March 28, 2024
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Mauriciens de l'extérieur : Rapatriement des Mauriciens : deux poids, deux mesures

Des centaines de Mauriciens sont bloqués un peu partout dans le monde dû aux mesures prises par différents États, dont Maurice, pour limiter la propagation de la pandémie de la COVID-19. Partout, nos compatriotes sont confrontés aux mêmes difficultés : perte d’emploi, difficulté à payer les loyers, diminution de ressources, angoisse et autres. La majorité des Mauriciens vivent sur le strict minimum et les dégâts émotionnels et psychologiques sont énormes. 

Au cours du mois écoulé, Air Mauritius a affrété des vols afin de rapatrier les Mauriciens et Mauriciennes bloqués en Inde, et même des ressortissants indiens, sous contrat avec le consortium de la Grande Péninsule Larsen & Toubro (pour le projet du Métro Express), étaient embarqués sur le vol à destination de Plaisance. Malgré des pressions énormes de tous bords, le dernier vol qui transporte des cadres indiens de la compagnie précitée a été maintenu. La variante indienne de la Covid-19 est nettement plus dangereuse et plus mortelle que celle qui est en train de balayer la partie sud du continent africain. Comprenne qui pourra !

Pourquoi effectuer un rapatriement dans un pays où le nombre de décès lié à la Covid-19 est de 3500 par jour ? Pourquoi mettre le pays à risque devant cette variante qui est la cause de tant de désolation en Inde ? Et le cri de détresse des Mauriciens vivants en Afrique du Sud alors ? Qui s’en préoccupe ?

Pour justifier le gel des vols avec l’Afrique du Sud, le ministère des Affaires Étrangères avance l’imposition des NOTAM par les autorités mondiales de l’aviation. Le NOTAM est tout simplement un avis diffusé par télécommunication donnant une information essentielle sur l’état, la modification d’un moyen, d’un service ou d’un danger pour la navigation aérienne.  

L’ambassade de Maurice en Afrique du Sud a déjà joué sa partition. Elle a dressé une liste des mauriciens bloqués dans le pays, où la nouvelle variante du Covid-19 a plongé ce dernier dans un isolement total, coupé complètement du reste du monde, et cette liste fut envoyée au ministère des Affaires Étrangères à Port-Louis. 

Contacté par nos soins par téléphone, le ministère, par l’entremise de son Chef de Protocole, M. Hurry, confirme le blocus sur l’Afrique du Sud et indique également que le recours à des escales à Dubaï, Paris ou Londres, n’est plus possible. Ces escales avaient pour but de contourner le « ban » des vols avec l’Afrique du Sud, mais vu qu’il n’y a plus aucun vol, cette possibilité n’existe plus. 

Le ministère n’a aucune parade que de recommander aux Mauriciens de garder contact avec l’ambassade à Pretoria. Le ministère des Affaires Etrangères a même mis en place une « hotline » à cet effet, mais ironiquement cela n’a eu aucun effets puisque cette ligne sensée répondre aux appels urgents, des appels de clarification et de soutien, répond aux abonnés absents la plupart du temps. 

« Nous avons peur que nos autorités nous ont oubliés. À part nos collègues, nous ne connaissons personne », lancent désespérément deux étudiants mauriciens, qui avaient déjà payé leurs billets d’avion pour regagner Maurice. Aujourd’hui, près de 400 Mauriciens vivent le même calvaire. Cette situation extrême est synonyme de panique, de rupture mentale et financière.

« Tous les Mauriciens naissent et demeurent libres et égaux en droit et en devoir ». C’est ce qui est stipulé par la Constitution de notre pays. Les faits actuels nous démontrent le contraire. Les dirigeants diligentaient des vols pour rapatrier certains des ressortissants sous contrat de l’Inde et laissent des Mauriciens à leur propre sort.  

Finalement, on a l’impression qu’il y a deux poids, deux mesures dans l’exercice de rapatriement. Il faut insister sur la signification de cette expression : cela équivaut à juger deux choses avec partialité, selon des règles différentes. Elle implique donc un sens de justice à géométrie variable, seulement dicté par des affinités plus profondes avec un pays qu’avec un autre. 

Ce qui résulte à une flagrante inégalité de traitement. C’est le cas de le dire pour le rapatriement de nos fils du sol. Certains se plaisent à jouer avec le feu, et qui plus est, leur insensibilité, voire indifférence choque les esprits. Personne ne semble tenir à cœur le sort de nos compatriotes. N’est-il pas la responsabilité de ceux qui nous gouvernent de venir en aide à ceux qui le demandent ? 

Alors que nous nous plongeons encore une fois dans un déconfinement national, le gouvernement devrait écouter les cris de cœurs de ses fils et filles du sol, qui sont en proie à un niveau de stress inimaginable. 

Il faut signaler que jusqu’à tout récemment notre compagnie d’aviation nationale assurait des vols à un rythme intense, pas pour rapatrier les Mauriciens au bercail, mais pour assurer le transport de cargaisons. On finit par se demander : quelle est la priorité de l’Etat au final ; aider ou délaisser ?