March 29, 2024
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Opinion

Nishal

La gestion des relations publiques n’a jamais été le fort de ce gouvernement. Pourtant, avec une armada de conseillers et d’attachés de presse, on se serait attendu à ce que le dossier Nishal Joyram soit mieux géré. Mais ce n’est pas le cas. Ceux qui conseillent Pravind Jugnauth lui ont sûrement dit que Nishal est seul, et que la majorité des automobilistes ne sont pas avec lui.

Or, beaucoup de Mauriciens ont peur d’afficher leurs opinions en public. Et on voit mal des fonctionnaires, possédant tous une ou plusieurs voitures, aller montrer leur solidarité à cet homme qui a fait une grève de la faim, pour réclamer une baisse du prix de l’essence, et des produits pétroliers. En restant sourd aux attentes du gréviste, le gouvernement joue gros. Même si les résultats ne se verront pas tout de suite.

Mais toujours est-il que c’était en quelque sorte jeter le gréviste dans les bras de l’opposition, dont les leaders se sont empressés d’aller lui rendre visite. L’opposition extraparlementaire est aussi présente, et si la grève de la faim se tient dans les parages de la Cathédrale, c’est que l’Eglise aussi estime que le combat de l’enseignant est juste.

Alors, personne au gouvernement ne comprend ce message ? Alors que tout est public aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, et que chaque Mauricien est au courant que les produits pétroliers ont connu une baisse ailleurs, ils ne comprennent pas pourquoi cela n’est pas le cas ici ? C’est cette façon de faire, et ce manque arrogant de communication, qui n’est pas bonne pour l’image du gouvernement. En Europe, aux Etats-Unis, tout gouvernement a un porte-parole, un représentant qui descend sur le terrain, et va expliquer les décisions du gouvernement, et répondre aux critiques du peuple, du monde des affaires, des syndicats.

Ici, les portes restent closes, personne n’a le droit de communiquer. Il faut juste attendre que le Premier ministre fasse ses sorties, et daigne s’adresser à la presse. Et ce, entre deux réunions, et les barrages des gardes du corps. Hormis cela, Pravind Jugnauth ne semble pas comprendre qu’il lui faut faire de vraies exercices de communication avec la presse. Nous vivons dans un monde connecté. Et Pravind Jugnauth, qui voulait transformer notre île en cyberîle du temps où il était ministre des Finances, doit savoir que la communication est importante et nécessaire de nos jours.

En ne portant pas attention aux revendications de Nishal Joyram, et par extension à tous ceux qui estiment que le prix de l’essence aurait dû baisser, le chef du gouvernement joue gros. Bien entendu, ses conseillers et attachés de presse, députés et ministres, lui diront que « tou korek », mais ce n’est pas en tournant le dos à la réalité vécue par le peuple que ce gouvernement le gagnera à sa cause.

D’ailleurs, ceux qui descendront sur le terrain pour les municipales, ou les générales anticipées, poseront des questions aux représentants du gouvernement. Et il leur sera très difficile de défendre le dossier essence et produits pétroliers. Et entretemps, l’opposition parlementaire et extraparlementaire, ayant enfin compris que son sort doit être dans l’unité, a commencé à se regrouper. L’alliance qui se dessine est pour l’instant disparate, mais même Ashok Subron appelle à la réunion de toutes les forces d’opposition. C’est dire !

Il fallait donc écouter Nishal Joyram, voire même aller parlementer avec lui. Cela ne s’est pas fait. Fort dommage. Car s’il y a deux extrêmes dans une grève de la faim, avec l’option Margaret Thatcher qui laisse mourir Bobby Sands, ou celle de l’Empire Britannique obligée de se plier aux volontés de celui que Winston Churchill qualifiait de « naked fakir ». Le gouvernement a le choix entre ces deux options. L’histoire a retenu que Thatcher menait une politique fasciste, et que le Mahatma Gandhi était un homme droit .Soit que dans les deux options, ce sont toujours ceux qui font preuve d’arrogance et d’indifférence qui ont tout à perdre. Surtout quand ils n’entendent pas les cris de douleur du peuple !

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