April 30, 2024
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Brigitte Michel, licenciée d’AILES : « Je me battrai jusqu’à ce que j’obtienne justice »

L’ex-directrice et fondatrice de l’association AILES, licenciée pour des raisons qu’elle qualifie de ‘bidons’, crie à l’injustice. Passionnée par son métier, Brigitte Michel se retrouve du jour au lendemain démise de ses fonctions. Pourtant, plus de 1800 bénéficiaires de son association peuvent témoigner de son dévouement.

Brigitte Michel en a gros sur le cœur. Et pour cause ! Elle déplore le licenciement « abusif » dont elle a été victime. «C’est comme si après 13 ans et sans aucune raison valable, on vient enlever à une mère l’enfant qu’elle a mis au monde, nourri et grandi… » C’est le cri du cœur de l’ex-directrice de l’association AILES. Elle se souvient du déroulement de ce mois noir comme si c’était hier au point d’en avoir perdu le sommeil. Si on ressent son amertume presque palpable, elle n’est pas prête à baisser les bras, lance-t-elle. « Je me battrai jusqu’à ce que j’obtienne justice. »

Elle explique que selon son contrat, elle a droit à des stages à l’étranger et que par chance, une opportunité s’est présentée en juin dernier pour laquelle elle avait même obtenu un sponsor. « Il a financé mon billet d’avion qui devait être confirmé au plus tard le 14 juin car le lendemain, il allait coûter Rs 20 000 plus cher. » Une somme non négligeable que Brigitte Michel considère utile d’économiser. Elle prend alors l’initiative de demander à son secrétariat de lui verser une avance sur son salaire, qu’elle rembourserait aussitôt le lendemain, soit le 15 juin. « Toutes les procédures ont été faites en quelques heures, j’ai effectivement remboursé ladite somme à la date convenue et les documents que j’ai signés à cet effet ont été validés par le comité », précise-t-elle.

Début des conflits

A cet instant, Brigitte Michel ignore que c’est le début de ses cauchemars car le nouveau comité mis en place récemment va lui reprocher de n’avoir pas suivi les procédures. Elle est rappelée à l’ordre. « On m’a dit que j’aurais dû avoir demandé la permission d’obtenir cet argent et on m’a donné un avertissement verbal. J’ai présenté des excuses mais de toute évidence, cela n’a pas suffi. » Elle se souvient aussi d’avoir soulevé, avant son départ en voyage, un conflit d’intérêt qui concernait le président et son père. Ce dernier aurait obtenu un contrat de prestataire dans l’association sans que la directrice ne soit mise au courant. « Si le bailleur l’apprend, nous serions inquiétés », prévient-elle. Durant son absence, il y a eu des discussions en interne et le comité a alors décidé de démettre Brigitte Michel de ses fonctions. Pour quels motifs ? Ils l’ignorent encore. « Si je n’avais pas fait ressortir ce problème, je serais sûrement toujours en poste. »

Sondage commandité

Le 5 juillet et alors que Brigitte Michel est en formation à Paris, elle reçoit un courriel du secrétaire du board. Il est adressé au personnel qui est requis de participer à un sondage tout en précisant que cet exercice permettra d’améliorer les pratiques de l’association au quotidien. « J’ai demandé de quoi il s’agissait et on m’a répondu que ce n’était qu’un sondage pour avoir l’avis des employés sur le fonctionnement d’AILES et leurs conditions de travail. Plus tard, j’ai été stupéfaite de constater que ce sondage était basé sur moi, sur ma personne et sur la façon dont je gère mon association et mon personnel », souligne-t-elle. Brigitte Michel apprend plus tard que 6 personnes ont répondu à ce questionnaire, dont 3 ont critiqué sa façon de diriger. « De par mes fonctions, il est de mon devoir de recadrer mon personnel si besoin est mais visiblement, certains ont du mal à supporter l’autorité au travail. »

Le 10 juillet, Brigitte Michel rentre de son voyage « riche en apprentissage ». Elle reçoit un message lui demandant de se rendre au bureau le 11 juillet à 9h30 pour un ‘hostile meeting’. « Ce terme m’a interpellée mais j’y suis allée et à ma grande surprise l’entrée de mon association était gardée par des ‘bouncers’. » Ne se souciant pas de ce détail gênant, elle emprunte les escaliers pour rejoindre son bureau. « Les videurs m’ont suivi et je ne comprenais pas pourquoi. » Elle est accueillie par quelques membres du board. Elle est surprise de voir l’officier des Ressources humaines qui travaille avec l’association en présentiel une fois par mois. « La HR m’a tendu une lettre en me disant que j’étais suspendue avec effet immédiat. Je devais rendre la voiture de fonction, les clés, l’ordinateur et faire la remise des dossiers en cours », se souvient-elle avec une émotion non voilée.

Des charges non justifiées

Brigitte Michel jette un rapide coup d’œil à la lettre et remarque que le sujet du billet d’avion y figure ainsi que plusieurs autres charges « qui ne sont pas justifiées », notamment une mauvaise utilisation des ‘assets’ et une rébellion contre le conseil d’administration. « Le pire, c’est qu’il était mentionné que mes employés se seraient plaints de harcèlement. » Brigitte Michel confie avoir consacré près de 13 ans de sa vie à cette association et qu’aujourd’hui, on lui enlève le droit de défendre sa cause. « Et on vient me dire ‘Tu es suspendue avec effet immédiat, tu n’as plus rien à faire ici ? »

Elle s’en remet au bureau du Travail qui a le devoir d’agir en faveur des employés injustement licenciés. « Là-bas on m’a conseillée de récupérer mon dû et de faire profil bas ! » Chose que cette femme de terrain refuse. Elle a demandé conseil au syndicaliste, Ivor Tan Yan, qui la soutient dans cette épreuve difficile. « Nous nous sommes mis d’accord pour organiser une marche pacifique, le 3 octobre prochain, afin de dénoncer le traitement inhumain que subit la femme sur son lieu de travail et je considère que cette cause vaut la peine d’être débattue. »

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