October 15, 2024
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Nouvelle technologie pour traiter la colonne vertébrale

C’est quoi le centre Khan Kinetic Treatment (KKT) ?

Ce centre a vu le jour à Maurice en 2014 grâce au Dr Aslam Khan, fondateur du centre et inventeur de cette thérapie. Ce centre offre des soins spécifiques aux patients souhaitant trouver un remède à leurs problèmes de dos.

Les patients ont la chance de pouvoir bénéficier de la méthode KKT comme dans les grands pays du monde, notamment les Emirats arabes Unis, le Pakistan, l’Allemagne ou encore le Canada, parmi tant d’autres. A savoir que le centre KKT de Maurice est unique dans l’Océan Indien. C’est pour cela qu’on reçoit non seulement les patients mauriciens mais également des étrangers venant d’Afrique du Sud, de Madagascar, de la Réunion, de Rodrigues et des Seychelles.

Un centre équipé et moderne comme celui-ci, quel est le budget qui a été nécessaire pour sa réalisation ?

Afin de permettre aux Mauriciens de bénéficier de ces traitements dernier cri, il nous a fallu investir plus de 10 millions de roupies incluant l’aménagement des appareils, des salles de radiologie, entre autres.

En quoi consiste le traitement ?

Un traitement par ondes sonores (shock wave) qui sont bien calculées et c’est scientifique. Pour chaque patient, on reçoit un traitement personnalisé.

A savoir que chaque patient a sa propre forme de colonne vertébrale et l’idée de ce traitement est de cibler le mal qui affecte la colonne vertébrale et le rééquilibrer vers la normale.

Qu’en est-il du Dr Khan ? Il semble être très jeune pour quelqu’un qui a inventé une thérapie.

Le Dr Khan est effectivement jeune et ingénieux. Au Canada, vous avez le choix sur ce que vous voulez faire. Ils forment les spécialistes de la physiothérapie. A la base ce sont des médecins qui deviennent des physiothérapeutes. A Maurice, il n’en existe peu ou pas du tout.

Il s’agit de 12 sessions Rs 40 000. Quelle en est la procédure ?

Prenons l’exemple d’un patient qui vient au centre pour la première fois. On lui fait un scan de sa colonne vertébrale. Le secrétariat du centre détient une appli­cation spécifique sur laquelle le scanner sera transmis, presque tout de suite, aux experts canadiens. Ce sont eux qui, après avoir analysé le scanner, vont nous transmettre le traitement à administrer à ce patient. Le patient sera d’abord ausculté par le médecin généraliste du centre, Mme Manesha Fowdur, qui elle, à son tour, aura reçu le traitement adéquat pour le patient.

Le patient doit maintenir une position allongée, soit à droite ou à gauche selon les instructions venant du Canada, et on ne peut pas lui imposer de rester dans la même position pendant plus de 10 minutes. C’est la raison pour laquelle le traitement sous l’appareil ne dure qu’entre 5 à 8 minutes.

Nous maintenons un suivi avec le patient. A chaque visite, on examine à nouveau l’état de sa colonne verté­brale. L’efficacité du traitement est bien réelle mais chaque cas est différent. On constate une amélioration chez le patient dès la première session mais dans certains cas, il faut attendre les prochaines sessions afin de savoir si le traitement fonctionne chez le patient ou pas.

Il s’agit donc de 12 sessions répétitives avec ce même module.

Nombreux sont ceux qui ne connaissent pas encore ce centre. Comment ça se fait ?

Nous ne faisons pas de publicité. Les gens découvrent le centre surtout de bouche à oreille. A l’étranger, il est permis de promouvoir les centres de santé ainsi que les médicaments mais à Maurice c’est différent et je ne saurai pas expliquer pourquoi.

En 2014, une cinquantaine de patients avaient tenté l’aventure. Qu’en est-il en 2020 ?

Depuis 2014, nous avons traité près de 2500 patients et la salle d’attente est toujours pleine, cela veut dire que les patients ont confiance, ils y croient et le traitement leur fait du bien. On a atteint un taux de réussite de plus de 95%, ce qui est très considérable.

En 2014, les problèmes de dos étaient connus comme un des fléaux du siècle. Est-ce toujours le cas en 2020 ? Qu’en est-il des cas où le patient doit se faire opérer ?

