En France, depuis que le Président Emmanuel Macron a dissout le Parlement le dimanche 7 juin 2024 alors que les élections européennes organisées le même jour ont vu l’émergence du Rassemblement National (RN) et La France Insoumise (LFI), ces deux formations composées de leurs alliés d’extrême-droite et d’extrême-gauche respectivement, ont proposé des mesures financières populaires qui sont régulièrement scrutées par les économistes et observateurs indépendants.
Nous savons qu’au soir des élections européennes, le 9 juin, le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, a enclenche l’article 12 de la Constitution française provoquant la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue d’élections législatives anticipées. C’est la 6e fois de l’histoire de la Vème République en France que cette option est enclenchée par le Président français.
Élections législatives anticipées
A huit jours du premier tour de ces élections législatives anticipées des 30 et 7 juillet prochains, la campagne est montée d’un cran. Jeudi matin, 20 juin, les représentants des principaux partis dans la course à ces législatives ont détaillé leur programme devant le Medef, des organisations patronales et des dirigeants d’entreprises. Chacun y est allé de son argument afin de séduire l’électorat français, le leader de LFI, Jean Luc Mélenchon estimant que le programme économique du Nouveau Front Populaire (NFP), couterait 200 milliards d’euros sur cinq ans à la France mais en rapporterait 237. Comment compte-t-il y arriver ? « Par un coup de fouet à l’activité, a répondu Jean-Luc Mélenchon. « La dépense sociale crée du bien-être, lequel permet la consommation qui, elle, produit de l’emploi et des recettes fiscales. Notre programme augmentera le pouvoir d’achat par le blocage des prix et les baisses d’impôt pour 92 % des contribuables. ». Le Président Macron a lui déclaré que le programme du RN couterait au moins 100 milliards d’euros à la France si le parti d’extrême droite arrivait au pouvoir. Ce chiffre a été cité par l’Institut Montaigne, un organisme indépendant qui, lors de la campagne présidentielle de 2022, avait estimé à 119 milliards d’euros les dépenses engendrées par le programme porte par la candidate RN de l’époque, Marine Le Pen.
Programmes respectifs du RN et du NFP
Si une bonne partie des Français s’intéresse aux couts des mesures contenues dans les programmes respectifs du RN et du NFP, c’est parce que la France compte parmi les pays de l’Union Européenne (UE), dont aussi l’Italie, la Belgique, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et Malte, envers lesquels l’UE envisage d’engager des procédures pour déficit public excessif. En effet, ces pays ont dépassé l’an dernier la limite de déficit public, fixée à 3 % du produit intérieur brut (PIB) par le pacte de stabilité, qui limite aussi la dette à 60 % du PIB. Les déficits les plus élevés de l’UE ont été enregistrés l’an dernier en Italie, Hongrie, Roumanie, France et Pologne. La France, dont le dernier excédent budgétaire remonte à 1974, a été la plupart du temps en procédure de déficit excessif depuis la création de l’euro, au tournant des années 2000. Elle en était sortie en 2017. Les Français ressentent comme une certaine honte cet alignement avec des pays aussi mal classés. Evidemment, en France, plongée dans une intense campagne électorale, les chiffres des dépenses contenues dans les programmes respectifs du RN et du NFP donnent à réfléchir à un électorat très soucieux de l’économie, du pouvoir d’achat et des dépenses publiques. Mais, un peu comme à Maurice, une bonne partie des Français qui ont adhéré aux idées du RN ou du NFP, ont plutôt les yeux rivés à leurs portemonnaies, estimant que le gouvernement d’Emmanuel Macron n’a su prendre les mesures adéquates pour contenir l’inflation et soutenir le pouvoir d’achat. Aussi, les oppositions d’extrême droite et de gauche, en tête dans les sondages, prévoient d’ouvrir grand le robinet des dépenses. Selon la Fondation Ifrap, (un think tank proche de la droite ultra-libérale) le déficit en France atteindra entre 150 et 170 milliards d’euros si rien n’est fait pour baisser les dépenses publiques.
Classes populaires et moyennes
Mais, comme à Maurice aussi, les classes populaires et moyennes sont gagnées à l’idée qu’il faut par tous les moyens revaloriser les salaires et prestations sociales et réindustrialiser la France en relocalisant des entreprises parties s’installer ailleurs. L’enjeu est difficile et certains observateurs prêtent au Président Macron l’idée d’avoir dissolu le gouvernement à dessein sachant que le RN avait toutes les chances d’obtenir une majorité d’élus aux législatives de fin juin début juillet mais que s’ensuivrait un véritable chaos économique démontrant que les extrêmes ne possèdent aucune compétence en matière de gestion des affaires publiques. Si bien qu’aux élections présidentielles de 2027, le parti du Président Macron ferait la démonstration que la France déteste tous les extrêmes. En sachant cependant que les sondages ont déjà révélé que le RN est devenu le premier parti chez les 25-34 alors que les jeunes issus de l’émigration sont eux gagnés par une certaine idéologie de LFI. Il faut ici faire ressortir que selon une étude IFP pour le journal La Croix, les musulmans ont voté à 62 % pour la liste de LFI aux élections européennes du dimanche 9 juin. Des résultats dans la continuité de l’élection présidentielle de 2022, au cours de laquelle 69 % des musulmans avaient choisi Jean-Luc Mélenchon.