April 20, 2024
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Opinion Politique

A Port-Louis, la plateforme face à l’échec !

L’opposition n’a pas été capable de noircir de monde les rues de la capitale, le samedi 11 décembre, à l’appel de la plateforme anti-amendement à l’IBA. C’est un échec retentissant de la part de l’ensemble des forces de l’opposition qui devait l’interpeller sur ses capacités de mobilisation mais surtout sur sa force à un moment où elle tente d’acculer le gouvernement. C’est grave pour des partis qui ont la prétention de faire mieux que le gouvernement de Pravind Jugnauth. La population n’a donc pas répondu à l’appel de Bérenger, Duval, Boolell et Bodha, mais non plus à ceux qui veulent incarner la voix citoyenne, en l’occurrence Rama Valayden, Bruno Laurette et Dev Sunassy.

Ceux-là aussi doivent tirer les leçons de cet échec alors qu’ils n’avaient cessé de mobiliser l’opinion publique, fermement soutenus par les radios commerciales dont les directeurs étaient montés en première ligne pour appeler à descendre dans les rues de la capitale. Comment expliquer l’indifférence de la population à l’égard de cet appel général de l’opposition et de ceux qui veulent faire entendre l’opinion publique ?

Vraies interrogations

En ces temps de recul de l’économie et de ses répercussions sur l’emploi, les salaires et le pouvoir d’achat, les Mauriciens, dans leur immense majorité, se soucient davantage pour leur avenir. Comment peut-on comprendre que le gouvernement ait l’intention de faire en sorte que le pire ne se produise pas ? Voilà leurs vraies interrogations et non les petits intérêts individuels des politiciens non mandatés par la population et des individus qui, certes, posent des questions mais qui croient que cette opposition-là peut répondre aux attentes du plus grand nombre. En fait, les Mauriciens n’ont jamais eu le sentiment que ce gouvernement était en train de confisquer leur droit à s’informer ou souhaitait museler la presse. Pour preuve, ces mêmes radios reçoivent depuis de longues semaines, les personnalités les plus contrastées de la scène politique mauricienne.

Spectaculaire et grotesque

Même le populiste Rama Valayden, jamais à court du spectaculaire grotesque – souvenons-nous qu’il s’était pris pour Émile Zola dans les locaux accueillants de Radio Plus en lançant ‘Mo akiz se gouverne-la’ -, avait multiplié les interventions dans la presse pour mobiliser la population à venir ‘noircir’ les rues de Port-Louis. Dans leurs bulletins d’information et leurs émissions dominicales, ces mêmes stations de radio commerciale laissent les ondes ouvertes aux personnes les plus opposées au gouvernement. Certains d’entre eux n’hésitent pas à proférer les opinions les plus incohérentes et fantaisistes sur le gouvernement sans que le MSM ne demande aux policiers et militaires d’investir leurs locaux. Nous ne vivons pas dans un pays dictatorial !

Pluralité

La parole libre et l’expression de la pluralité politique, économique, religieuse et culturelle sont des valeurs fondamentales de notre société, en ce qu’elles lui servent de socle pour la stabilité de Maurice. L’expression démocratique est exercée tous les cinq ans par la population lorsqu’elle est appelée aux urnes alors que notre système judiciaire, calqué sur celui de l’Angleterre et de la France, a la confiance de la population et des étrangers. Et lorsque les parties ne sont pas satisfaites, elles peuvent toujours interjeter appel auprès du Conseil privé. L’affaire Betamax en est la preuve flagrante. Le monde des affaires est, lui, protégé par un véritable arsenal légal, si bien qu’il séduit chaque année les investisseurs du monde entier qui savent que leurs intérêts y sont bien protégés. La preuve a été récemment apportée par le ministre des Services financiers qui a mis toutes ses ressources au service de la mission du GAFI, venue à Maurice pour vérifier la mise en place des normes de la bonne gouvernance après notre inscription sur la liste grise du GAFI.

Clarisse House

Faut-il encore rappeler au bon souvenir de certains dans une certaine presse que c’est la police du temps du Parti travailliste qui avait débarqué dans une radio, après que ses reporters eurent ‘piétiné’ des lieux proches de la Clarisse House ? L’amnésie de certains serait-elle à ce point sélective ? C’est la raison pour laquelle les cris d’orfraie des radios commerciales ne séduisent pas grand monde, d’autant que celles-ci coulent de beaux jours en bénéfices et pour cela doivent une fière chandelle au fait que la MBC ait, elle, choisi de servir la diversité de la population.

L’affirmation de cette opposition et de certaines personnes comme Bruno Laurette et Rama Valayden à l’effet que ce gouvernement serait liberticide, prête à sourire. Rien qu’au Parlement, les questions les plus pertinentes ont libre cours et les chiffres rendus publics. Plus important, la presse a l’occasion d’interpeller les ministres durant les conférences de presse. Grâce à la pluralité de cette presse et de l’indépendance dont elle jouit, elle peut commenter librement l’action du gouvernement. L’opposition et des relayeurs dans le public se couvrent de ridicule en faisant accroire que l’île Maurice serait livrée pieds et poings liés à un régime dictatorial. Or, pour peu que l’opinion souhaite le vérifier, elle saura que les bailleurs de fonds internationaux, à commencer par l’Union européenne, ne verseraient le moindre dollar à l’île Maurice si celle-ci était soupçonnée d’avoir jeté des opposants en prison ou muselé la presse.

CASSAM DHUNNY