April 20, 2024
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Opinion

93 : le chiffre qui fait pâlir.

93, c’est le chiffre officiel avancé par les autorités cette semaine, du nombre d’hectares de terres rasés pour faire place à des projets d’infrastructures, depuis 2008 à 2017.

Alors que des pays, à l’instar du Pakistan et de la Chine, sont actuellement embarqués dans une opération immense de reforestation, chez nous on abat à tout va. Pourquoi ces pays prennent la reforestation à cœur ? Ils ont compris que le reboisement est une action bénéfique pour leur territoire, qui est à la fois économique, écologique, et social, parce que les puits de carbone forestier participent au développement de leurs pays.  A Maurice par contre, on sent bien que les autorités ne sont pas d’humeur à faire du « Tree Hugging », et cela parce que le cataclysme climatique pour eux, est sans doute du pipeau.

134 arbres à Vandermeersch, 16 arbres centenaires à Quatre Bornes, 9 à Beau Vallon, sans compter 17 de plus qu’on a déraciné pour les replanter ailleurs. A la rue Sivananda à Curepipe, 90 superbes platanes qui surplombaient cette avenue, lui donnant un air automnal sous les tropiques, ont été abattus.  Cela fait franchement mal au cœur.

Couper un arbre revient à détruire une usine d’épuration naturelle. Les arbres attirent la pluie. Leur feuillage et leur système racinaire filtrent l’eau.  Mais on s’en tape.  « Progresser  pour mieux régresser », c’est le « new normal. »

Mais pour ceux qui l’ont compris, l’environnement est un enjeu de taille que nos gouvernants ne devraient pas sous-estimer.  Au lieu de délivrer des permis EIA comme des biscuits secs, et qui font croire à son délivreur qu’il peut s’arroger le droit de se goinfrer d’ortolans, un ministre de l’environnement qui se respecte aurait fait montre d’une conduite exemplaire, digne d’un Nicolas Hulot et qui s’apparente à savoir contester l’irresponsabilité au point de claquer la porte quand celle-ci prend le pas sur la raison.

 Mais non, ici,  c’est le culot qui tient la route. Le culot de se trouver des excuses et une moralité là où il n’y a que marécage et enfouissement.  La psychose du personnage a des relents de Mare Chicose.

On a vu les dégâts causés par les pluies diluviennes en début d’année. A Fond du Sac, à Mon Gout, à Canal Dayot et à Baie du Tombeau. Les meubles, les murs et les sols de ces maisons inondées s’en souviennent encore et affichent un délabrement accablant.

Mais avec  l’amnésie qui semble gangréner la classe politique, on a déjà  oublié les intempéries de 2013, tout comme on a oublié la grêle à Sébastopol et les effets des  Tsunamis et les tremblements de terre à Rodrigues.

Un arbre nous rappelle le rythme des saisons, donc la nature, et le rapport que nous avons avec elle  contribue à notre état psychologique. De plus, les arbres améliorent l’esthétique du paysage urbain en créant un changement de texture, un contraste de couleurs et de formes.

A Maurice, malheureusement pour nous, ceux qui nous gouvernent sont des daltoniens. Du coup ils ne voient qu’une seule couleur ; celle de l’argent.  Tels des agents toxiques à la solde de grosses corporations,  ils autorisent ce massacre et ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

S’il est un fait aussi que la présence d’arbres en bordure des voies rapides permet la réduction des vents et réduisent l’éblouissement causé par le soleil, ici on veut augmenter le nombre d’accidents routiers en les abattant.  Peut-être est-ce dans une pure logique aussi de rentabiliser le métro, allez-savoir.