April 26, 2024
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Opinion Politique

Tourisme : le haut de gamme se précise

Après l’interview d’un CEO parue le mercredi 15 septembre, il se pourrait que l’ile Maurice devienne une destination pour riches touristes dans les prochaines années. Si cela se vérifie d’ici à décembre 2021, il aura des impacts significatifs sur l’ensemble du parc hôtelier de Maurice, les restaurants et boutiques. Car notre secteur s’est construit après la réception d’une diversité sociale d’étrangers, avec des offres qui correspondent à leurs portefeuilles.

Que des touristes pleins aux as choisissent Maurice comme lieu de villégiature ne doit pas étonner. Dans le passé, certains hôteliers et opérateurs dans le tourisme avaient formulé le vœu que l’ile Maurice met l’accent sur le ciblage d’un tourisme haut de gamme, certes moins nombreux mais plus dépensier que le touriste ‘sac à dos’. Mais ce vœu avait rencontré des opinions contraires d’autres exploitants, qui avaient fait valoir que cette sélection de classe conduirait à la faillite économique de nombreux de leurs confrères qui avaient bâti leurs modèles économiques sur une clientèle des classes moyennes. Ce sont ces dernières qui, effectivement, font vivre les boutiques, restaurants, bungalows et autres commerces artisanaux mais aussi certains forains. Il a été observé que les riches touristes séjournant à Maurice ne sont pas de grands dépensiers, préférant faire leur shopping dans des centres commerciaux situés en Asie ou au Moyen-Orient. À leurs yeux, Maurice est une destination exotique qui associe le triptyque ‘sun, sand and shore’. Une offre sur laquelle s’est construite toute notre argumentation commerciale vendue chez nos pays-clients et qui plaît tout aussi bien à une clientèle qui cherche le dépaysement dans des pays tropicaux que de richissimes clients.

Pouvoir d’achat

Mais, force est de constater que l’apparition de la Covid et ses effets sur l’économie mondiale ont fini par éroder le pouvoir d’achat du simple citoyen parisien ou londonien, client régulier de notre destination pour son soleil, ses plages et son sens de l’hospitalité. Depuis l’année dernière, les opérateurs dans le secteur du voyage et des loisirs en Europe ont pris conscience de cette nouvelle réalité économique et ont vite mis l’emphase sur des destinations plus accessibles au portemonnaie de ces voyageurs. Ces destinations sont souvent des villes balnéaires d’Europe, la montagne avec ses gites, des villes comme Barcelone ou celles du Maghreb. Les destinations comme Maurice, Seychelles ou Maldives sont devenues à la portée d’une poignée d’happy few’, dont les portemonnaies ont été peu été affectés par la crise économique.

L’ile Maurice, peut-elle se payer le luxe de faire le tri parmi la clientèle des voyageurs, ciblant le haut de gamme ? Sans doute, notre industrie n’a guère le choix après une longue année de disette. Et le ciblage tient aussi sans doute à l’argumentation selon laquelle les riches étrangers peuvent se payer un long séjour à Maurice, une fois passé la quarantaine, mais, reste à savoir s’ils pourront, à leur tour, vendre la destination mauricienne une fois chez eux. Il faut aussi repenser aux segments qui connaissent l’ile Maurice et qui en ont fait leur destination privilégiée. Vendre la destination mauricienne repose sur le degré d’affection que l’on porte à l’ile Maurice et à la satisfaction du séjour. À ce sujet, nous pouvons faire confiance à nos professionnels dans le secteur, qui savent se mettre en quatre pour satisfaire aux attentes des touristes..

Raisonnablement optimistes

Dans l’immédiat, les hôteliers se montrent raisonnablement optimistes quant à la capacité de Maurice de faire revenir lentement ses touristes, avec déjà des carnets de commandes remplis à 50 % jusqu’en décembre 2021. La période qui s’étendra de janvier à juin en 2022 se présente déjà comme la seconde partie du défi, car la période estivale aura disparu à Maurice. Mais, certains hôteliers ne font ne déjà prévaloir que la clientèle locale pourra soutenir en partie la saison creuse, comme elle le fait déjà depuis ces dernières années. Mais encore faut-il que la reprise ait montré des signes encourageants à Maurice pour motiver les Mauriciens à dépenser dans les loisirs. Il semble, selon ces mêmes hôteliers, que les séjours en hôtels fassent désormais partie des loisirs de nombreuses familles mauriciennes en mesure de s’offrir ces week-ends de haut de gamme.

Résurgence

En tout cas, le gouvernement, même confronté à la résurgence de la Covid-19 depuis ces derniers mois et des décès liés à la pandémie, n’entend pas reculer devant la deuxième phase de la réouverture de nos frontières. L’enjeu économique était trop économique, avec des milliards en matière de prêts accordés au secteur du tourisme et la nécessité d’inverser la courbe de la contraction. Le ministre du Tourisme a déjà déclaré que l’État ne pourra plus soutenir un deuxième effort d’une telle envergure. Les prochains mois seront un défi aux opérateurs dans le secteur du tourisme et aux autorités, mais aussi à l’ensemble de la population. La balle est davantage dans le camp public où il faudra que tous ceux en contact avec les touristes hors des hôtels se montrent à la hauteur de l’accueil attendu d’eux.