April 26, 2024
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Opinion

Albion restera toujours perfide !

Fallait-il vraiment que l’île Maurice réponde présent aux funérailles d’Elizabeth II ce lundi ? La question reste posée, quand on connaît le « legacy » que nous a laissé la Grande Bretagne, au lendemain de notre indépendance en 1968.Jusqu’à ce jour, notre système électoral est empoisonné par le « First pass the Post » et le Best Loser System. Fallait-il donc aller rendre hommage à la dépouille de la Reine, à Londres même ? Quand on sait que nous serons encore appelés à tenir tête aux Anglais sur le dossier Chagos ?

Pour nous, Albion restera toujours perfide. Et il suffit de regarder les vidéos du nouveau roi, le ci-devant Charles, pour comprendre que cet homme n’est pas commode, montrant même sa colère face à un stylo qui bavait trop d’encre. Voyons-nous notre ministre des Affaires Etrangères aller discuter tranquillement avec cet homme, et lui demander de changer d’avis sur l’archipel et sur Diégo Garcia ? Bien entendu, nous n’aurons pas à « deal » directement avec le roi, mais avec ses subordonnés ministres, mais le fait est que la Royauté a toujours son mot à dire sur les affaires de la Grande Bretagne.

D’ailleurs, Elizabeth n’avait jamais hésité à signer le décret qui faisait des Chagos un British Indian Ocean Territory, le fameux BIOT. De plus, le gouvernement Britannique vient de nouveau de couper l’herbe sous les pieds du gouvernement Mauricien en donnant la chance aux Chagossiens de la troisième génération de devenir Britanniques, en leur octroyant le fameux passeport de sa Majesté. Et si donc il n’y a que des Britanniques, nous voyons mal ces sujets être aux côtés du gouvernement Mauricien quand le dossier de revendication de l’archipel refera surface dans les mois et les années à venir.

Avec les Chagossiens dans sa poche, même si Olivier Bancoult est resté fidèle au drapeau mauricien, il sera encore plus difficile pour l’Etat mauricien de clamer sa souveraineté sur ce chapelet d’îles. Et Olivier Bancoult ne nous contredira pas quand il sera forcé d’admettre que tous les Chagossiens, d’ici et de l’Angleterre, préfèreront rester dans le giron Britannique, avec l’assurance de pouvoir retourner dans leurs îles, mais comme sujets Britanniques, et non comme Mauriciens.

Ce sera donc « tough » pour l’Etat mauricien de négocier avec la Grande Bretagne sur ce sujet, même s’il y a une nouvelle tête sous la couronne. Il est dommage que l’opposition ne se soit pas exprimée sur la présence du Premier ministre et de son épouse aux funérailles de la Reine. Ce qui signifie qu’elle aurait fait de même donc. A savoir que même si les têtes changent à l’hôtel du gouvernement, la politique de soumission envers les grandes puissances occidentales ne change pas. D’ailleurs, même la présence Indienne à Agaléga n’est pas contestée par l’opposition. C’est dire que nos ministres des Affaires Etrangères, passés et présent, font la politique de continuité sur ce dossier.

Et si c’est donc ainsi, autant que les Chagossiens voient ce qui « at their best interest ».Valeur du jour, ballotés entre la Grande Bretagne et l’île Maurice, ils devaient être la chair à canon dans l’épineux combat sur les Chagos. Mais si la génération Charlesia et Mandarin avaient les pieds et les mains liés, tel n’est plus le cas pour la génération Bancoult. Si Olivier a, tant bien que mal, assisté notre île dans sa réclamation de l’archipel, il n’en reste pas moins qu’il aura fini par voir qu’au final les Chagossiens resteront les dindons de cette farce grotesque entre notre pays et la Grande Bretagne. Pourquoi donc continuer à se battre contre les Britanniques, quand notre Etat va rendre les derniers hommages à celle qui a avalisé le Golgotha du peuple Chagossien ? Nous ne sommes pas partisans de la présence mauricienne en Angleterre. Et nous pensons que la naïveté n’est plus de mise sur le dossier Chagos. Il viendra un moment où les masques tomberont, et l’Etat mauricien sera forcé de dire publiquement s’il continue son combat pour la revendication de ces îles, ou s’il laisse le champ libre aux Britanniques de continuer de nous faire le pied-de-nez.

Il n’est jamais trop tard pour être « wise before the event ».Avec la disparition d’Elizabeth II, l’occasion nous était donnée d’être plus cohérent, constant même, sur le dossier Chagos. Avec la présence de Pravind Jugnauth à Londres, nous ne sommes pas sûrs que le gouvernement a bien saisi ce « shift » dans le nouvel ordre mondial qui se prépare pour bientôt. Le roi Charles est appelé à diriger ce changement global qui va s’opérer dans le monde. Sous des dehors souriants, il est en fait un homme teigneux. Et si un stylo a autant souffert de sa colère, qu’en sera-t-il des « subalternes » qui seront appelés à traiter avec lui et son gouvernement ? Nous saurons très vite à quelle sauce nous serons mangés quand il aura pris ses aises dans son nouveau rôle de roi du monde !

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