April 20, 2024
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Le must du remaniement : Devoir de vigilance et d’exemplarité et obligation de résultats

Un remaniement ministériel serait-il en gestation ? Poser la question ne signifie pas que l’on dispose de la réponse. Mais la situation mérite qu’on s’y arrête dans une Île Maurice où les rumeurs ont valeur d’information et où dans le concret les choses se compliquent (les scandales et l’incapacité à juguler l’inflation sont là pour le rappeler). Mais, tout procède du Premier Ministre.

Un remaniement ministériel est une modification de la composition du Gouvernement pendant la durée du mandat de l’assemblée sans provoquer pour autant sa démission. On le qualifie de technique s’il est limité et de politique s’il est important. Le remaniement qui consiste à changer quelques portefeuilles et qui doit être distingué des changements de gouvernement, est assez commun. Cependant, sous Pravind Jugnauth, jusqu’ici il n’a pas constitué pas une priorité.

Cependant, dans le cas actuel, modifier l’image du gouvernement terni par les scandales, la montée fulgurante du coût de la vie ces derniers années et la performance quelconque de certains ministres, ne s’annonce pas en tout cas comme une simple péripétie d’expédier les affaires courantes. Le devoir de vigilance et d’exemplarité et l’obligation de résultats impliquent la nécessité d’une solidarité à toute épreuve, un sens aigüe de sacrifice, la recherche de la plus haute efficacité, l’exigence de probité. En réalité, il n’y a rien de surprenant à cela dans une « start-up nation ».

Pourtant, l’approche de ce remaniement ministériel paraît inéluctable, si l’on considère que le Premier ministre n’est pas du genre à dormir sur ses lauriers et qu’il est en présence des données. Mais, l’agitation qui gagne du terrain du côté de la majorité va-t-elle constituer un obstacle ? « En ce moment, tous les quatre matins, on a l’impression qu’on va sauter, alors que d’autres collègues s’imaginent au gouvernement », nous a confié un proche du gouvernement. Une « ébulliton » évidente pour les proches collaborateurs du PM mais qui ne dévoile rien des intentions de ce dernier.

Le chef de file PKJ doit jouer le tout pour le tout : un remaniement ministériel en profondeur avec, pour objectifs, au prime abord un signal sérieux aux citadins pour maintenir le contrôle des 5 villes et ensuite, la victoire lors des prochaines législatives générales prévues fin 2024. Cela va provoquer un séisme dans son propre exécutif (surtout avec des ministres fâchés), mais il n’y pas d’autre choix si PKJ veut prodiguer des forces à son gouvernement, de se débarrasser des aspérités du passé et de se donner un maximum de chances pour demeurer au pouvoir de longues années.

Ce pari devrait se fait autour de quatre axes : prudence économique, transparence, exemplarité rigoureuse, obligation de résultats et resserrement des troupes autour de la personne de Pravind Jugnauth.

On devrait à ce titre voir un remaniement gouvernemental profond, jamais vu dans notre démocratie. Le PM devrait brandir le mantra de la reprise politique, économique et sociale. Une façon de vendre de l’optimisme et de faire peau neuve face à des temps qui ne s’annoncent pas faciles.

Le leader a tant bien que mal toréé la crise sanitaire, mais doit désormais faire face à une nouvelle vague du Covid et à la nécessité de redresser une économie exangue, à diminuer l’impact trop douloureux de l’inflation et à canaliser avec brio dans l’esprit du public, les réalisations, dont les projets infrastructurels, tels que la construction de drains, l’extension du métro, l’amélioration impressionnante du service routier, la modernisation et les réformes.

La presse dans son ensemble ne fait aucun cadeau au pouvoir en place. À la vérité, serait-ce une machine gouvernementale déréglée ou un emballement journalistique incontrôlé? Toujours est-il que le fossé s’est encore un peu plus creusé entre l’exécutif et les médias. Au risque d’une déconnexion généralisée avec les électeurs… PKJ ne peut pas se fier à la seule MBC pour projeter les actions du gouvernement. En fait, s’il y a un mécanisme qui fait plus de torts que de bien au pouvoir, c’est la MBC.

La primeur du journal de 19h30 s’articule exclusivement autour de PJK, même pour un item de moindre importance. Alors qu’un ministre aurait dû faire la Une quand une réalisation ou un évènement d’importance nationale est mise à l’actif de son ministère. Sans détour, on devrait dire que chaque soirée d’infos qui passe fait tiquer même les inconditionnels. Pour ne pas dire, des dizaines de support (vote potentiel) qui se déclinent, à chaque fois que la MBC s’empêtre dans ses travers propagandistes.

L’autre point de faiblesse criarde est que bon nombre de ministres n’arrive pas à répercuter, comme il se doit, leurs actions dans la grande presse. La raison est simple: ils ont recruté des attachés de presse sur la base de leur connexion et proximité avec le pouvoir. Leur bagage médiatique est nul ou presque. Or, tout passe par une communication et un PR tous azimuts et efficaces.

PJK a 60 ans. Son parti politique, le MSM, reste une agrégation électorale. Sa volonté de «transformer» le pays, par définition, n’est pas insensible à une grande partie de la population, mais bute sur l’incapacité de ses ministres à gérer les situations, surtout celles de crise ou d’urgence, quand ce n’est pas des accusations de l’opposition. Il aurait grand tort de prendre ces faiblesses à la légère.

Le brusque décrochage de la cote de popularité est palpable, enfin, le manque, voire mêne l’absence d’attrait d’un ministre à ses côtés. L’arithmétique du pouvoir est devenue plus compliquée. Convaincre les Mauriciens qu’un changement de ministres est l’urbi et orbi d’un Acte 2 du règne de Pravind, capable de relancer la machine, n’est pas insensé.

C’est sur les fronts de la crois- sance économique [ et auprès des classes ouvrières et moyennes et des retraités]; de la transparence et de la rigueur efficace que se jouera le sort de ce régime assez malmené. Le plus indispensable des remaniements est peut-être… médiatique. En plus d’être politique. Mais, il est plus que jamais nécessaire.

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