April 19, 2024
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Opinion

Confinement et déconfinement : dernier virage

Le confinement est prolongé d’un mois. Les semaines à venir seront mises à contribution pour trouver des solutions coproduites pour la sortie. L’heure fatidique du bilan n’est pas loin, qui nous dictera les leçons à retenir de cette pandémie laquelle bouscule toute l’organisation de notre vie. Un fil sépare-t-il le confinement du déconfinement, désormais? Avec la constance dans le zéro cas positif, le PM s›oriente visiblement vers l›option de sortie pandémique.

La feuille de route est sur la table. Pour sortir de cet étrange confinement, chacun doit y mettre du sien. Ainsi peut-on lire le discours pondéré mais grave d›un Premier ministre d›évidence essoré par cette crise. L›État veillera à la discipline, afin d›éviter une sortie en ordre dispersée. Ce desserrement de l›étau de nos libertés de mouvement, de travailler et plus largement de vivre se fera de façon progressive et distincte selon des consignes strictes, à partir du 15 mai. La population se tient prêt pour le « grand jour «. Une attente avec parfois une pointe d’impatience, mais surtout avec beaucoup de questions. Masque, école, commerce, emploi, économie, sports. À chacun de ces mots, ce sont des interrogations qui résonnent, voire des craintes. À la joie de retrouver les centres villes vivants se mêle un sentiment étrange, un peu comme si on s’apprêtait à sauter dans le vide. Il reste moins d’un mois pour préparer les harnais et vérifier la solidité des élastiques avant de plonger vers « le monde d’après «.

Certes, la certitude n’est pas du ressort de l’homme, seul Le Pouvoir Absolu la détient. On ne sait pas s’il y aura une deuxième vague de patients infectés après. Il est certain en revanche qu’un tsunami va frapper notre économie. Les pertes des entreprises promettent d’être colossales. Non seulement l’économie doit redémarrer, mais il va falloir imaginer des plans de sauvetage par secteurs, qui ne reposent pas seulement sur l’aggravation de la dette publique de l’Etat et le recours aux banques. Pris en étau entre le marteau économique et l’enclume sanitaire, le PM n’a pas d’autre choix que d’avoir un œil sur la courbe sanitaire, une autre sur celle résultats et les dégâts en général des sociétés, entreprises. Depuis le début du confinement, on n›a jamais autant parlé de leur profession. Infirmiers(ères), mais aussi médecins, réanimateurs, la Police à tous les niveaux, caissières, éboueurs, boulangers (à longue distance au début, puisque par commandes en ligne) , sont aujourd’hui au cœur de nos vies. Avec une envie, leur rendre hommage, leur dire qu’on les tient en haute estime, qu’ils nous sont nécessaires.

Cela tient-il juste à la période de la pandémie ou regardera-t-on toujours de la même manière, par exemple la caissière dans quelques semaines ? Cela dépendra de chacun d’entre nous. Cependant, avec l’émergence d’un double objectif : donner de l’importance à ces professions et vous permettre de manifester vos hommages, votre émotion, votre reconnaissance envers tous ces métiers du quotidien. Quand le Coronavirus s’était invité tristement partout, et mêmes dans nos colonnes, les témoignages ont été nombreux. Comment vivre le confinement et cette période si particulière quand on risque à donner la vie ? Comment rompre l’isolement des plus vulnérables, les personnes âgées ou les personnes handicapées ?

Tant bien que mal, des solutions ont vu le jour et la solidarité s’est organisée. Dieu merci, nous sommes désormais loin de ces premières semaines de panique, de désordre et de comportements irresponsables. Quoiqu’il en soit, la prudence, le respect rigoureux des consignes et la retenue doivent être maintenus. Les « bonnes raisons » de sortir sont aussi nombreuses que les personnes qui sortent en pensant, souvent à tort, qu’elles vont passer entre les mailles du filet. Le filet, c’est celui de la police qui continue ses contrôles et les ont mêmes renforcés. Hormis l’économie, la santé doit être l’autre priorité de nos gouvernants. Aujourd’hui, nous devons reconnaître que ceux qui réclamaient dans l’indifférence un plan impérieux pour notre système de santé avaient parfaitement raison. L’histoire et les politiques tireront sans nul doute des leçons de cette pandémie qui montre chaque jour à quel point notre système de santé est précieux ?

Si le 01 juin apparait comme la date clé, elle ne devrait pas être porteuse de confusions et d’interrogations. Point de désaccord sur l’école, inquiétudes des professionnels du tourisme et des restaurateurs. L’exécutif va devoir faire le tri entre ce qui est « sanitairement » souhaitable et ce qui est économiquement, socialement réalisable. Plusieurs sujets polémiques restent à trancher, comme l’obligation du port du masque et la stratégie en matière de tests…En attendant, si toutes ces questions brûlent les lèvres, les autorités continuent d’être sur la brèche. Faisons confiance à la lucidité du Premier ministre et au côté d’homme d’action qu’il est pour que Maurice retrouve sa vie normale.