April 25, 2024
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Opinion

Édito : Anne, ma soeur Anne…

Anne Robert a intégré le  parti  En Avant Moris. Elle a été une brillante journaliste, qui savait disséquer  le secteur économique avec  un regard critique, et non pas en répétant ad nauseam les clichés inhérents aux articles publiés, et qui ne font que tresser des louanges au secteur privé. Sans oser dire son fait ā ses pontes.

Anne Robert n’hésita pas ā critiquer le secteur privé quand José Bové était en visite ā Maurice. Le syndicaliste et altermondialiste moustachu faisait alors la tournée des pays pour expliquer sa vision d’un monde nouveau, qui mangerait bio et rejetterait les fast-food qui font tant de mal aux humains. Aucun représentant du secteur privé ne se déplaça au centre social Marie Reine de la Paix pour venir écouter Bové.

S’il est vrai qu’ils sont plus habitués aux « lounges » des grandes salles de conférences, il n’en reste pas moins que venir au centre social donnait aussi l’occasion de venir dire bonjour au responsable des lieux, en l’occurrence le flamboyant Henri Souchon, lui aussi défenseur des causes perdues.

Anne prit sa plus belle plume pour dire son fait au secteur privé, coupable d’avoir ignoré une personne qui voulait juste placer l’homme au cœur de tout projet de développement. Aujourd’hui, le secteur privé sait que le bio est de mise, et que toutes les idées défendues par José Bové, dont la préservation de l’environnement, sont valables. Malheureusement, ses responsables ratèrent une occasion historique de serrer la main ā celui qui avait le tort d’avoir raison avant ceux qui ne connaissent que le poids des chiffres !

Pourquoi je vous parle d’Anne Robert ? Je me posais la question pourquoi les partis « mainstream », connus comme les « grands » partis, n’attirent pas ce genre de personne ? Parce qu’Anne ne serait certainement pas du genre ā dire oui au leader, et ā accepter toutes les contorsions du parti ? D’ailleurs, pour ne prendre qu’un exemple, oū sont toutes ces femmes qui avaient dernièrement quitté le MMM avec fracas, pour rallier le camp du parti au pouvoir ? Soit, elles attendent tranquillement leur « bout », ou elles ont tout bonnement disparu de la circulation ! Car, la dernière fois oū ces personnes sollicitaient la presse, c’était pour médire de Bérenger et de leur ancien parti. On se serait attendu ā ce qu’elles interviennent souvent dans les débats, mais même les radios ne les invitent pas. Sŭrement parce qu’il est connu que ces femmes ne pourraient pas aligner deux phrases pour expliquer leur retournement de veste !

Anne Robert a, elle, fait une vidéo oū elle explique, en des mots simples, pourquoi le Financial Crimes Commission Bill est dangereux. Bien entendu, toutes celles qui ont rallié le camp du gouvernement ne diront rien contre ce projet de loi. Mais elles n’ont aucune opinion sur la violence domestique, les accidents de la route, le pouvoir d’achat ? Soit des sujets qui impactent directement sur les familles. Comme le décès brutal du couple Bonnelame, la maman laissant trois orphelins derrière elle ?

Non, ces femmes n’auront rien ā dire, parce que la politique mauricienne a tellement modelé leur pensée qu’elles ont fini par intériorisé le fait qu’ȇtre en politique, c’est juste critiquer un leader et un parti, ou tresser des louanges ā un autre, et trouver que tout ce que fait son parti est bien.

Patrick Belcourt a la chance d’avoir Anne Robert au sein de son parti. Car, elle fait indéniablement parti de ces femmes qui savent réfléchir. Et qui ont une idée certaine de ce que doit être leur société et leur pays. Il nous faut plus d’éléments de ce genre au sein de tous les partis. Afin que ces derniers ne deviennent pas des sectes, dont le seul programme est de glorifier un leader !

Merci Anne, pour ta présence rassurante au sein de ce monde cruel qu’est la politique mauricienne. Comme tu l’as fait pour José Bové, je te sais capable de donner de la voix pour faire comprendre aux machos de notre landerneau politique qu’il est temps qu’ils comprennent que la femme n’est pas qu’un « bibelot ». Mais une personne qui sait réfléchir. Et qui a autant, ou plus !,ā donner pour faire avancer son pays !

Sedley Assonne

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