March 28, 2024
Hennessy Court 3rd floor Sir John Pope Hennessy street Port-Louis
Opinion Politique

Comment le tourisme tire l’économie vers le haut

Les conséquences positives de l’impact de la réouverture par étapes de nos frontières n’ont pas tardé à apparaître : il suffit de jeter un coup d’œil au cours des deux plus grandes entités bancaires à la Bourse de Maurice pour s’en apercevoir, les deux valeurs étant à la hausse. La réouverture de nos frontières a tout de suite été suivie par un regain de confiance. C’est une véritable dynamique qui s’est enclenchée et qui est de nature à avoir un effet boule de neige dans l’ensemble du pays, avec la prise en compte, indispensable, de la recrudescence de la pandémie sur notre territoire. Mais la bonne nouvelle, c’est que l’élément de confiance est déjà présent partout à travers l’île, avec le lancement de certaines enseignes qui avait été retardé à cause du confinement.

Immunité totale

À plusieurs reprises, le Premier ministre a mis en garde contre toute tentation de relâcher la garde au sein de la population, en précisant que la reprise ne risque pas d’arriver plus tôt. Mais, en même temps, le gouvernement s’est employé à mobiliser tous les moyens afin de maintenir le tissu économique et social du pays. Le résultat ne peut qu’être rassurant, car les soutiens aux salaires et entreprises ont permis de maintenir le pouvoir d’achat des Mauriciens, là où dans d’autres pays, les économies nationales se sont tout simplement effondrées. De la même manière, le pays tente d’enrayer la propagation de la pandémie, avec l’objectif d’atteindre l’immunité totale vers août-septembre. Il faut aussi se féliciter de l’engagement des grands groupes privés, même des entreprises de taille moyenne, qui contribuent en nourriture afin d’atténuer l’impact de la hausse des prix de certaines denrées alimentaires sur les couches les vulnérables de notre société.

Cet élan national de solidarité est très ancré au sein de la population, qui sait que le pays ne s’en sortira pas s’il laissait sur les bas-côtés les individus les plus pauvres. Chaque semaine est témoin d’actes de générosité de la part de tous les secteurs de la population. Mais, au même moment, chacun doit y mettre du sien en maintenant strictement les barrières sanitaires, surtout en se gardant de se regrouper plus qu’il n’est permis. La guerre contre la pandémie, au moment où celle-ci laisse apparaître son variant le plus dangereux, se doit d’être sans répit. Se donner tous les moyens de se refaire une santé implique aussi qu’on abandonne les comportements et pratiques anticiviques. Il n’est plus, ainsi, admissible que des fonctionnaires de la santé à l’accueil des citoyens se permettent encore de mépriser les petites gens, comme l’a rapporté une radio privée, ou que les droits des personnes âgées ou en situation de handicap continuent d’être bafoués dans les espaces publics. Il en va de même dans les rues où se manifestent souvent et dans certains endroits des signes d’incivilité.

Défiance des lois

Ce sont toujours les mêmes profils d’individus de notre société qui sont dans la défiance des lois, parfois invoquant le prétexte de l’origine sociale à leurs actes. Or, la pauvreté ou le manque d’éducation n’expliquent pas tout. À tous les niveaux de la société mauricienne, il y aura besoin d’un redoublement d’efforts pour reconstruire l’économie durant les prochaines années. Il est certain que les individus qui connaissent la valeur du travail n’hésiteront pas à redoubler d’efforts pour maintenir leur emploi d’abord et, ensuite, pour contribuer à la reconstruction nationale. Les jeunes, aussi et surtout devront consentir à des sacrifices, sans s’attendre à des salaires mirobolants et, peut-être pas à des emplois qu’ils souhaitent. Dans le secteur du tourisme, où la reprise sera lente, les prochaines années seront placées sous le signe d’énormes sacrifices et de patience, avant fin 2024, date à laquelle pourrait s’achever la récession mondiale. En ce moment, des jeunes sont tentés par des emplois au Canada et aux États-Unis dans le secteur de l’hôtellerie, ou celui qui requiert des compétences manuelles. Une chose est sûre : ces deux pays ne pourront pas absorber toutes les catégories de travailleurs manuels de Maurice, d’autant que c’est de la main-d’œuvre formée qui est concernée.

Monde du travail

Depuis le premier confinement à ce jour, un certain nombre d’entreprises ont profité pour former leurs salariés aux nouvelles réalités dans le monde du travail imposées par la pandémie de Covid-19. Beaucoup de jeunes, après le collège et d’autres titulaires de diplômes et licences, sont au chômage en raison de la crise économique provoquée par cette pandémie. Aussi ne sont-ils pas formés à ces nouvelles réalités, ce qui les désavantagera au moment de se faire embaucher. C’est le serpent qui se mord la queue, puisqu’il leur faudra un travail pour s’initier aux réalités du travail post-COV, alors qu’il faudra déjà être instruit à ces mêmes réalités pour décrocher un job. Le même dilemme existait avant l’apparition de la Covid-19, où souvent des employeurs réclamaient une expérience de travail à un jeune pour qu’il l’embauche. Cette année – et sans doute durant les prochaines années, c’est la pandémie qui compliquera encore plus la donne, les employeurs souhaiteront des salariés déjà formés pour être capables de répondre à de nouvelles exigences. En cela, les rapports qui sous-tendent le monde du travail, dont des compétences interchangeables, se présentent comme de nouveaux enjeux, surtout compliqués.