et ses effets néfastes sur la vie sociale, économique et culturelle de tous les citoyens du monde. Depuis deux ans maintenant, nous subissons, jour après jour, la révolte du virus mortel de par ses mutations et ses différents variants dont le dernier né, Omicron, a été détecté le 24 novembre par des scientifiques d’Afrique du Sud. Ces derniers ont informé l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et comme cette agence des Nations unies a pour mission le bien-être et la santé de tous les humains, elle a alerté le monde entier du grand danger de ce nouveau variant à la transmissibilité rapide et à la haute virulence.

Comme si des cyclones s’enchaînent les uns après les autres, le Delta n’avait pas encore fini d’affoler la planète que l’Omicron est venu jeter l’émoi et la consternation eu égard à ses graves risques de contamination. De nombreux États ayant déjà découvert sur leur sol la présence de ce nouveau variant de la Covid-19 s’inquiètent. Au 3 décembre, une quarantaine de nations étaient concernées. Du Canada à l’Australie, en passant par les pays du sud de l’Afrique, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Italie et les Pays-Bas, entre autres, des cas d’infection ont été repérés. Plus contagieux, Omicron résiste mieux aux vaccins, donc de quoi rendre anxieux. Le Japon et Israël, par exemple, ont déjà fermé leurs frontières pour éviter que leur territoire ne soit atteint. Selon des spécialistes en virologie, « au niveau planétaire, on ne connaît pas tout ce qui est en train de se transmettre et de se propager. Il y a des surprises qui nous attendent. Il y aura certainement d’autres variants qui nous donneront des maux de tête. On n’est vraiment pas sortis du bois. »

Que faire face à un tel sombre tableau ? Ne négliger aucun geste barrière est une nécessité pour se protéger et protéger son entourage immédiat. Faire la troisième dose de vaccin ne l’est pas moins. Les autorités compétentes ont raison d’accélérer l’exercice d’administration de la dose de rappel pour une meilleure protection et pour booster le système immunitaire de la population. Valeur du jour, il n’y a pas d’arme plus efficace que la vaccination. Parallèlement, le port du masque, la distanciation sociale, la restriction des contacts et le dépistage devraient aider à limiter, si ce n’est à freiner et casser, la chaîne de transmission. De nombreuses voix se sont exprimées quant à un reconfinement alors que nos frontières ont été rouvertes le 1er octobre pour permettre à l’industrie touristique et à l’économie en général de souffler après deux confinements. Le ‘lockdown’ a-t-il sa raison d’être en cette période si particulière compte tenu des activités et des fêtes de fin d’année avec deux mois de salaires tant attendu par tous les employés des secteurs public et privé ?

Le Dr Shameem Jaumdally, virologue, avait récemment expliqué que « nous devons apprendre à vivre dans la nouvelle normalité jusqu’à ce qu’une solution technique soit trouvée. Réintroduire un confinement comme tel était le cas en 2020 est une stratégie arriérée. Valeur du jour, nous ne pouvons plus parler de confinement. Le nombre de cas actifs au sein de la communauté se comptabilise par milliers. Le virus ne pourra disparaître s’il y a un confinement. Il faut introduire de nouvelles restrictions.» Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à son retour au pays après sa participation à la COP26 à Glasgow, avait déclaré, avec raison, qu’il n’y aura pas de ‘lockdown’ pour le moment. Dans l’opposition, parlementaire et extra-parlementaire, il y avait comme une unanimité pour confiner la population une troisième fois en deux ans pour que le coronavirus ne se propage davantage. Le confinement n’est pas une décision à prendre brusquement et sans aucune planification alors que des dizaines de milliers de voyageurs, touristes ou Mauriciens établis à l’étranger et venus rendre visite à leurs proches, ont débarqué à Plaisance depuis le 1er octobre.

Au-delà de la déclaration juste et honnête du Dr Jaumdally, refermer nos frontières et confiner les citoyens, croyant que le virus disparaîtra s’il y a un confinement, comme il l’a affirmé, ne serviront pas à nos intérêts sur le plan socio-économique, mais aussi sanitaire car la maladie a déjà infecté des milliers de nos compatriotes. Le ‘lockdown’ ne sera pas d’une grande aide dans le vrai combat, contrairement à de nouvelles restrictions plus utiles et plus efficaces. Les rumeurs courent les rues que le gouvernement instaurera le reconfinement vers le 20 décembre. Les partisans d’une telle mesure trouvent dans la requête du ministre des Finances aux employeurs du secteur privé de payer le boni de fin d’année le plus tôt possible le signe d’un éventuel ‘lockdown’. S’il servira à casser la chaîne de transmission, il sera justifié. Sinon, ce sera peine perdue et nous nous enfoncerons dans les mauvaises expériences de ces deux dernières années avec tous ceux venus à Maurice et qui doivent regagner leur pays d’origine ou d’adoption. Si le confinement ne peut pas être son utilité première, il ressemblera au chaos dans un contexte particulièrement difficile.

Nous sommes une île tropicale. Nous sommes des habitués des temps cycloniques. Nous avons connu des cyclones dévastateurs, mais jamais aussi meurtriers que le coronavirus et ses nombreuses mutations. Tout le monde est sur le qui-vive. Chacun a le devoir d’assurer sa protection et celle de sa famille avec la même prudence, la même vigilance, que requiert la Classe 4 quand les rafales sont les plus violentes et menaçantes. En pareille circonstance, on ne sort pas, on ne s’expose pas et on s’assure que ses proches sont à l’abri et en toute sécurité jusqu’à ce que les alertes soient levées. Des fois, les nuits sont blanches, interminables et infernales, la peur et l’angoisse au maximal qu’on ne sait pas le spectacle désolant qui nous attend quand il fera jour. Comme le Premier ministre a dit que nous sommes en plein dans le cyclone, n’avons-nous pas le devoir de nous montrer prudents et responsables, vigilants et sérieux, sachant que ce cataclysme est impitoyable et mortel ?