March 29, 2024
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Obituaire : Tristan Bréville, la passion photo

Il sera donc parti comme ce flash qui sortait de ses appareils-photos. Tristan Bréville, le directeur du Musée de la Photo a tiré sa révérence à l’âge de 76 ans. L’ancien instituteur, qui se reconvertira en photographe, muséologue et amoureux du patrimoine, était un passionné de la photo.

A l’époque où Google voulait introduire ses Google maps, mettant en exergue les photos des régions du globe, c’est à Tristan que la compagnie fit appel. Tout comme les politiciens mauriciens faisaient appel à lui pour les croquer en mieux.

Avec sa femme et ses deux enfants, il s’était lancé dans la création du Musée de la Photographie, à la rue du Vieux Conseil. Un projet soutenu par la mairie de Port-Louis. Jusqu’à un certain temps du moins, le poussant à crier secours pour sauver ses pellicules, ses presses, et ses témoignages du passé de cette île. Les visiteurs étrangers accouraient en ce lieu, dont le président Jacques Chirac, alors en visite à Maurice, et qui fit don d’un million de roupies, pour la sauvegarde du musée.

Tristan avait aussi publié plusieurs ouvrages, dont un sur les trains. Il parcourait son île à la recherche de la photo perdue. Et comme Marcel Proust, croquait sa Madeleine le cœur content, quand il trouvait son compte pour une petite presse ayant appartenu à Berthe Dupavillon. Ou une photo de Jacques Brel au Plaza, en compagnie de Georgie L’Etourdie.

Jamais fatigué, il remettait sans cesse son appareil sur son métier de « fotoyer », et l’appareil en bandoulière, de conférences de presse en rencontres avec grands et petits de son île, il parlait de l’importance de sauver les pans du passé. Pas toujours compris par ceux d’en haut, il avait fini par jeter les armes et laissait les rênes du Musée à ses enfants et à sa femme.

A sa façon, cet iconoclaste essayait de nous montrer où se trouvait la beauté de cette île. Non pas dans les rectangles froids des buildings qui asphyxient l’île, mais dans les sourires, les petits gestes et les instants croqués au vif. Il est sûrement déjà en conversation avec Cartier-Bresson ou Sarane Alexandrian. Ce professeur Tournesol de la photographie ne donnait cependant pas dans la bande dessinée. Dans son combat pour le patrimoine, il a été souvent seul, entouré de sa famille.

Essayons maintenant de comprendre ce que Tristan Bréville voulait nous dire. Il est un peu tard, il est vrai. Mais essayons !

Merci Tristan, pour un Portrait d’artiste, pour toutes les fois où tu m’as ouvert la porte de ton musée, pour me montrer les trésors enfouis au fond dans l’arrière-salle qui te tenait lieu de bureau. On se reverra, un jour. Au plus près du bleu du ciel, qui donne les plus belles photos !

Mazavaroo présente ses condoléances à la famille endeuillée.

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