March 29, 2024
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Opinion Politique

Productivité, emploi et relance : les enjeux majeurs

La seconde phase de la réouverture de nos frontières, que l’on présente comme déterminante pour la reprise à Maurice, en appel à d’autres questions : est-ce qui faudra demander un double effort aux salariés et autres travailleurs, pêcheurs et agriculteurs, entre autres, afin de relever le défi de la productivité ? Quel serait le discours approprié à leur adresse pour que cet appel soit entendu, compte tenu du fait que l’ensemble de nos concurrents eux aussi sait que ce sont les coûts de production et la qualité des produits qui feront pencher la balance dans la conquête de nouveaux marché et de la productivité dans une plus grande mesure.

Floreal Knitwear

Nous savons que depuis les années 70, lorsque Floreal Knitwear avait réalisé des productions record de pulls, l’île Maurice n’est pas réputée pour fabriquer en gros volumes. Nous n’avons ni la main-d’œuvre pour cela, ni non plus les grosses commandes. Depuis plus d’une dizaine d’années, nos producteurs visent les marchés niches, garants de chiffres d’affaires et commandes durables, mais qui ne prisent pas de gros volumes. Nos contraintes sont à deux niveaux : nous sommes obligés d’importer nos matières premières alors que nos clients se trouvent plutôt excentrés. Seule exception : l’AGOA qui nous garantit un marché à condition de nous procurer notre matière première en Afrique. Pour le reste, il nous faut nous battre avec nos propres armes.

Travail à distance

L’année dernière, durant le premier confinement, nous avons expérimenté le travail à distance avec un certain bonheur au même moment où certaines entreprises, elles aussi, avaient choisi la télévente pour survivre. C’est ainsi que certains de nos compatriotes avaient appris la résilience. Cette expérience doit servir de socle à l’édification de l’espoir pour les prochaines années. Une des pistes qu’il faut à tout prix encouragé est celle du 24/7, que nous avons déjà expérimentée dans le passé, sans jamais y donner suite et sans chercher à comprendre pourquoi elle avait échoué. Une des raisons serait sans doute le fait qu’elle avait pour origine et en amont le souci et la volonté de certains commerçants de la capitale de faire de la survente après les horaires habituels.

Or, il fallait que l’initiative procède d’une volonté politique, avec l’identification des secteurs d’activité qui travaillent jusqu’à tard, les commerces – restaurants, centres commerciaux, et autres magasins qui s’y trouvent -, et la densité de la population. C’est la prise en compte de l’ensemble de ces facteurs qui aurait permis de cerner la réalité du 24/7.

L’externalisation

Il existe déjà un secteur qui s’inscrit parfaitement dans le modèle du 24/7, celui de l’externalisation, qui emploie une majorité de jeunes. Il est regrettable que la cyber-cité d’Ebène ait été mal conçue, dépourvue d’une véritable vision alors qu’elle présentait déjà les promesses d’un secteur dynamique, celui des télécommunications innovantes. Sans parking, ni espaces verts, la cyber-cité aurait dû être un cyber-village piétonnier, avec des zones commerciales et résidentielles intégrées, en soutien à des activités qui ne s’arrêtent jamais. D’autant qu’elle est située dans ce fameux triangle qui court maintenant jusqu’à Helvetia, où une nouvelle ville est en train de sortir de terre. L’autre bonne nouvelle est la desserte annoncée de cette localité par le métro. Pour dupliquer la cyber-cité un peu partout, il faudra pourtant créer des conditions de sécurité idéales qui permettraient aux femmes de marcher à toute heure dans une zone professionnelle ou de casser la croute dans un de ces restaurants sans subir les quolibets machistes ou d’être sous une menace physique

Partout où seront construits des Urban Terminals, il y aura des développements fonciers et résidentiels qui mettront en valeur les endroits desservis par la ligne du métro. Comme ce fut le cas dans le passé et dans l’histoire de l’humanité : des villes sont nées le long des chemins de fer, donnant lieu à une multitude d’activités économiques. Il appartient aux élus locaux de savoir tirer avantage de cette nouvelle configuration, en dynamisant l’activité économique. Ces nouvelles lignes, qui relieront villes et villages de l’île, seront aussi l’occasion de desserrer la pression sur la capitale, en décentralisant ses activités. Ailleurs, elles permettront aux écoles et collèges d’être plus proches des apprenants.

Grands travaux

Le métro n’est pas qu’une fierté nationale dans cette région de l’océan Indien, dans ce petit bout de pays. Il s’inscrit dans le développement dynamique de Maurice au moment où nous en avons vraiment besoin.

Parallèlement, le pays ne lésine sur aucun moyen pour achever les grands travaux d’infrastructures publiques destinés à désengorger le trafic routier. La création de ces grands axes routiers répond à la problématique causée par le nombre grandissant de véhicules sur nos routes. Il n’est pas une localité qui ne voit pas ses habitants bosser dur pour acquérir sa petite voiture.

Depuis plus d’une vingtaine d’années, maintenant, de nombreux Mauriciens exercent un deuxième emploi afin de satisfaire aux attentes issues des mutations d’une société en plein essor, avec ses dysfonctionne- ments et frustrations.

Ce sont là autant de défis auxquels ce gouvernement doit s’attendre s’il ne créé pas les conditions d’un développement harmonieux et égalitaire. L’emploi et le pouvoir d’achat qu’il générera devront pouvoir apporter une réponse à ce défi, mais il n’y en aura pas pour tout le monde…