March 28, 2024
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Opinion

Coup de cravache JM Giraud: clown ou gorille ?

Le Champ de Mars a la particularité de projeter deux facettes, l’une aussi drôle que l’autre, mais qui décrivent ce qu’il est advenu d’un lieu fréquenté par des gentlemen et aujourd’hui où se côtoient voyous, faux matamors et prétentieux malhabiles. Certes, la vieille cuvette rassemble bien des gorilles qui veulent tous devenir kingkong; quand elle n’est pas réduit à un cirque où certains se ridiculisent en clowns. Le dilemne avec JMG est dans quel milieu devrait-on le situer. Et, à voir de plus près, on doit se résoudre à le considérer sous le double chapeau de clown-gorille. 
Comme un bloc de glaçon qui fond comme neige au soleil, JMG a vu sa carrière et sa vie se décliner le plus naturellement du monde, à l’image de tout autre être humain. Quelle mouche l’a piqué pour lui faire croire qu’il avait toujours l’énergie de sa cinquantaine pour faire un retour en force, qui s’est révélé un piètre come-back au forceps. Serait-ce sa nature des honneurs et la psychologie du complèxe de supériorité, qui l’a amené à revenir dans l’arène? Malgré tout, nous n’irons pas vite en besogne. Même si le sort du nouveau président ne s’annonce point réconfortant. 
Malheureusement pour lui, il a été mal inspiré de céder aux sirènes et se poser en grand sauveur. Car, les temps ont changé alors que l’affable Monsieur croit vivre à une autre époque. Le problème avec JMG est que son état d’esprit mal toléré, donne lieu aujourd’hui à des réactions très dangereuses de résistance aux nouvelles normes du pays. Culte de la force, orgueil, esprit faux, voilà certains traits, plus ou moins anormaux, du caractère de notre personnage.  Il faut savoir que – sauf rééducation bien difficile à obtenir – l’échec ne peut être considéré, dans l’esprit de JMG, que comme une façon de ” reculer pour mieux sauter “. 
Le comportement du nouveau président Jean Michel Giraud ne surprend guère. Depuis la nuit du temps, la tendance au complexe de supériorité est, à vrai dire, très répandue, naturelle et, en un sens, normale au Champ de Mars. La fierté morbide de s’ériger au-dessus des autres, fait, sans aucun doute, partie de la santé normale de ces hommes-là. C’est ce que la Fontaine exprimait joliment dans la fable intitulée La Besace : nous rejetons, nous refoulons dans la ” poche de derrière ” nos défauts et nos échecs, pour qu’ils soient à nos yeux comme s’ils n’étaient pas.

Un des traits bien connus de l’identité aristocratique aux courses est la conviction intime des personnages de haute société [vivant en marge de la population] de leur excellence sur les autres. Le champ de Mars  est un paradis pour eux, à l’exclusion de tous les autres. La boisson  coule à flot, les priorités et les privilèges qui leur sont accordés sont abondants, la course à l’honneur et aux honneurs est légion; la mainmise sur le système ne se relâche pas. Mais nulle part il n’est question de l’avenir des courses ! C’est cela le grand drame. Personne parmi cette classe à part ne s’intéresse  à délocaliser l’hippodrome, pourtant seul gage de survie de l’hippisme. Ils se plaisent dans ce décors coincé et à l’usure. 
Ce dont les courses ont besoin, ce sont des idées nouvelles, des projets nouveaux. Tout se joue aujourd’hui, demain devant se construire maintenant. Le MTC n’avait pas besoin d’aller chercher un chicot, si ce n’est qu’il croirait pouvoir repousser l’échéance, retarder la chute du Club. Cette opération cosmétique au travers du come-back de Giraud a ainsi échoué  lamentablement, puisque les Mauriciens ont compris ce qu’il fallait comprendre: les courses ne deviendront propres et limpides que si elles étaient débarrassées de ceux qui font leurs malheurs. 
Il n’y a qu’une issue: que JMG fasse son introspection et se retire. Par la grande porte et ce sera tout à son mérite. Sinon son nom sera envoyé à la postérité comme un pourfendeur odieux. Les turfistes ne lui pardonneront jamais.