March 29, 2024
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International

Menacé d’une procédure de destitution

Dans la tourmente, le président américain Donald Trump s’est exprimé, mercredi dernier, sur l’affaire ukrainienne à l’origine d’ une procédure de destitution qu’il qualifie désormais de « coup d’Etat ».


Très agressif sur Twitter depuis son retour de New York jeudi, il a largement esquivé les questions sur le fond du dossier : la demande faite, par téléphone, à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky d’enquêter sur Joe Biden, qui pourrait être son adversaire en 2020.

Escalade verbale

« Les démocrates-qui-nefont- rien devraient se concentrer sur notre pays, plutôt que de faire perdre à tout le monde du temps et de l’énergie sur des conneries », a-t-il tweeté peu avant sa conférence de presse, prévue à 14 h (18 h GMT), dans les salons de la Maison Blanche.


Dimanche, le 45e président des Etats-Unis a cité un pasteur baptiste qui parlait de risques de « guerre civile ». Lundi, il a suggéré d’arrêter un élu démocrate pour « trahison ». Mardi, il a dénoncé un « coup d’Etat » le visant.

« J’en arrive à la conclusion que ce qui est en train de se passer n’est pas un “impeachment”, c’est un coup d›Etat, visant à prendre le pouvoir du peuple, son vote, ses libertés, son deuxième amendement (de la Constitution), sa religion, son armée, son mur à la frontière, et les droits qui lui ont été donnés par Dieu en tant que citoyen des Etats-Unis d’Amérique ! », a-t-il tempêté.

Stupeur à Washington

Même à l’échelle du style résolument provocateur de l’ancien homme d’affaires, ces propos ont suscité la stupeur à Washington. Pour Richard Haass, président du Council on Foreign Relations, un cap a été franchi. Dénonçant des propos visant à « saper les institutions », il a jugé « troublant » que Donald Trump et son entourage « qualifient une procédure de destitution de coup d’Etat alors même que la procédure est prévue dans la Constitution ».

Déterminés à maintenir la pression, les démocrates du Congrès ont menacé mercredi de forcer la Maison Blanche à leur fournir des documents qu’ils réclament. Les parlementaires adresseront formellement à l’exécutif une injonction à livrer ces documents vendredi, s’il ne s’y plie pas volontairement d’ici là.

« Tout acte de ce type, qui nous forcerait à avoir recours en justice ou à l’envisager » afin d’obtenir des documents ou des témoignages « sera considéré comme de nouvelles preuves d’entrave à la justice », a prévenu le président démocrate de la puissante commission du Renseignement de la chambre basse, Adam Schiff. Ceci viendrait alimenter le dossier à charge contre le président républicain au Congrès, a-t-il souligné, rappelant que l’entrave à la justice avait été l’un des trois motifs de destitution retenus à l’encontre du président Richard Nixon en 1974, avant sa démission.

« On ne plaisante pas ici. Nous ne voulons pas que cela traîne pendant des mois et des mois, comme cela semble être la stratégie du gouvernement », a-t-il ajouté en conférence de presse.

Tour de force des démocrates

Dénonçant le « mépris flagrant de la Maison Blanche face à de nombreuses demandes de livrer volontairement des documents », les chefs démocrates des commissions des Affaires étrangères, du Renseignement et de supervision de l’exécutif avaient expliqué plus tôt qu’ils estimaient n’avoir « pas d’autre choix que de délivrer cette injonction ».

Pour l’heure, le cercle rapproché du président semble déterminé à jouer la montre, son chef de la diplomatie, Mike Pompeo, et son avocat personnel, Rudy Giuliani, au coeur de ce dossier, refusant le calendrier que tentent de leur imposer les élus démocrates du Congrès.