March 28, 2024
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Opinion

Soodhun ou la réussite du «marketing politique national »

S/Soodhun et le Prince Faisal

Jamais un ambassadeur mauricien n›a été aussi actif et efficace que Shawkutally Soodhun. Il a de l›énergie et l›esprit d›initiative à en revendre. En plus, le sens de patriotisme coule dans ses veines. Tout se sait et écrit à propos des relations privilégiées que l›ancien no.3 du gouvernement a tissées avec les saoudiens dont son Chef d›État le Prince Salman; et surtout le nombre de dons et de soutiens financiers consentis à l›égard de Maurice.

S. Soodhun ne s’est pas contenté de s’asseoir sur ces acquis, pourtant déjà notables. Sachant que c’est plus difficile de confirmer que de s’affirmer, il a remis l’ouvrage sur le métier. Après avoir réussi à établir des relations diplomatiques avec les Émirats Arabes Unis, voilà qu’il ajoute un autre fleuron à son palmarès, en nouant des liens <> avec Bahrëin. Soodhun ne calcule pas, à tel point qu’il prend à sa charge de nombreuses dépenses.

Avec le niveau où S. Soodhun a placé Maurice sur la carte du monde arabe, précisément les richissimes royaumes, il n’y a personne, même pas l’opposition [ exception faite des démagogues], qui puisse ignorer, ne pas reconnaitre les accomplissements de notre remarquable ambassadeur.

Dans la lignée de ce haut fait d’armes marquant l’histoire de la diplomatie mauricienne, nous estimons qu’il est intéressant d’élaborer sur les contours de nos relations avec le monde extérieur. Soodhun a placé la barre haute, à charge au minstère des Affaires Étrangères de redéfinir les rôles de nos ambassadeurs et Haut-Commissaires, de leur mission qui doit sortir des sentiers battus, pour être plus pragmatiques et efficaces.

Alors que l’air du temps développe le thème du déclin, voire de l’inutilité des diplomates, et véhicule de nombreux clichés, Showkutally Soodhun montre à quel point la réalité peut tout autre. À un moment où les situations de crise se multiplient et où le monde devient de plus en plus complexe, le rôle des ambassadeurs, et au-delà celui des diplomates, doit s’affirmer.

S. Soodhun marque bien l’évolution du métier vers plus de pragmatisme, plus de résultats concrets. Il démontre que c’est la personnalité de l’ambassadeur, son charisme, son sens de l’autorité et son soupçon de réussite qui permettent un fonctionnement harmonieux et efficace du poste diplomatique. À cet égard, les progrès qui ont été faits par la chancellerie mauricienne à Riyadh, sous la férule de Soodhun, dans un contexte qui exige cohérence, vista personnelle et maîtrise de l’univers culturel, méritent d’être loués.

C’est là une des raisons pour lesquelles l’ambassadeur voit son rôle consolidé. Dans le cadre des relations avec des pays puissants et riches, le poids de l’ambassadeur est déterminant, essentiellement dans sa capacité à trouver des interlocuteurs utiles, qu’ils soient des dirigeants politiques et hommes d’affaires du pays concerné; et celle d’agir avec promptitude. Dans les situations de crise, il joue un rôle essentiel de pourvoyeur d’informations sûres et a une responsabilité majeure de protection des intérêts mauriciens et de sécurisation des Mauriciens qui se trouvent sur place.

Pendant longtemps, les ambassadeurs ont œuvré dans des pays qui, à quelques exceptions près, fonctionnaient sur des règles du jeu communes et relativement simples. La débauche d’énergie de Soodhun et débouchant sur des bénéfices conséquentes provoquent une mutation du métier d’ambassadeur. L’identification des personnalités et des réseaux d’influence, une bonne connaissance des règles du jeu des sociétés difficiles à décrypter et variant d’un pays à l’autre supposent des qualités d’ouverture et de curiosité de plus de plus en plus exigeantes.

En un temps où la « communication » et les opinions publiques jouent un rôle essentiel, même dans les pays à régime difficile, l’ambassadeur doit promouvoir ce que Marie-Christine Kessler, politologue française appelle le «marketing politique national ». Cette tâche requiert des talents de communicant. Sur le fond, il doit développer les bons arguments, ceux qui sont adaptés au pays dans lequel il se trouve. À ce registre, Maurice et le gouvernement de Pravind Jugnauth doivent beaucoup à Shawkutally Soodhun.

Ces percées de Soodhun permettent à Maurice d’acquérir une visibilité et une importance sur des dossiers utiles aux yeux de ces pays arabes, pourtant peu proportionnelles à l›importance de notre pays. Un style de diplomatie mêlant improvisations et coups d’éclat, mais avec un souci de cohérence.

Le métier d’ambassadeur tel que Soodhun s’y consacre, met en exergue l’utilité et la valeur ajoutée, dans le contexte des turbulences actuelles. C’est tout à son mérite.