April 19, 2024
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Mœurs: homicides conjugaux qui donnent des frissons

Deux drames conjugaux ont eu lieu dans l’espace d’une semaine. Une situation qui suscite une vague de réflexions parmi les Mauriciens. Les meurtriers et les victimes changent, mais les raisons sont les mêmes: jalousie, colère, alcoolisme et infidélité. Notre journaliste a relevé plusieurs cas récents de 2019 et 2020 pour faire réfléchir à la population concernant ces crimes horribles. Lisez.

1 495 cas de victimes de violence conjugale ont été rapportés aux autorités à Maurice de janvier à septembre 2019. Environ 5 personnes ont été tuées par leurs conjoints, ex-compagnons ou rivaux depuis le début de 2020. Le dernier cas en date est Atmaram Ramkissun qui a reçu plusieurs coups de couteau ce mardi 4 février, à Mahebourg. L’autopsie pratiquée par le Dr Maxwell Monvoisin et le Dr Prem Chamane attribue le décès à des « stab wounds to the chest ». Le suspect Sandiren Banga-rigadoo, ex-concubin de Swasti Chamrah, est passé aux aveux. Il a tué l’amant de son ex-concubine par jalousie. Dans son enquête, le meurtrier révèle qu’il les aurait surpris au lit dans une position compromettante. Malgré que le couple vive en séparation, le meurtrier n’a pas voulu que Swasti refasse sa vie avec un autre homme.

Un autre cas s’est produit au cours de la même semaine. Sujata Anatah, 23 ans a été a été retrouvée morte ce dimanche après-midi 2 février, à Poste-de-Flacq. Mère de deux enfants, âgés de 3 et 6 ans cette dernière est poignardée à l’arme blanche au cou par son époux Kreteshsingh Bhungoye en pleine rue. Plusieurs motifs du crime sont avancés, la sœur de la victime accuse son beau-frère de violence conjugale. Quant au présumé meurtrier, il accuse sa femme de l’infidélité. Le crime est commis au vu et au su de plusieurs habitants de Camp Poorun, Poste-de Flacq. L’accusé a pris la fuite une fois son forfait commis. Ce n’est que le lundi matin qu’il a été capturé dans un champ de canne. Dans son interrogation, il a plaidé coupable et a exprimé son regret.

Il a raconté qu’il a commis le meurtre dans un accès de colère. Notons que la victime détenait un ordre de protection de la cour de Flacq contre le suspect. Le mardi 14 janvier, Swasti Ramsalia, 38 ans, a infligéun coup mortel à son compagnon Kisnen Veerabudren, 45 ans. La scène s’est déroulée à leur domicile à Vacoas devant leur fillede douze ans. Raison: son compagnon lui a reproché d’être arrivée en retard à la maison et mère et filleont été battues. Pour se défendre, elle dit avoir saisi un couteau et lui a donné un coup à la poitrine. Il s’est efondré. Cette violence domestique, selon une proche de Kisnen, durait depuis 12 ans. Il avait un penchant pour la bouteille. Soulignons qu’à maintes reprises, Swasti a quitté son compagnon, mais elle finit toujours par lui pardonner en raison de leur enfant. Autre drame familial au cours de ce mois de janvier noir, c’est le cas de Bhavish Rosun.

Il succombe à trois de balles tirées par un policier de l’Emergency Response Service (ERS) dans la soirée du jeudi 2 janvier. Le drame s’est produit au domicile du couple à Bord Cascade, Henrietta. Sous l’influenc de l’alcool, la victime agressait son épouse Sheena Rosun avec sabre et menacer de tuer ses deux fil. Il a même mis son sabre sous la gorge de son fil. Les policiers ont alors brisé plusieurs panneaux de vitres et ont même utilisé une bombe lacrymogène. C’est alors qu’un policier a tiré trois coups de feu sur Bhavish Rosun, qui est atteint à l’abdomen et au cou. Ce dernier n’a pas survécu à ses blessures. Dans sa version, Sheena raconte qu’elle est femme battue. Elle avait même déserté la maison conjugale pour retourner chez son père et avait même déposé plusieurs plaintes au poste de police ainsi qu’à la Family Protection Unit.

En septembre 2019, Bibi Shabneez Mohamud, une mèreâgée de 33 ans, avait été étranglée par son époux Nasruddin Mohamud, 38 ans, qui la soupçonnait d’infidélité.Les bagarres se sont déroulées devant les deux enfants qui ont tenté de venir en aide à leur mère avant qu’elle ne soit étranglée par son époux. Fou de rage, le suspect n’a pas hésité à asséner un violent coup de poing au visage de son fil aîné de 14 ans, qui menaçait de le dénoncer à la police.

