Devant la mort, on s’incline, et on se remémore surtout les bons côtés de celui/celle qui est parti(e).Dans le cas du Dr. Siddick Chady, le choc est grand car il venait de quitter l’univers carcéral, et paraissait en bonne santé. Mais le fait est là : La prison démolit l’humain, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de lui-même. Et Samioullah Lauthan, ancien ministre de la Sécurité Sociale avait eu raison de mettre sur pied des structures d’accueil pour aider à la réinsertion des anciens détenus.
Il laissa le soin au défunt Lindsay Aza de diriger le groupe Elan. Et je me rappelle d’une conversation avec Lindsay, où il m’avoua avoir pleuré lors de son premier soir derrière les barreaux. Siddick Chady a payé sa dette envers la société, et ceux qui l’ont côtoyé racontent qu’il apprenait le Coran par cœur, et dirigeait la prière pour les détenus musulmans. Pour dire que ce séjour à l’ombre avait transformé l’homme. Mais est-ce qu’il y eu un suivi sur sa santé, et est-ce que cela se fait pour tous ceux qui quittent l’univers carcéral ?
On se rappellera du film « The Shawshank redemption », où un pensionnaire de cette prison, bénéficiant de parole, et qui, à sa sortie, ne savait que faire à l’extérieur. Et qui finit par se pendre.
Car, c’est un fait que la société ne se soucie pas vraiment de ceux qui ont purgé des peines de prison. Dans le cas de Siddick Chady, qui était médecin, il aurait pu continuer à exercer. Mais le destin en a décidé autrement.
Il aurait été aussi intéressant de savoir ce qu’il aurait dit sur le scandale Boskalis, qui lui avait valu de faire de la prison. Et où il estimait qu’il n’aurait pas dû être le seul à aller à la casse. Ceux qui auraient été gênés par ses révélations peuvent donc dormir tranquille. Mais le karma existe, et si l’ancien ministre et dirigeant de la Mauritius Ports Authority fait son examen de conscience devant son Créateur, d’autres peuvent s’attendre à paraître devant le maître de l’Enfer, pour tout le mal qu’ils ont fait à cet homme.
Siddick Chady n’a jamais été un ange. Mais pour ceux qui ont suivi l’affaire Boskalis, il est clair qu’il a écopé d’une croix qu’il aura été le seul à porter. Et parce qu’il n’a pas eu les bons appuis, il a donc été condamné.
Sans remettre en question le verdict de la Cour, et pour aussi reconnaître qu’il était temps que les auteurs de crime en col blanc paient, il y a quand même des raccourcis qui restent inexplicables.
Et ce n’est pas normal aussi que des gens puissent mourir aussi subitement. Alors qu’ils s’apprêtaient à faire des révélations. Avec nos plus vives sympathies aux proches et amis de Siddick Chady, nous pouvons comprendre leur douleur de perdre une personne qui voulait prendre la vie du bon côté. Après avoir été vaincu par le sort. On nous dit également que les politiciens qui étaient proches du défunt l’avaient laissé tomber quand il fut condamné.
Et pourtant, Siddick Chady se disait toujours Travailliste, et il comptait revenir au sein de son parti. Il est dommage que l’amitié dans le milieu politique soit à géométrie variable. Et que les uns ne vous fréquentent que quand vous êtes en haut. Et restent loin quand vous êtes au plus bas. De là où il est, Siddick Chady peut enfin comprendre le vrai sens de la nature humaine. Et surtout de la conscience de l’homme.
Un mauvais dénouement donc pour l’affaire Boskalis. Car, même si un homme fut condamné, les non-dits de l’affaire resteront impunis. Et les autres coupables, il y en avait !, continueront à arpenter la terre des hommes. Et s’achèteront une auréôle, pour se faire passer pour des anges. Mais le Très-Haut n’est jamais dupe. Pese pey lor later, dit-on à Maurice. Ceux qui ont trahi Siddick Chady le paieront au centuple !
Sedley Assonne
