March 28, 2024
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Meurtre de vanessa lagesse : 21 ans d’attente, un nouveau procès et justice toujours pas rendue

Vanessa Lagesse a été retrouvé morte, nue dans son bungalow à Grand-Baie. Bernard Maigrot fait face à un nouveau procès dans le cadre du meurtre de la styliste Vanessa Lagesse en 2001. De nouvelles preuves scientifiques ont été identifiées par les enquêteurs. 53 témoins seront appelés à la barre. 21 ans plus tard, les proches de la victime attendent toujours que justice soit rendue. Retour sur cette affaire de meurtre, qui a été l’une des plus médiatisée du pays.
10 mars 2001. Le corps sans vie de Vanessa Lagesse, 35 ans, est retrouvé dans sa baignoire dans son bungalow à Grand-Baie. La découverte macabre a été faite par Werner Jendrzok, un Allemand, ami de la styliste, et Jayraz Sookun, son jardinier. La victime était retrouvée nue, la tête au fond de la baignoire et les jambes pliées sous elle. Un morceau de nylon, un molleton, un bout de rideau et une télécommande ont été retrouvés près de la baignoire. Des traces de sang ont aussi été découvertes dans la salle de bains. Le chef du département médico-légal de la police, Satish Boolell, attribue le décès à une dislocation et une fracture de la colonne vertébrale, indiquant que la victime a été brutalisée avant de mourir. Un mois plus tard, Bernard Maigrot, qui entretenait une liaison avec la styliste, est arrêté par la police. Il passe aux aveux. Mais en Cour, il revient sur sa confession et affirme qu’il est passé aux aveux sous la torture de la police. Malgré cela, l’enquête préliminaire se poursuit et à l’issue de celle-ci. Bernard Maigrot est déféré aux Assises, le 28 novembre 2007. Mais le 2 juin 2008, Gérard Angoh, le Directeur des poursuites publiques (DPP) ordonne l’arrêt du procès. Le suspect a toujours nie les accusations portées contre lui.
Retour sur la nuit fatidique
Lors du premier procès, trois témoins ont déclaré en cour avoir vu Vanessa Lagesse dans la soirée du 9 mars. Carole Alexandre, gérante et propriétaire du restaurant Sakura, Farzanah Sadoolah Jabeel, caissière au Store 2000, et François Rousset, directeur d’une compagnie. La première nommée explique que la victime a l’habitude de manger dans son restaurant. Le soir du 9 mars, Vanessa Lagesse s’y est rendue et a commandé à emporter. Elle a récupéré sa commande une heure et demie après. Il est alors aux alentours de 20 h 30. Elle est aussi passée au Store 2000 pour acheter plusieurs articles aux alentours de 19 h 55. C’est ce qu’a déclaré Farzanah Sadoolah Jabeel, caissière du supermarché à l’époque. Le troisième témoin, lui, voulait voir Vanessa Lagesse cette nuit-là. Il s’est rendue au domicile de la victime qui l’a reçu auprès du perron et l’a indiqué qu’elle ne pouvait le recevoir, car elle reçoit. La table avait été préparée pour deux personnes, a-t-il dit. Dans la soirée, Vanessa Lagesse dine en compagnie de son amie allemande, Elizabeth Henesch, qui travaillait à l’époque pour le compte de Bernard Maigrot. Quelque temps après le drame, Elizabeth Henesch, qui aurait été probablement la dernière personne à avoir vu la styliste vivante, avait été autorisée à quitter le pays.
Bernard Maigrot est le seul suspect dans cette affaire.
Les proches arrêtés
Plusieurs arrestations ont eu lieu pendant l’enquête préliminaire de la police. Isabelle Maigrot a été arrêtée et deux accusations provisoires ont été retenues contre elle. En premier lieu, elle répondait d’une accusation provisoire de complot pour entraver le cours de la justice. Deuxièmement, elle était accusée d’avoir tué Vanessa Lagesse, cela suivant les allégations d’un certain Julien. Les deux charges ont été rayées par la suite. Josiane Tosté, la mère de la victime, ainsi que son second époux, Maurice avaient aussi été arrêtés à l’époque. Ils étaient accusés provisoirement d’assassinat. L’accusation avait été, par la suite, rayée. Josiane Tosté a ensuite obtenu une compensation de Rs 4 millions suivant cette arrestation jugé illégale et le traitement subi.
Réouverture du procès contre Bernard Maigrot
Nous sommes en 2011. Le DPP rouvre le dossier. Bernard Maigrot est, une nouvelle fois, arrêté le 23 mai 2011, sur la base de nouvelles preuves scientifiques. Une accusation d’homicide involontaire est logée contre lui le 18 mai 2012, devant la Cour d’assises. Me Gavin Glover conteste la tenue de ce procès et soutient que son client n’a pas été confronté à ces nouvelles preuves. Le procès traîne en longueur. Les renvois s’enchaînent. Le 15 septembre 2019, le procès de Bernard Maigrot est recommencé à zéro devant la Cour d’assises. Cela, après le décès du juge Prithviraj Fekna, qui présidait l’affaire. Le 9 février dernier, le juge Benjamin Marie-Joseph donne raison à Me Glover. Il affirme que la poursuite ne pourrait se servir de preuves scientifiques contre lui, car il n’en avait pas été confronté. Le DPP prend la décision de mettre fin à ce procès. Le 21 février, deux semaines plus tard, le DPP loge un nouveau procès contre l’homme d’affaires suivant de nouvelles preuves scientifiques. Un développement qui survient après le déplacement d’une équipe française à Maurice, dirigée par le commandant Philippe Bishop et du capitaine Nicolas Pajani, en 2008. Ils avaient pour mission d’enquêter sur des affaires non résolues, dont celle du meurtre de Vanessa Lagesse. Ces derniers ont demandé que certaines pièces à conviction soient envoyées au laboratoire de Bordeaux, où des techniques de tests ADN dernier cri sont disponibles. C’est un an après que ces objets avaient été envoyés en France, et les résultats connus plus tard. L’affaire a été appelée aux assises, jeudi 3 mars. Me Gavin Glover, Senior Counsel, qui défend Bernard Maigrot, a informé le juge qu’il compte déposer plusieurs motions préliminaires sans toutefois donner de détails. L’avocat veut aussi connaitre l’identité des nouveaux témoins qui seront appelés à déposer contre Bernard Maigrot. Il demande également que des copies de leurs dépositions lui soient soumises à l’avance afin de préparer la défense de son client. L’affaire a été renvoyée au 9 mai…

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