Le problème existe toujours. D’ailleurs certains patients viennent au centre avec une persuasion de devoir subir une opération et ces mêmes patients repartent du centre après un traitement KKT, guéris sans aucune chirurgie. Il est important de préciser que le traitement KKT est une alternative entre la chirurgie et les injections. Etant moi-même chirurgien de la colonne vertébrale, avant de prescrire une chirurgie, je recommande le traitement KKT.

Il y a déjà eu des programmes de sensibi­lisation auprès des Mauriciens ?

Pas à notre niveau malheureusement. On est trop pris par le temps mais nous avons déjà organisé des causeries dans des firmes privées. Une telle organisation m’obligerait à me déplacer régulièrement car je suis le seul spécialiste de ce centre et comme la salle d’attente est toujours pleine, je dois faire un choix.

Ce traitement cible uniquement la colonne vertébrale ?

La source des douleurs et des gênes proviennent parti­culièrement de la colonne vertébrale. Quand on parle de sciatique par exemple, ou « des nerfs coincés », tout est relié à la colonne vertébrale. Le Canada m’a mis à ce poste afin que je puisse juger les circonstances dans lesquelles les patients peuvent avoir recours au traitement KKT ou pas.

Patiente allongée avec l’appareil derrière l’oreille 18

Si une personne souffre de son genou, KKT n’est pas adapté à son cas. Je peux alors lui proposer d’autres traitements.

Les jeunes souffrant de leur dos peuvent également avoir recours à ce traitement ?

Le plus jeune patient qu’on ait eu était âgé de trois ans. Il souffrait d’une scoliose et nous lui avons épargné une opération. Trois ans après son traitement il revient toujours pour un suivi. Il est important de préciser que la scoliose est une déformation en « S » de la colonne vertébrale. L’idée de traiter la scoliose par le KKT permet d’empêcher que la courbe ne s’aggrave d’avantage car plus ça se dégrade, plus le patient devra se tourner vers la chirurgie.

Est-ce que ce traitement a des effets secondaires ?

Non pas de graves effets si ce n’est qu’une douleur au cours du traitement mais qui est vite atténuée par un frottement léger de la partie douloureuse mais pas de massage à pression. Pendant le traitement on recom­mande beaucoup de repos et après, on encourage les patients à reprendre leurs activités quotidiennes. On leur laisse la liberté de choisir leurs activités à leurs rythmes.

Si quelqu’un fait des exercices avec une colonne vertébrale non équilibrée, il est évident que la douleur se fera ressentir. En revanche, une fois la colonne verté­brale rééquilibrée, on conseille fortement aux patients de renforcer les muscles et les ligaments.

Nous avons également un traitement qu’on appelle « la maintenance ». Il s’agit d’un suivi que nous faisons avec le patient pendant 6 mois ou même une année. Si durant cette période on voit que la colonne vertébrale se dégrade à nouveau, on recom­mence le traitement à un tarif moindre.

Le mot de la fin…

Le traitement n’a pas changé en 6 ans car on parle bien d’un traitement personnalisé pour chaque patient. On ne se contente pas de faire chauffer les muscles en prescrivant des « short waves » mais il s’agit bien d’un service professionnel unique à Maurice avec des méthodes innovantes. Après diverses causeries dans les pays subsahariens, les étrangers sont conquis. Nous avons le projet d’ouvrir un centre KKT à Durban c’est d’ailleurs pour cela que je m’y rendrai prochainement pour rencontrer les colla­borateurs. Nous espérons que ce projet se réalisera cette année.

Pour les nouveautés à venir, je vais assister à une conférence sur l’endoscopie de la colonne vertébrale. Cette nouvelle méthode permet de faire une discectomie endoscopique qui ne nécessite pas une grande ouverture dans le dos ou de déranger tous les muscles.

Il s’agit d’une méthode d’exploration visuelle médicale pratiquée avec un instrument appelé endoscope qui est composé d’un tube optique muni d’un système d’éclairage. Nous pourrons opérer en faisant juste une petite ouverture. Nous prévoyons de faire le lancement de cette nouvelle technique en avril de cette année.

Sarahjane Jubeau