March 29, 2024
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Plaine-Verte : Afroze, 83 ans, rampe à l’aide de ses mains pour se déplacer

Son histoire suscite beaucoup d’intérêt et d’admiration. Bibi Afroze Jafarally, une habitante de PlaineVerte âgée de 83 ans, n’a plus l’usage de ses pieds. Veuve et vivant seule dans une petite maison en tôle, elle utilise ses mains pour se déplacer. Malgré son âge avancé, son handicap et surtout les difficultés qu’elle encourt, elle ne veut surtout pas être dépendante des autres. Rencontre…

C’est dans sa petite maison en tôle très modeste, sise à la rue Serang à Plaine-Verte, que nous avons rencontré Afroze. Elle était assise sur son tapis de prière en train de faire la causette avec sa nièce venue lui rendre visite. Cette bicoque comprend trois pièces. Dans la première pièce, il y a un lit, des fauteuils, des chaises, une table du milieu et une télé, entre autres. Sur le sol, il y a deux tapis de prières et des oreillers. C’est là qu’Afroze passe le plus clair de son temps. Dans la deuxième pièce, il y a un deuxième lit et une table à manger. La dernière pièce sert de cuisine.

Même si elle ne pouvait pas se mettre debout, la vieille dame de 83 ans, nous a accueillis très chaleureusement dans sa modeste demeure. Sans plus tarder, elle nous fait le récit de ses mésaven- tures. Afroze est originaire de Surinam, au sud du pays. Elle y a passé toute son enfance et sa jeunesse. « Mon défunt époux, Abdool Hossen Mamode, était aussi originaire de Surinam. J’avais seulement 16 ans quand je l’ai connue et nous nous sommes mariés. Quelques années après notre mariage, nous sommes venus nous installer à PlaineVerte. Nous n’avons jamais eu d’enfant. Il y a 35 ans, mon époux a quitté ce monde, en me laissant seule derrière. Ma vie a complètement changé depuis », confie Afroze.

Après le décès de son époux, Afroze a dû travailler dur pour joindre les deux bouts, jusqu’à ce qu’elle prenne sa retraite. Malgré toutes les difficultés qu’elle a connues, Afroze jouissait d’une parfaite santé et croquait la vie à pleines dents, jusqu’à ce que la malchance frappe à sa porte. Il y a une dizaine d’années, la vieille dame est atteinte d’une bronchite aigue, provoquant de fortes fièvres. « J’ai été malade pendant plusieurs jours. La fièvre devenait de plus en plus forte. Les jours passaient, je ne constatais aucune amélioration, même si je prenais les médica- ments. Puis, je me suis sentie très faible. Je restais sur le lit. Et quand je descendais pour aller faire le ménage, je n’arrivais pas à me tenir debout sur mes pieds. Je pensais que ce n’était qu’une faiblesse passagère », relate Afroze.

Constatant que son état de santé s’aggrave de jour en jour, ses proches décident de l’emmener chez un médecin. Elle a le choc de sa vie quand elle apprend qu’elle ne pourra plus jamais marcher. « La maladie a attaqué mes nerfs et j’ai perdu l’usage de mes deux pieds. J’étais anéantie. J’ai beaucoup pleuré. Je me suis retrouvée face à un nouveau défi de la vie. Même si je suis devenue handicapée des pieds, j’ai demandé à mon Créateur de me fournir suffisamment de courage pour que je ne sois pas dépendante des autres », dit-elle. En effet, Afroze retourne chez elle et décide de vivre sa nouvelle vie. Elle apprend à se déplacer à l’aide de ses mains et ses genoux, notamment à quatre pattes comme un bébé. « C’est très difficile. Le déplacement est très douloureux. J’ai mal à la main et aux genoux mais je n’ai pas d’autre choix », fait-elle ressortir. D’ailleurs, les bleus sur ses genoux démontrent ses difficultés et douleurs. Pourtant, tous les matins elle fait de son mieux pour nettoyer sa maison. Elle prépare ses repas. Dans sa cuisine, le four et les ustensiles ont été installé sur un meuble très bas, afin qu’Afroze ne rencontre aucune difficulté. « Les matins et l’après-midi, il y a une dame qui vient m’aider. Elle fait un peu le ménage et la lessive. Parfois, elle prépare le repas et d’autres fois, elle reste à mes côtés quand je suis en train de cuisiner. Par la grâce de Dieu, j’ai réussi à surmonter cette épreuve », dit-elle.

Afroze vit sur sa pension de vieillesse. « Même si je suis seule, cette pension ne suffit pas. Mes médicaments me coutent environ Rs 5000 mensuellement. Je préfère acheter des médicaments à la pharmacie car pour être franche, je ne reçois pas de bon traitement à l’hôpital. Si je me rends à l’hôpital, le médecin me prescrit que des ‘panadol’. Puis, une partie de ma pension sert à payer la dame qui s’occupe de moi. Heureusement qu’il y a des bienfaiteurs qui m’offrent leurs aides. Certains m’apportent à manger, d’autres des produits alimentaires. Il y a aussi des gens qui m’offrent un peu d’argent. Grace à leur aide, je vis ma vie en toute tranquillité », souligne notre interlocutrice. L’année dernière, Afroze est tombée gravement malade. Elle a dû faire le va-etvient chez le médecin. Mais, elle s’est vite remise de la maladie. Ses proches indiquent que malgré sa maladie et son handicap, Afroze ne manque aucune de ses prières et elle garde tous les jeûnes du Ramadan.

Rosy, la garde-malade

« J’ai pris la connaissance de l’état d’Afroze par le biais de ma tante. Elle m’a parlé d’elle et m’a demandé si je pouvais travailler chez elle pendant quelques heures au quotidien. Depuis six années, je m’occupe d’Afroze. Je viens tous les matins avant que je ne parte travailler. J’accomplis quelques tâches ménagères. Ensuite, je reviens pendant la journée pour voir s’il y a autre chose à faire », explique Rosy. Cette dernière se dit impressionnée par le courage et le dévouement d’Afroze. « Elle est vraiment courageuse. Malgré son âge avancé et son handicap, elle se débrouille bien. Je pense qu’elle puise cette qualité de son entourage. Ses proches viennent lui rendre visite tout au long de la journée. Ils s’enquièrent de son état de santé par téléphone. Elle reçoit de la visite toute la journée. Finalement, elle n’est pas seule et arrive à faire face aux difficultés malgré son handicap », confie Rosy.

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