April 18, 2024
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Opinion

Richesse commune

Il suffisait de lire les commentaires des internautes, dimanche dernier. Tous étaient derrière le boxeur Richarno Colin, et se disaient fiers d’être Mauriciens. Et après que le boxeur se soit fait voler sa médaille d’or par les arbitres Britanniques, là encore nos compatriotes ont montré leur étonnement que Richarno n’ait pas été sacré.

Et ces commentaires venaient d’internautes de toutes communautés confondues. Pour dire que le Mauricien, » at grassroot level », reste uni. Et le sport, la culture aussi, arrivent à galvaniser cette synergie. Comment donc l’Etat, à travers la Commission Electorale et l’Electoral Supervisory Commission, en sont venus à tenir tête aux revendications de Rezistans ek Alternativ, dont les candidats veulent se déclarer Mauriciens, alors que justement l’exemple est donné, tant sur le plan local qu’international, que le mauricianisme est bel et bien une réalité. Et aussi notre richesse commune, pour paraphraser littéralement le mot « Commonwealth » ?

En fait, à part les politiciens, et leurs subalternes communaux et castéistes, tous les Mauriciens respirent le vivre-ensemble. Et c’est pour cela que depuis 1968, malgré des « bagarres raciales » avant l’indépendance, et les émeutes de février 1999, jamais les communautés n’ont cédé aux sirènes des pyromanes. Et quelque part, les dieux qui veillent sur notre île, toutes religions confondues là encore, nous montrent que si vous utilisez l’épée, vous périrez par cette même arme. Ceux qui ont vu la vidéo montrant un gros bras malmené à Grand Bassin savent de quoi je parle.

Et là, il faut saluer la sagesse de nos frères et sœurs Hindous, qui ont toujours montré qu’eux aussi veulent la paix et la fraternité avec les autres communautés. Car, nous sommes tous sur le bateau Maurice. Et les différents capitaines qui se sont succédé à son gouvernail doivent comprendre qu’ils ne peuvent plus agir comme ces colons qui faisaient venir de la main-d’œuvre servile et engagée ici. Le pays a évolué. Et il est difficile d’accepter que telle communauté se sente comme encore dans la cale des négriers.

Dimanche dernier, tous les internautes étaient derrière Richarno Colin, comme ils ont vibré pour les autres athlètes qui participent à ces Jeux du Commonwealth. Et sur les réseaux sociaux, ces ennemis de la nation qui aiment poster des insanités du genre »li pares, pa kontan travay », « Zot nek konn kokin » ou « vann ladrog », » bizin fer V.S. viol li », sont restés terrés dans les méandres de leurs fantasmes de division. Et on ne les a pas vu soutenir le fameux V.S., qui voulait se faire passer pour le « sauveur » d’une certaine communauté.

Et puisqu’il faut le redire, que Stephan Toussaint comprenne une fois pour toutes que nos sportifs méritent respect. Nous avons interpellé le ministre de la Jeunesse et des Sports sur le cas de ces 18 clubs de judo, qui ne reçoivent toujours pas leur affiliation de la Fédération de Judo. Pourtant, cette discipline a été pourvoyeuse de médailles aux Jeux du Commonwealth. Imaginez, Stephan, si ces 18 clubs avaient été acceptés et que leurs athlètes aient été sélectionnés pour ces jeux ? Comment peut-on priver le pays de possibilités de médailles, mais aussi nos jeunes de possibilités de pratiquer leur sport ? Surtout quand on sait que le sport, et la culture, sont des remparts contre les fléaux sociaux ?

Nous savons que le ministère ne peut pas interférer dans le « day to day running » d’une fédération. Mais Stephan Toussaint doit comprendre que ces fédérations reçoivent des « grants », soit l’argent public, de l’Etat. Et comme tel, leurs responsables sont redevables, ‘accountable’, envers la nation. La farce qu’est devenue la Mauritius Football Association par exemple mérite à cet effet une intervention. Et d’ailleurs, où en est l’enquête de la police sur ce cas de voyeurisme dans les toilettes de cette fédération, monsieur le ministre ? N’est-il pas temps de demander aux autorités de faire diligence ? Afin que ceux qui voulaient attenter à la dignité de l’employée de cette fédération paient pour leurs écarts ?

Nous n’avons pas la prétention de faire la leçon à quiconque. Mais, ce pays, et son peuple, méritent qu’on les traite en adultes. Nous savons tous ce qui est bien pour nos enfants. Et depuis 1968, avec l’éducation dispensée dans nos écoles, collèges et universités, nous savons que la guerre n’est pas la bienvenue dans notre vocabulaire quotidien. Et c’est pour cela que nous avons soutenu Richarno Colin dans sa quête de l’or. Parce qu’à ce moment de l’histoire, ce sportif n’était ni Créole, Rodriguais, »ti nasion », « ti seve », mais tout simplement un Mauricien. Un des nôtres. Est-ce si difficile pour nos politiciens de comprendre que c’est ce sentiment d’unité qui anime les Mauriciens, et non leurs vaines tentatives de division et de diversion ?

Qui a peur d’être Mauricien, ici ?

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