April 19, 2024
Hennessy Court 3rd floor Sir John Pope Hennessy street Port-Louis
News

Augmentation des prix : Les Mauriciens sont à bout de souffle

Les Mauriciens ont vu les prix des denrées alimentaires et des carburants augmenter au cours de ces derniers mois. Aujourd’hui encore, ils tiennent le coup, mais qu’adviendra-t-il quand ils ne pourront plus subir cette pression ?

Divers scénarios ont été utilisés pour justifier la hausse des prix tels que la pandémie du Covid-19, la guerre en Ukraine, la dépréciation de la roupie, entre autres. Les Mauriciens encaissent au fils des mois mais il devient de plus en plus difficile de contourner le problème. L’inflation est le mot du moment avec les prix à la consommation qui sont à un niveau déjà élevé mais il semblerait que cela ne s’arrêtera pas là.

Les Mauriciens sont conscients qu’ils ne pourront pas économiser sur la nourriture et ceux qui utilisent leur véhicule au quotidien, se résolvent à payer le prix du carburant peu importe son taux. A l’instar de Sachin Deelakoo, âgé de 46 ans et père des deux enfants qui explique qu’il n’est pas question d’utiliser un autre moyen de transport que sa voiture malgré la hausse du carburant. «Pour moi, il est inconcevable de ne pas utiliser ma voiture car c’est un moyen de transport rapide et sur. Je l’utilise pour déposer mes deux enfants à l’école pour ensuite me rendre au travail. Ceci afin de minimiser la possibilité de contracter le virus du Covid et surtout ma voiture me permet de gagner du temps au lieu d’utiliser les transports en commun. Mes deux filles sont scolarisées dans deux établissements différents. Vous imaginez si je devais prendre le bus pour aller déposer chacune d’entre elles, entre les allers retours, je n’aurais jamais pu arriver au bureau à 9 heures pour démarrer ma journée. On ne peut pas non plus ne pas manger du coup on a guère le choix. J’ai fait des change- ments dans la façon d’acheter mes aliments, mais il est clair que le salaire devrait aussi connaitre une augmentation car à ce rythme, les mauriciens n’auront bientôt plus rien à se mettre sous la dent».

La viande : un luxe pour les consommateurs

Le panier de la ménagère coûte déjà beaucoup plus cher au point où nombreux ont dû changer leurs habitudes alimentaires. La viande, le poulet et autres produits frigorifies ne sont plus dans les moyens de tous. Ces produits ont connu une augmentation de 5 à 10 % en quelques mois et les Mauriciens ont du mal à suivre le rythme.

C’est le cas de Marilyne Boodhoo qui est femme au foyer et qui vit uniquement avec la pension de vieillesse de son mari. « Le coût de la vie est devenu subitement trop élevé pour nous. Entre les factures et les courses, on ne s’en sort plus ». Elle dit avoir dû faire plusieurs compromis jusqu’à changer ses habitudes alimentaires. « J’essaie de profiter des soldes dans les supermarchés. Je ne peux plus acheter beaucoup de viande et de poulet car c’est trop cher maintenant. Nous essayons, mon mari et moi, de survivre tant bien que mal. Nous avions pour habitude de consommer des plats copieux accompagnés d’un bon basmati mais désormais nous consommons moins de riz et plus de pain et privilégions les conserves ». C’est un moyen que Marilyne a trouvé pour ne pas se retrouver en manque de nourriture au cours du mois. « En raison de la hausse des prix des denrées alimentaires, beaucoup de Mauriciens mangent mal. Les retraités et les personnes qui vivent d’un revenu fixe sont particulièrement touchés par la cherté de la vie ». Elle reconnait également que pour pouvoir manger, elle accuse des retards dans le paiement de ses factures.

Le point de rupture des consommateurs

Cette situation devient particulièrement difficile pour les Mauriciens à faible revenu, qui ne disposent pas d’économies excédentaires à la suite de la pandémie et pour qui les coûts de l’essence et des denrées alimentaires représentent généralement une part plus importante de leurs dépenses. Une augmentation de 10 % sur le prix du diesel et de l’essence réduirait de 0,2 % les dépenses discrétionnaires des Mauriciens. Auparavant le budget alimentaire était à Rs 6000 mensuellement, désormais une famille doit trouver la somme additionnelle de Rs 2000 à Rs 4000 pour pouvoir faire ses provisions sans compter les factures d’eau et d’électricité ainsi que l’achat du gaz ménager. Même le prix des médicaments a connu une hausse fulgurante à Maurice.

Les dépenses de consommation sont le principal moteur de la croissance économique mauricienne. Si les gens ont moins d’argent à dépenser en dehors des produits de première nécessité, cela pourrait peser sur la croissance économique du pays. Même si la récession pandémique est plus ou moins loin dans le rétroviseur, les économistes craignent de plus en plus que Maurice ne se dirige vers une période de stagflation, durant laquelle une faible croissance économique et des prix élevés limitent les dépenses de consommation. En bref, la situation de l’inflation est un casse-tête pour le peuple Mauricien.

Pendant ce temps, nombreux sont descendus dans les rues pour faire entendre leur mécontentement face à cette situation. De vives tensions ont eu lieu mercredi et vendredi à Camp-le-Vieux où plusieurs personnes ont été interpellées lors des manifestations. Les manifestants ont obstrué la route principale et ont allumé un feu en signe de protestation. Un activiste sociale a aussi été arrêté sous forte escorte policière, le vendredi 22 avril pour avoir organiser les manifestations.

Leave a Reply

Your email address will not be published.