March 28, 2024
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Opinion

Ne plus détruire les plants de gandia !

Les plants de gandia absorbent deux fois plus de dioxyde de carbone que les arbres. Et peuvent donc contribuer au combat contre le dérèglement climatique. C’est la résultante d’une étude menée par une équipe de scientifiques d’Hudson Carbon, un centre de recherches basé à New York, et qui travaille sur les propriétés du dioxyde de carbone.

Pour ceux qui n’ont pas fait de chimie au collège, Wikipedia nous apprend que « le dioxyde de carbone, également appelé gaz carbonique ou anhydride carbonique, de formule moléculaire CO2, est un gaz incolore, inerte et non toxique. Il se compose de deux atomes d’oxygène et d’un atome de carbone. Il joue un rôle primordial dans le cycle du carbone sur la planète : l’être vivant transforme l’oxygène en CO₂ tandis que les plantes transforment le CO₂ en oxygène. Le dioxyde de carbone participe ainsi activement à la respiration des êtres vivants et à la photosynthèse des plantes. »

Ce que nous apprennent ces scientifiques, tel que le rapporte la journaliste Maureen Meehan dans son article sur le sujet, c’est que les plantations de cannabis, gandia à Maurice, peuvent aider à réguler le taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Aidant ainsi l’homme à respirer mieux, et prolonger sa survie sur la planète. »One wonders…What are we waiting for ? », s’interroge la journaliste. Qu’attendent effectivement les gouvernements pour régulariser le gandia sur leurs territoires ?

A Maurice, cette plante est hors-la-loi, séquelles du colonialisme, mais aussi de la politique répressive menée par les EtatsUnis et ses organismes de lutte « antidrogue »,qui mettaient la plante dans la catégorie des drogues. Or, même ce pays, et les Nations Unies, ont fini par déclassifier cette plante, considérée désormais comme ayant des vertus curatives et industrielles. Mais, entre-temps, les lois n’ont pas été amendées. Et si à Maurice, le judiciaire se montre plus souple envers les consommateurs de gandia, les rastas s’estiment toujours persécutées. Et personne n’a oublié comment ils furent traités dans les rues de Port-Louis. La première fois en face des Casernes Centrales, et la deuxième en face du Parlement, où ils furent embarqués pour « manifestation illégale », toute manifestation étant interdite quand le Parlement siège.

A Maurice, les plants de gandia poussent facilement. Et ne nécessitent pas de grands investissements en termes d’entretien. A titre de comparaison, les plants de coton, dont la fibre est utilisée à 45% dans le textile au niveau mondial, ont besoin de beaucoup d’eau. La journaliste ajoute que « hemp is the fastest growing plant on earth », pouvant atteindre 4 mètres de hauteur en 100 jours ! Quand on sait que le cannabis industriel, après traitement, est utilisé dans la confection de matériel pour voitures, pour le textile et la construction, des briques notamment, on se rend de ce qu’on perd.

Car, si les fumeurs de gandia ne vont plus en prison, nul n’a le droit de cultiver cette plante chez soi. Et à Maurice, elle est toujours détruite par la police, après saisie. Est-ce donc la bonne approche ? D’ailleurs, une des causes de l’entrée des drogues dures et synthétiques sur le marché mauricien est dû au fait que les consommateurs de gandia ont dû se rabattre sur ces substances illicites, au vu de la répression en cours. Et ce, malgré le fait que le gandia soit une plante naturelle !

S’il est vrai qu’aucun gouvernement n’osera venir dire qu’il compte investir dans la culture du gandia, de peur de perdre des élections, il n’est pas dit que l’approche ne changera pas dans les années à venir. Surtout au vu de l’ampleur du désastre causé par la drogue dure et synthétique à Maurice. Les rastas demandent la régularisation du cannabis, eu égard à leurs croyances religieuses. Mais même si on dépouille cette plante de ses mythes religieux, le gandia est naturel.

Si on entre dans la logique de la répression, il faudrait alors détruire tous les champs de canne, dont le dérivé, le sucre, mène au diabète, et les plants de tabac, qui deviennent cigarettes et sources de cancers du poumon. Mais ces deux plantes ont un statut on ne peut plus légal dans notre île. Malgré leur évident degré de nuisance dangereuse .Alors, pourquoi le plant de gandia ne bénéficie pas du même traitement et est systématiquement détruit ? Parce qu’il n’a pas le même lobby que Big Pharma ?

Food for thought !

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