March 29, 2024
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Opinion

Confinement et Covid-iots

Ce qui se passe dans le pays ces jours-ci, relayé sur les réseaux sociaux, alors que nous sommes en guerre contre un ennemi minuscule et invisible, est tout simplement écœurant et interpelle nos dirigeants, à plusieurs niveaux. Il ne fait vraiment pas honneur à voir certains de nos compatriotes se comporter comme de vrais « covidiots » ; alors que l’heure est grave et que l’obéissance et la discipline sont nos cartes maitresses pour juguler ce virus meurtrier. En effet, dès l’annonce du confinement partiel, certes un peu en dents de scie, il faut bien l’admettre, le 20 mars dernier, une sorte de névrose s’est emparée de bon nombre de Mauriciens qui se sont rués le lendemain et les jours d’après, comme de vrais sauvages, dans les supermarchés et les foires, pour tout acheter tout sur leur passage sans respecter pour autant les conditions d’hygiène nécessaire en cette période de pandémie. Cela, sans penser aux autres qui attendaient patiemment de percevoir leur salaire pour faire leurs courses, parce que ceux-là n’ont pas le luxe d’avoir un portefeuille garni de billets banque ou d’une panoplie de cartes bancaires. Pour ces « panic buyers » comme on les appelle maintenant, c’était comme s’ils avaient plus peur de mourir d’inanition que du Covid-19 lui-même.

À cause de leur égoïsme et « je m’en foutisme’, faisant fi des barrières sanitaires exigées, telles que la distance sociale, le port de gants et de masques entre autres mesures préventives, ce qui devait arriver arriva, l’infection au Covid-19 est passée de 3 cas initiaux à 52 cas, donc deux décès à valeur du jour. D’autres qui n’avaient strictement rien à cirer du confinement étaient carrément sur des terrains de foot, en groupe, ou à piqueniquer, toujours en petits groupes. Du coup, on a eu droit à une descente musclée sur le terrain, de nos amis le flics, pour ramener à l’ordre ces récalcitrants. Mais alors là, que dire du chapelet de jurons entendus de la bouche de ces « gablous » sensés incarner l’ordre et la discipline et aussi une retenue verbale. Sapristi ! C’était des gros mots cinglants à bousiller les tympans. C’est à se demander si leur vocabulaire ne se limite qu’aux alphabets « g » et « l ». Pire encore, d’autres policiers ont cru bon de se filmer en train de brutaliser deux frères à la Résidence Vallijee dont l’un se trouve aux soins intensifs, pour le non-respect du couvre-feu. Cette vidéo fait le buzz sur les toiles et beaucoup d’internautes sont restés interloqués de cette manière de faire de la police.

Ce qui a sorti le Commissaire de Police, Mario Nobin de sa zone de confort mercredi soir, pour annoncer mercredi soir des sanctions sévères et immédiates contre ces mains lestes de la force policière. Fallait-on en arriver là ? Le respect, messieurs les flics, ça se commande. Si un agent en uniforme se comporte comme un rustre personnage et emploie un langage châtié, comment espère-t-il faire instaurer l’ordre et la discipline ? Voilà ce qui se passe quand on recrute tout et n’importe qui comme flics, ceux qui ne retiennent plus les points marquants et les recommandations sacrées de leur formation. C’est le super délire assuré. Ah ! on est bien bien loin des Théodorine, Barbeau, Bruneau, Morvan, Hyderkhan, Feillafe, Rajarai, Gopalsing et autre Bhimsem Kowlessur qui étaient des hauts gradés respectables et respectés de la force. Aujourd’hui ça se sent tout de suite, à leur façon de communiquer et de se comporter que bon nombre de ces nouvelles recrues de la force policière sont malheureusement aussi grossiers et vulgaires que leurs cibles. C’est même très inquiétant car c’est symptomatique d’une société en perte de vitesse et de valeurs, par le haut. Il faut cependant louer les mérites de certains hommes en uniformes, comme ceux de la station de Barkly par exemple qui dans un élan de solidarité par les temps qui courent ont soutenu les habitants démunis de la localité en leur apportant des vivres. C’est honorable et réconfortant de savoir que ceux-là sont encore humains. Que nous soyons dans un contexte inédit et sans précédent est indéniable.

Que la peur arrive à provoquer des réactions irrationnelles, c’est le cas de le dire. Mais le fait est, que même en temps normal, les Mauriciens ont développé une manie de ponctuer chaque phrase de jurons et d’invectives. Aussi, il n’est pas étonnant après ça de voir la violence s’exporter dans nos autobus, sur la gare et dans nos salles de classes, ou garçons comme filles se font crêper le chignon à la moindre injure ou pour un regard en croix. Si Maurice est infecté du Covid-19 ces jours-ci il est malheureusement aussi infecté d’une vulgarité verbale et comportementale qui requiert un puissant antiseptique pour endiguer cette attitude qui est en train de déshumaniser et gangrener notre société. Est-ce cela le triste héritage qu’on veut laisser à la génération future ? Vraiment il y a tout à refaire.