March 29, 2024
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Politique

Oppositions : décomposition et recomposition

Analyse

La dérive des opposants continue. Plus que jamais, le extraparlementaire semble préférer le tandem Ramgoolam-Berenger en tant que cible principale plutôt que Pravind Jugnauth. C’est ce dont témoigne l’alliance scellée entre le Rassemblement Mauricien (RM), par Nando Bodha et linon Pep Morisien (LPM), par Rama Valayden. Il ne fait aucun doute que cette constitution d’un nouveau bloc de l’opposition extra-parlementaire ne fera qu’affaiblir davantage le tandem Ramgoolam-Bérenger, lequel a exclu toute idée d’élargir une éventuelle alliance avec Nando Bodha et Roshi Bhadain. Voilà qui nous promet une belle empoignade en attendant de voir comment Xavier Duval a digéré le fait que Paul Bérenger souhaite le voir s’exiler à réduit afin de mieux décapiter son parti et de mettre la main sur ses partisans. En ce qui concerne le calcul machiavélique, il n’y a rien de mieux. Mais c’est aussi une indication de la façon dont l’opposition est réduite à des tergiversations nauséabondes, car elle est incapable d’offrir une alternative crédible à l’alliance menée par Pravind Jugnauth.

Oppositions toutes tendances

Le fait est que ces oppositions toutes tendances confondues ne voient aucune faille à exploiter dans la politique du gouvernement, elle aurait souhaité voir en face d’elles un pouvoir totalitaire et un régime capitaliste insensible aux conséquences économiques de la pandémie et du conflit ukrainien. Depuis l’apparition de la Covid-19 en mars 2020, le Premier ministre, Pravind Jugnauth a gagné en stature et a affronté les adversités multiples sans jamais dévier de sa politique sociale et économique définie au lendemain de sa victoire aux élections législatives de 2019. Rien dans sa personnalité ni dans sa vision d’un Maurice meilleur et inclusif ne ressemble à Navin Ramgoolam. Il aurait pu se dérober au 1er mai, fête du Travail, en invoquant le fallacieux prétexte selon lequel cet évènement est exclusivement réservé aux salariés et à leurs organisations. Pravind Jugnauth a pris le pari d’organiser un meeting à Vacoas alors que l’opposition parlementaire se perdait dans des conjectures plus improbables que les autres. Il fallait avoir une oreille qui trainait pour entendre les Mauriciens rigoler de leurs mensonges, sachant que le MMM et le PTR sont les partis qui depuis des décennies se faisaient un devoir d’organiser, chacun de leur côté, des meetings pour célébrer la Fête du Travail. Il s’agit d’une grosse erreur que ces deux partis ont commise, exposant leur incapacité à mobiliser leurs partisans autour de thèmes crédibles et unificateurs. Ceci est dû au fait que ces derniers nagent dans le doute et dans la confusion.

Opposition féroce des militants

Dans ces mêmes colonnes, nous avons souligné l’opposition farouche des militants du MMM à toute éventuelle nouvelle alliance avec un PTR dirigé par le Dr Ramgoolam. Car le traumatisme vécut en 2014, lorsque Paul Bérenger avait rompu une alliance solide et honnête avec le MSM de feu Sir Anerood Jugnauth, est encore dans les esprits. On se souvient encore dans le camp des mauves du prétexte mis de l’avant par Paul Bérenger pour rompre cette alliance et en nouer nouvelle une autre avec le Dr Ramgoolam dont la crédibilité commençait déjà à pâlir dangereusement. Partout a travers l’ile Maurice, mis devant cette réalité, Paul Bérenger, fidèle à ses habitudes, ne voulut rien entendre et aux législatives de novembre 2014, le verdict des urnes lui claqua au visage de manière magistrale. Depuis cette date historique, ce qui reste de militants au MMM est toujours allergique au Dr Ramgoolam dont la descente aux enfers s’est confirmée en 2019 lorsqu’il entraina le PTR dans sa chute. Une vérité saute aux yeux : en voulant désespérément s’accrocher au leadership du PTR, l’ex-Premier ministre précipite un peu plus son parti dans les oubliettes de l’histoire car plus grand monde chez les rouges n’est convaincu qu’il soit capable de requinquer le PTR. Mais, ce qui vient davantage corser l’addition est cette extrême méfiance des rouges et mauves à l’égard d’une alliance entre leurs deux partis. Personne ne croit dans la victoire de cette alliance contre Pravind Jugnauth. Il faut aussi que le bilan du gouvernement soit équilibré sur le plan de la protection des emplois et de la stimulation de l’économie.

Situation économique mondiale

Très avertis sur la situation économique mondiale, les Mauriciens sont conscients que depuis 2020 le gouvernement aura mobilisé tous les efforts pour maintenir les entreprises, leurs salariés de même que les emplois informels. Et à ce jour, ces efforts ont payé car l’ile Maurice est sur la voie de la reprise, avec en miroir le secteur du tourisme dont l’embellie ne cesse de gagner du terrain. Mais, Pravind Jugnauth n’est pas du genre jubilatoire, conscient qu’il est de la nécessité de voir se confirmer cette reprise sur le temps. Le conflit militaire en Ukraine continue ainsi à impacter l’économie européenne avec une conséquence directe sur le pouvoir d’achat des Européens. Comment dans un tel contexte encore marqué par des imprévisions avancer avec assurance, compte tenu de notre extrême dépendance de l’économie mondiale ? La situation géoéconomique mondiale est devenue complexe, nous imposant de faire des choix judicieux. Aussi n’y a-t-il pas de remède miracle pour sortir définitivement du tunnel. Seule une gestion saine de l’économie axée sur des soutiens aux couches rendues vulnérables par la fermeture de notre économie durant ces deux dernières années et en consolidant les rapports publics privés permet d’envisager l’avenir avec une sérénité mesurée.

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