April 19, 2024
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Opinion

Panique populaire, mais aussi manque de solidarité

L’expérience n’ayant pas été concluante pour discipliner toute une population en quelques jours, les autorités se sont donc résolues à décréter une mesure plus radicale, le confinement assorti de couvre-feu et puis de fermeture de tous les centres d’approvisionnement. En prenant les dispositions nécessaires pour en atténuer l’impact sur les Mauriciens les plus modestes afin d’éviter des scènes de pillage ou d’émeutes qui ajouteraient une crise sociale immédiate à la crise sanitaire. Comme fait sociaux, une pandémie et la discipline qu’elle impose aux corps (hygiène et distance) mettent à l’épreuve non seulement les rapports sociaux et les institutions, mais aussi le pacte entre l’État et les citoyens. C’est un bon révélateur de la nature d’un mode de gouvernement et Pravind Jugnauth malgré les critiques semble s’en tirer à bon compte. Certes, les reproches ne manquent pas et fusent de plusieurs bords, mais le Premier ministre n’avait pas d’autres recours dans le cadre de l’éradication du fléau. Pour qu’une démocratie fonctionne, il faut un minimum de discipline, rappelons-nous que la République, ce sont des droits mais aussi des devoirs. L’île Maurice ne constitue pas le modèle rêvé des partisans d’une stratégie draconienne et ne constitue pas à cet égard un archétype, qui est celui de l’État total. Exceptionnellement, les termes du pacte, dans le cas le Maurice sont clairs : la puissance publique a tous les droits face aux individus pour répondre aux besoins du collectif, y compris l’extrême contrainte. Signes irréfutables de la panique populaire ou d’un manque de solidarité?

De fait, les images accusatrices ne préjugent en rien du sentiment profond du pays. D’ailleurs, dès lors que l’état de guerre a été annoncé par les plus hautes autorités de la nation, comment reprocher à des mères et pères de famille de vouloir faire des provisions de vivres et de médicaments? Ne s’agit-il pas de réflexes naturels en temps de guerre? Certes, les réseaux sociaux fourmillent de petites vidéos montrant des scènes scandaleuses, comme des bousculades devant des commerces. Ces comportements caricaturaux ne doivent évidemment pas préjuger de l’état d’esprit général d’une nation. Mais, ceux qui font la règle à l’exception, quelques milliers, ils ont été suffisants pour dérégler ce confinement si déterminant pour ralentir la propagation du Covid-19. Inévitablement, nous devons nous résoudre à concéder le fait suivant: il y a un nombre de Mauriciens qui a une horreur viscérale de l’autorité et de la discipline. C’est dans l’air du temps, le temps du chacun pour soi, le temps de l’individualisme, de l’égoïsme au détriment du bien commun, de la solidarité.

Ces gens-là en défaut de culture suffisante, étroits d’esprit, préfèrent placer le gouvernement devant des situations extrêmement difficiles. Quand comprendront-ils qu’être patriote, c’est aussi et avant tout ne pas nuire à autrui. Il y a lieu de rappeler aux Mauriciens que, indistinctement de ses affiliations politiques, ce qui nous unit doit absolument primer sur ce qui nous divise. La démagogie déroule ses antennes et pour certains c’est dur de résister à la tentation de récupérer politiquement un drame. C’est pourtant une situation dramatique qui mérite vraiment qu’on s’y attarde, de façon dépassionnée. Il est ainsi totalement irresponsable de la part de quelques personnalités d’agir d’une façon bassement opportuniste pour tenter de marquer des points, au lieu de proposer d’être solidaire du pouvoir en place et de privilégier les intérêts du pays.

Il devient vital de sortir de cette démagogie, de cesser de s’abriter derrière des critiques vides de sens: on connait l’arme démagogique; si une tragédie survient (que Dieu nous en évite), qui accusera-t-on? Le PM? Ou Dieu en personne ? Et après ? S’il y a une personne qui doit frénétiquement chercher dans ses papiers ce qu’il savait et ce qu’il n’a pas fait malgré tout durant son règne, c’est bien l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam. Outre le fait de ne jamais reconnaitre les bons coups du gouvernement, il préfère ignorer les efforts, les réalisations: il braque toute l’attention sur ce qui reste problématique. Nous n’allons pas remuer le couteau dans la plaie pour faire les gens se remettre en mémoire ce passé pas lointain de NCR. La seule parade qui en vaille la peine est que chacun assume pleinement son rôle, à la place qui est la sienne. Nul doute que, pour ce faire, chacun doit recentrer sa rhétorique démagogique sur sa conscience et son cœur. Avec le déclenchement du coronavirus, nous entamons une période de notre vie dont tous, nous nous souviendrons. Tous, nous garderons en mémoire, outre la fatalité qui foudroie tous azimuts, ces jours de silence, ce temps infini, ce calme déroutant, ce ressourcement, peut-être aussi. Cette période inédite aura des répercussions sur notre vie : vie familiale, vie conjugale, vie intérieure, vie au travail. Plus rien ne sera comme avant. Il y aura un avant et un après coronavirus. Il faudra que chacun en tire des leçons, bénéfiques pour ses enfants surtout.

Personne ne sait de quoi demain sera fait et à ce titre il est impérieux que les comportements changent, que l’égoïsme, l’oubli des autres soit extirpé du cœur. Et, que le Tout-Puissant occupe une meilleure place et cela sans relâche dans les esprits et les différents actes de foi. Se rappeler une fois pour toute que, quand Dieu décide d’une chose, personne ne peut Lui barrer la route. Alors, raison de plus l’invoquer autant de jours qu’Il donne.