April 20, 2024
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Politique

34 femmes pour le MMM, l’Alliance Morisien et l’Alliance Nationale

FÉMININEMENT VOTRE

20,4 % de représentation féminine, soit en-dessous des promesses

Tous les bords politiques semblent en théorie concorder sur un point: une meilleure représentativité féminine au Parlement. Cependant, on dénote une contradiction flagrante entre les discours et la pratique. Après avoir parcouru la liste des états-majors de l’opposition, on note une régression du nombre de femmes. Sur les soixante candidats du MMM pour les prochaines élections, on décèle une faible proportion de femmes soit 10 femmes au total. Alors que son leader avait fait de la représentation féminine son cheval de bataille.

P. Bérenger avait parlé de la nécessité de proposer une femme dans chacune des circonscriptions bien avant les élections, Mais en parcourant la liste des candidats mauves, on note l’absence flagrante des femmes dans plusieurs circonscriptions, notamment dans les numéros 2, 3, 4, 5, 6 et 7. Au total, seulement 34 femmes sont engagées au sein du MMM (10), de l’Alliance Morisien (12) et de l’Alliance Nationale (12). Soit un pourcentage de 20,4, ce qui est nettement en-dessous de ce que les grands partis promettaient.

Hormis Arianne Navarre-Marie, militante de longue date mais qui avait été une candidate battue aux élections de 2014, on note que la plupart des femmes qui se présentent sous la bannière mauve sont de nouvelles venues dans l’arène politique. Joana Bérenger, qui se présente au numéro 16, est plus connue par le patronyme qu’elle porte. Nous notons aussi la présence de Sheila Bunwaree, ancienne chargée de cours à l’université de Maurice qui s’est jointe au MMM il n’y a pas longtemps. Alors que Jasmin Toulouse qui brigue les suffrages au numéro 14, est plus connue pour ses prestations dans le domaine de la musique que dans l’univers de la politique.

Du côté de l’Alliance Nationale, on remarque l’absence de femmes dans les circonscriptions 1, 2 et 3. On retient toutefois la candidature de Mireille Martin, celle qui est connue du public après son passage comme ministre de l’Egalité des Genres et dont la performance a souvent été l’objet de controverse. Elle avait d’ailleurs mordu la poussière aux dernières élections. On constate toutefois que d’anciennes battantes du PTR, à l’instar de Kalyanee Jhugoo et Sheila Bappoo sont mises sur la touche. À la place, on doit faire mention d’inconnues, notamment Priya Kanhye, Rubna Daureeawoo et Priya Soobara. R. Daureeawoo est la fille de Rashad, Haut-Commissaire de Maurice au Pakistan de 2011 à 2014 et la cousine de Rasheed Daureewoo, dont l’épouse postule une nouvelle fois pour un siège au no.19.  

Au total on ne dénombre que 12 femmes sur la liste des candidats de l’Alliance Nationale. Malini Sewocksing, l’ancienne représentante de la circonscription numéro 17, ne figure quant à elle pas sur la liste des candidats. Autre fait notable à signaler, l’absence de Anshita Babooram sur la liste des rouges, celle qui, il n’y a pas longtemps encore, menait campagne pour les rouges à travers son journal en ligne < Rising News>.

Du côté de l’Alliance Morisien, on doit signaler plusieurs figures de proue au niveau féminine. D’abord Tania Diolle, cette ancienne chargée de cours en communication à l’université de Maurice, se présente aux côtés de Kavi Ramano au numéro 18. Quant à Leela Dookun, celle qui a été à la base de la refonte de l’éducation, elle se représente à nouveau au numéro 8 avec comme principal colistier, son leader Pravind Jugnauth. Fazila Jeewa-Daureeawoo, la vice-première ministre sortante, reste avec le leader du ML au numéro 19. On enregistre aussi la candidature de Subhashnee Roy, celle qui a travaillé pendant de longues années dans une radio privée et qui est aussi connue du public. Francoise Labelle, quant à elle, n’est pas née de la dernière pluie et a pendant longtemps milité au sein du MMM.

Les Mauriciennes ont plusieurs attentes de la part de nos futures élues. Pour bon nombre d’entre elles, la représentativité féminine au parlement ne devrait pas nécessairement rimer avec l’aspect quantitatif. Il y a aussi l’aspect qualitatif qui devrait primer. Ainsi les femmes ne devraient pas être là que pour orner la galerie ou pour se taire et laisser parler les hommes. Les états-majors des grandes alliances devraient davantage porter leurs choix sur des femmes de conviction. Celles qui peuvent faire entendre la voix des femmes.

Car, au quotidien, une recrudescence de la violence à l’égard des femmes devient alarmante. Il n’y a pas un jour qui passe sans qu’on entende comment les femmes sont victimes de barbarie et de violence physique. D’autres encore subissent des représailles sur leurs lieux de travail. Il y a aussi ces filles-mères qui vivent dans la précarité ou encore ces jeunes filles contraintes de délaisser leur scolarité pour cause de grossesses prématurées.

Un travail colossal attend donc les femmes qui seront élues, que ce soit au niveau de l’opposition ou celui du gouvernement. Les futures députées, PPS et ministres devraient veiller à ce que les discours ne demeurent pas des mots creux, mais soient au contraire traduits dans le concret. Il faut aussi que ces représentantes du peuple veillent à ce qu’il y ait des lois plus sévères pour consolider la protection les femmes.

Le chemin est encore long pour qu’en politique, les femmes soient reconnues au même niveau que les hommes. L’aspiration des Mauriciennes et Mauriciens à l›égalité entre les femmes et les hommes en politique est impérieuse. Mais, cette égalité ne progresse pas. Néanmoins, aucune conquête n’est irrésistible. En tant que prochaine ministre chargée des Droits des femmes, celle qui endossera le manteau devra avoir la détermination de la protéger et de la faire progresser. Pour qu’un jour, le fait que les femmes puissent agir sur le réel, sans avoir à être à l’ombre des hommes, et faire progresser leur accès aux responsabilités politiques soit enfin une évidence, il n’y a qu’un remède: garantir la parité par la loi.

Les douze candidates de l’Alliance morisien :