April 20, 2024
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Opinion

La pandémie est-elle un tournant décisif dans les relations internationales ?

En temps de crise, les rivalités mondiales ont tendance à s’intensifier plutôt qu’à s’atténuer. La pandémie du Coronavirus est venue confirmer cet état des lieux lorsqu’elle a entrainé dans son sillage une nouvelle détérioration des relations déjà chroniquement tendues entre l’Empire du Milieu et le pays de l’Oncle Sam. CHINE-ÉTATS-UNIS. Au point où en sont les choses aujourd’hui, il semble très peu probable que ces dégâts puissent être réparés dans le court terme.

Pour cause, la contagion due au Coronavirus, qui a pris le monde entier par surprise, n’a fait qu’aggraver les frictions américano-chinoises lesquelles perdurent depuis un certain temps déjà, sapant dans le même temps toute forme de normalisation des relations qu’on espérait bien trouver, à la suite de l’accord commercial signé en janvier 2020 entre ces deux géants économiques. Le Président américain, Donald Trump, pour sa part, semble avoir trouvé en ce « virus chinois » comme il l’appelle avec le plus grand dédain, devenu entretemps sa marque de fabrique, une propagande idéale pour détourner l’attention de la mauvaise gestion par l’administration américaine de la première phase de l’urgence de cette crise sanitaire planétaire et de ses propres divagations sur le sujet.

La Chine de son côté a bien évidemment tenté de désavouer la responsabilité du virus qui y est originaire, en criant aux théories de conspiration et de complot ourdies contre elle par les Etats Unis. Ce à quoi, les États-Unis ont rétorqué en blâmant de plus belle et fermement la Chine en utilisant la désignation « virus de Wuhan » ou « virus chinois » pour bien faire comprendre que la responsabilité est bien la leur. D’ailleurs le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a vraiment insisté sur le fait que la Chine doit être « tenue pour responsable » de la propagation mondiale du virus du Corona. Dans cette guéguerre des « SINUS » c’est donc sans vraie surprise que le Président américain a une énième fois menacé d’imposer de nouveaux tarifs commerciaux contre la Chine en signe de blocage contre cette contagion mondiale que même la meilleure inspiration peine à dégager les cavités profondes constamment obstruées. Au summum de la crise sanitaire provoquée par le coronavirus, les tensions ont explosé et les messes basses « sous-marines » ont augmenté entre ces deux pays dans la mer de Chine méridionale.

Si l’épidémie de Coronavirus n’est certes pas la cause suprême des vociférations dans les relations américano-chinoises, cependant ; il ne fait qu’exacerber les tendances qui existent depuis des années alors que ces deux pays se disputent une hégémonie économique. Même si on ne s’attend pas à ce que le Coronavirus introduise ou fasse émerger un nouvel ordre économique mondial, il va néanmoins, selon une dernière enquête menée par le très respecté, The Economist, transformer les relations internationales durablement, de même que le commerce mondial de trois manières décisives. Le monde après le Covid 19 rendra nécessaire des développements jusqu’ici ignorés ou passés inaperçus comme le déploiement de tout un tas d’initiatives de la Chine pour asseoir sa sphère d’influence dans certaines parties du monde.

Ce qui va davantage affirmer les tendances géopolitiques existantes, en particulier cette rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine et le changement dans l’équilibre économique et du pouvoir de l’Occident vers l’Asie. Enfin, un monde post Covid 19 est très susceptible de devenir un catalyseur de changements qui sont actuellement difficiles à anticiper et entrevoir, tant dans les pays développés que dans ceux du tiers monde, de l’avenir de l’UE à la relation entre de nombreux pays en développement et la Chine. Une chose est maintenant sure, c’est que quand la Chine éternue, au sens propre comme au sens figuré, c’est toute la planète qui se grippe et prend les postillons qui flottent dans l’air, de plein fouet. Finalement, ceux qui espéraient que, passer le Corona, les dirigeants d’une planète éprouvée et fragilisée comme jamais de mémoire, seraient plus sages, humain et moins belligérants, ceux-là n’ont toujours rien compris au courant réaliste qui dicte malheureusement les affaires mondiales.

PIMA RUZ