La dispute a alors dégénéré et, malgré la résistance de la victime le trentenaire l’a agrippée par le cou pour l’étrangler. Le suspect a été arrêté sous une accusation d’assassinat et il est passé aux aveux. L’inaction policière a été décriée dans cette affaire. La maman avait demandé à ses enfants d’aller chercher de l’aide au poste de police de la localité. Mais à l’arrivée des policiers, la femme avait déjà rendu l’âme. Les policiers auraient mis plus d’une heure pour répondre à cet appel de détresse. Cinq policiers, dont un Sub Inspector, un sergent de police et trois constables, font l’objet d’une enquête pour non-assistance à personne en danger. À la suite de cette tragédie, les deux enfants sont allés habiter chez leur oncle à Camp-Chapelon, Pailles. Les cadres de la Child Development Unit (CDU) et un psychologue du ministère de l’Égalité des genres.

Comment la police scientifique a fait baisser le nombre d’homicides en France

En dix ans, le nombre d’homicides en France a chuté de 35,11%, selon une note de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ).Mieux encore, «le taux d’élucidation du crime vient de franchir la barre des 87%». Une chute vertigineuse qui peut s’expliquer par les progrès de la police technique et scientifique.

Evolutions techniques

Ainsi, les relevés d’empreintes papillaires (des doigts et des paumes) peuvent désormais se faire sur toutes les surfaces (bois, plastique, métal, …), et les scientifiques peuvent, grâce à l’odorologie, confondre un suspect, en récupérant les odeurs laissées par le criminel sur chaque objet qu’il a touché, explique à 20minutes.fr Guillaume Le Magnen, chef du service central d’identité judiciaire à Lyon.«C’est plus ou moins compliqué, mais on arrive toujours à extraire quelque chose. Les techniques évoluent, s’affinent nous permettent d’être plus efficac», précise-t-il. Côté biologique aussi, «on a gagné en sensibilité. Là où il nous fallait auparavant 1.000 cellules pour obtenir un résultat, il ne nous en faut plus aujourd’hui que 50 ou 100», précise à 20minutes.fr Laurent Pene, chef de la division biologie de l’Institut national de la police scientifique (INPS) de Lyon.

Des évolutions, mais pas de révolution

Cependant, «il faut être très méfiant avec les chiffres» cités par la DCPJ, tempère Laurent Pene. «Le nombre global de faits commis et le taux d’élucidation sont deux choses bien différentes. La police scientifique peut peut-être influer sur le second, mais sûrement pas sur le premier.» En effet, «les criminels ne s’empêchent pas de commettre un crime parce qu’ils pensent qu’il y a de fortes chances qu’ils soient attrapés. On le voit bien avec le taux de criminalité des pays où la peine de mort est en vigueur: ce n’est pas dissuasif», note-t-il.

Car, s’il y a eu évolution ces dix dernières années, il n’y a pas eu de «révolution». «Les effets du travail de la police scientifique sont plutôt à rechercher du côté de la généralisation et d’une meilleure appropriation de ces techniques», explique-t-il. Ainsi, avant 2000, «les constatations sur les scènes de crimes étaient moins bien faites qu’aujourd’hui», note Laurent Pene.

Les criminels oublient toujours quelque chose Depuis, il y a également une meilleure organisation de terrain, avec notamment l’existence d’un «coordinateur de police technique et scientifique» depuis 2005-2006, qui «coordonne les techniciens et les techniques de relevés sur les scènes de crimes, qui sont par définition complexes, et d’orienter vers les meilleures techniques de prélèvement» à mettre en oeuvre, explique Guillaume Le Magnen. Autre avancée: l’instauration du fichier national automatisé des empreintes génétiques (ADN), créé en 1998, et où sont aujourd’hui recensés quelque 1,5 million d’individus. Pas étonnant, donc, qu’on note une amélioration significative.

Et, même si «les criminels s’adaptent aux nouvelles technologies, même s’ils brûlent une voiture après un braquage ou nettoient la scène de crime avec un détergent, si l’on fouille bien, ils auront forcément oublié quelque chose que la police scientifique va trouver. Et on finira par les attraper», indique Laurent Pene.Seul écueil: quand on ne retrouve pas le corps de la victime. «Dans ces cas-là, il nous est impossible de faire des constatations, on en peut pas savoir où, quand, et comment la personne a été tuée», précise Laurent Pene. Le crime parfait en somme.