April 20, 2024
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La drogue synthétique

Notre mission de faire de Maurice un pays « hard drug free » prend son envol. Cette semaine, nous avons eu un témoignage poignant d’un jeune de 22 ans. Ce dernier a connu ce monde de la drogue très tôt, soit à l’âge de 11 ans. Cependant, il a pu se rendre à l’évidence qu’il n’irait pas loin et qu’il était temps qu’il se ressaisisse. Ce dont il a fait. Pensionnaire du centre d’accueil de Terre-Rouge, il a pu se refaire une personnalité et une santé et quand nous l’avons rencontré, c’était une personne avec du regret sur le cœur mais tout heureux d’avoir pu vaincre ce mal qu’aurait pu lui «donner l’image d’un zombie » (selon se propre expression).. En voici l’essentiel du récit de Cédric.

Parlons de vous ? D’où venez-vous et comment vous vous êtes retrouvé au centre d’accueil de Terre Rouge ?
Je suis Cédric, issu d’une famille de 6 personnes dont je suis le benjamin. Je viens de la région des hautes Plaines Wilhems J’ai étudié jusqu’à la forme IV. En quittant l’école, j’ai fait des petits boulots sans pour autant avoir un travail fixe.

Comment vous êtes vous retrouvé dans la spirale de la drogue ?
J’avais 11 ans quand j’ai commencé à prendre de la drogue. J’ai tout essay, du gandia à l’héroine en passant par le sirop, les comprimés psychotropes et enfin les drogues synthétiques.

La drogue synthétique, c’est quoi exactement. On en a entendu beaucoup de versions.
Celle que je prenais, il y avait de l’éthanol, du poison administré aux rats que l’on ajoutait au thé vert. ‘’ ‘Pou faire li vine boukou et gagne boukou doses’.

A combien s’élevait ta consommation personelle au quotidien ?
Je prenais 10 grammes à monter. ‘Tant ki pas senti narien et pas tomber, pas arrête fumer. Après kan fini tomber et le corps reprend, continier’.

Et après, que se passe-t-il ?
‘Gagne tous mauvais symptômes. Gagne symptômes la mort. Gagne hallucinations. Vine kouma dire zombie ou momie’.

Combien coûte la dose ?
La dose se vend à Rs 100 l’unité. Certains prennent 4 à 5 doses pour une cigarette.

Comment avez-vous vécu ces 11 ans sous l’emprise de la drogue ?
C’était bien mais je naviguais dans la négativité. 11 ans de stress. Sans boulot, j’étais prêt à voler. J’étais connu de la police.

Quand avez-vous eu le déclic et de dire STOP ?
Dès l’entame de 2019, je me posais la question à moi-même, de ce que je faisais à moi, à ma famille. En janvier, j’ai commencé à faire le va-et-vient de chez moi au centre. J’ai été à l’écoute de beaucoup de gens dont ma famille qui ne pouvait voir ma destruction et ainsi que celle de la famille. Ma première session s’échelonnait sur trois semaines et j’ai recommencé.

Qu’en-est-il des autres qui sont autour de toi ?
Je peux vous dire que les gens viennent des différentes couches sociales. ‘Pas ziste ti-dimoune ki dans la drogue’.

Après 11 ans, vous avez pu faire marche arrière. Fort de cette expérience, quel conseil pouvez-vous donner aux jeunes de votre âge ? ‘Arrêter asterla même. Pas essaye koner pli divan ki éna. Sinon, pou mari chagrin plis tard. Zordi, synthétique dans lékol’. Il faut conscientiser les jeunes dès leur plus jeune âge. Il ne faut pas attendre pour tirer la sonnette d’alarme. Les parents doivent être plus proches de leurs enfants. Ils sont les premiers guides. De nos jours, la relation parent-enfant efface à clin d’œil. La drogue est un faux plaisir. Au fait, nous sommes à la recherche de la joie. Mais, celle-ci ne se trouve pas dans la drogue mais dans une bonne entente familiale, auprès de nos proches, des personnes qu’on aime et qui nous aiment.