April 24, 2024
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Pères en détresse : SOS Papa lance une campagne de témoignages sur Facebook

Une campagne permettant aux papas, privés de leurs enfants après une séparation parentale ou un divorce, de témoigner leur combat, leur souffrance, voire leur calvaire à travers des vidéos publiées sur le réseau social Facebook. Cette initiative revient à SOS Papa, une organisation non-gouvernementale (ONG) qui défend les droits de ces papas, et qui a pour objectif de sensibiliser la population sur l’importance et le maintien des liens affectifs des enfants envers leur père, en cas de séparation ou de divorce. La campagne a été lancée le 1er juin dernier, dans le contexte de la fête des pères.

« Cette campagne se déroule uniquement sur la page de SOS Papa sur Facebook. Nous invitons les papas qui se trouvent dans cette situation à venir publier leurs vidéos, démontrant leur souffrance et leur combat. A titre d’exemple, nous avons reçu une vidéo dans laquelle un papa est allé rendre visite à son enfant et il a filmé la rencontre. La maman n’a pas voulu que l’enfant s’approche de son père. Elle l’a tenu par les bras et a demandé au papa de le voir de loin. Or, la Cour a accordé un droit de visite à ce père. A travers cette campagne, nous visons à attirer l’attention des autorités concernées, en particulier le système judiciaire et le ministère de l’Egalité des Genres, pour démontrer que des hommes et pères de familles sont aussi victimes », explique Darmen Appadoo, fondateur et président de SOS Papa.

Il déplore l’absence d’une loi pour protéger ces pères. « Malheureusement, c’est une réalité qui persiste dans la société. Même si un père a obtenu droit de visite à son enfant ou droit d’hébergement après une séparation parentale ou divorce, la mère se permet d’interdire le papa de voir son enfant. Aucune sanction n’est prise contre elle. Pourtant, elle fait carrément fi de la décision de la Cour. Ce problème devient une épidémie qui est en train de détruire l’existence de plusieurs hommes. A ce jour, il n’y a aucune autorité qui veille à ce que les ordres de la Cour soient respectés », regrette notre interlocuteur.

Darmen Appadoo explique d’emblée que les pères qui font face à une telle situation doivent à nouveau intenter un procès en Cour pour « rappeler la maman à l’ordre ». « C’est une perte de temps et d’argent pour le papa. De plus, la Cour va prendre une éternité pour statuer. Pendant ce temps, beaucoup de pères tombent dans la détresse et n’ont plus goût à la vie », affirme Darmen Appadoo.

Ce dernier indique par ailleurs que les mamans ont trouvé une nouvelle « stratégie » pour interdire les rencontres entre papas et enfants. « Depuis quelques temps, nous avons reçu plusieurs doléances où les papas racontent que les mamans ont déposé une plainte à la police, alléguant que les enfants ont été victimes de violence ou d’attouchement aux mains de leurs papas. Ainsi, tout droit de visite ou d’hébergement est retiré du père. Si après enquête et examen médical, il s’avère que l’allégation portée à l’encontre du papa est fausse, son droit de visite ou d’hébergement n’est pas rétabli. Il devra formuler une nouvelle demande à la Cour. De plus, aucune sanction n’est prise contre la mère », explique le président de SOS Papa.

Première ONG pour les pères à Maurice

Pour la petite histoire, SOS Papa a été officiellement lancée en 2008. Elle est la première organisation militant pour les droits des pères à Maurice. « Dans la majorité des cas, la garde des enfants va à la maman après une séparation parentale ou un divorce. A SOS Papa, nous estimons que c’est une décision discriminatoire et anticonstitutionnelle. Nous ne nions pas qu’il y a des cas où les papas obtiennent la garde de leurs enfants, mais en général, c’est toujours la maman qui est considérée comme la victime. Dès qu’une femme décide de se séparer de son compagnon, elle se permet de quitter la maison avec les enfants. Quand un cas de divorce est appelé en Cour, la garde des enfants est donnée à la mère en attendant l’achèvement du procès. Personne n’est en mesure de comprendre l’état d’esprit d’un père ou de lui venir en aide par rapport à ses enfants. Puis, à la fin du procès, le papa n’obtient que quelques visites à ses enfants ou un droit d’hébergement pendant le week-end. De plus, les mères deviennent capricieuses à la longue et interdisent les papas de rencontrer leurs enfants. Toutefois, elles vont toujours réclamer la pension alimentaire (alimony) que les papas sont appelés à verser après un divorce », affirme Darmen Appadoo.

Le président de SOS Papa soutient qu’avant 2008, il n’existait aucune instance pour plaider pour ces pères devant la justice ou encore apporter leur soutien à ces papas. C’est pourquoi il a décidé de lancer SOS Papa pour soutenir ces pères dans leur combat. « A Maurice, dans toutes les situations, les mères demeurent les victimes et les pères les bourreaux. Il y a certes des cas ‘genuine’ ou les hommes sont des bourreaux mais on ne peut pas généraliser tous les cas », précise notre interlocuteur. SOS Papa est une petite organisation qui opère grâce à la contribution de ses membres. « Nos moyens financiers sont très limités. C’est pourquoi nous ne pouvons organiser de grandes activités. Mais, nous sommes toujours à la disposition et à l’écoute de tous les papas en difficulté. Nous leur prodiguons des conseils, surtout par rapport à la loi, et nous leur accompagnons pendant leur combat judiciaire. Il y a des papas qui ne savent même pas qu’ils ont droit de visiter ou d’avoir leurs enfants pendant le week-end après une séparation ou un divorce. Grâce à notre ONG, beaucoup de papas ont réalisés leurs droits », fait-il ressortir.

Par ailleurs, Darmen Appadoo explique qu’il y a des hommes qui subissent la violence aux mains de leurs épouses mais qu’ils ont honte à raconter. SOS Papa apporte son soutien à ces pères en leur offrant l’encadrement dont ils ont besoin pour mener leur combat. Le ministère de la Femme est devenu ministère de l’Egalité des genres mais il milite toujours uniquement pour le bien-être des femmes. Nous entendons souvent parler d’une campagne de sensibilisation à l’intention des femmes. À quand une campagne de sensibilisation pour les hommes ? Le ministère a un devoir de sensibiliser les hommes également sur leurs droits. Chaque année, on célèbre la journée de la femme. À quand une journée pour les hommes », se demande Darmen Appadoo.

D’ailleurs, SOS Papa a démarré une campagne sur la violence domestique contre les hommes. « Il existe des hommes victimes de violence domestique mais leur voix n’est jamais entendue. Récemment, le cas de Johnny Depp et d’Amber Heard a secoué le monde. Il a fallu qu’une figure célèbre et internationale soit victime de violence conjugale pour que le monde accepte que cette situation puisse exister. A Maurice, le « Protection Order » est servi comme des petits pâtés, sans vraiment savoir si le cas est ‘genuine’ ou pas. De plus, l’homme n’a aucun moyen de le contester », soutient Darmen Appadoo. Et de rappeler qu’il avait préparé un dossier en 2015, soumis au ministère de l’Egalité des genres. Mais, ce dossier, dit-il, a disparu. La loi de la violence domestique a été amendée à plusieurs reprises mais aucune clause n’a été ajoutée à l’intention des hommes », déplore-t-il.

Darmen Appadoo avance que son rêve et la mission de SOS Papa visent à convaincre les autorités concernées, à savoir le gouvernement et en particulier le ministère de l’Egalité des genres, de proposer une loi qui protège l’intérêt de tout un chacun sans discrimination, une loi qui protège le père, la mère tout comme l’enfant.

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