Le leader de l’opposition, Arvin Boolell, est suspendu pour deux séances. C’est la décision du Speaker après l’avoir « named » à plus de deux fois. Auparavant le député rouge Shakeel Mohamed a été expulsé de l’hémicycle. Dans ce sillage, en guise de solidarité avec ces deux parlementaires du PTr, toute l’opposition a effectué un walk out. Ils ont par la suite animé une conférence de presse au Committee Room de l’Assemblée Nationale. Du coup la Private Notice Question (PNQ) n’a pas été adressée au ministre Mahen Seeruttun.
Au centre de ce conflit qui a entraîné la suspension de deux membres de l’opposition suivie du walk out de toute la bande est une motion que voulait déposer Ivan Collendavelloo par rapport à une mise en demeure qui lui a été servie dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale. Celle-ci concerne la pétition électorale déposée en Cour pour réclamer un recount.
En effet, le Speaker a rappelé que le 24 janvier 2020 le vice-Premier ministre Ivan Collen¬davelloo lui avait informé que le 2 décembre 2019 un huissier de la Cour suprême lui avait servi une mise en demeure dans l’enceinte du l’Assemblée Nationale. Un geste que Ivan Collendavelloo considère comme une entrave aux règles parlementaires. Le Speaker lui a alors donné l’auto¬risation de présenter sa motion pour réclamer que l’affaire soit référée au DPP pour décider si une sanction pourrait être prise contre l’huissier.
Cette démarche a été fortement contestée par Shakeel Mohamed qui, à son point de vue, est « subjudice » étant donné que l’affaire est en Cour. Les discussions qui s’en suivent dégénèrent davantage au point où Shakeel Mohamed a traité Ivan Collendavelloo de « poltron/coward ». Considérant ce mot comme « unparliamentary » le Speaker a insisté que Shakeel Mohamed retire ce mot. Après maintes reprises le député rouge a tout simplement « withdrawn » le mot de « coward ».
Toutefois, la prise de bec entre le Speaker et le député rouge devait continuer de plus belle et pour jeter de l’huile sur le feu, le député Mohamed a utilisé le terme « cowardly ». Ne voulant pas retirer ce mot, il a été expulsé par le Speaker. Quand Arvin Boolell voulait faire comprendre au Speaker que les membres de l’opposition ont droit à la parole, une nouvelle prise de bec devait s’éclater entre les deux protagonistes. Finalement, le Speaker l’a « named» et toute l’opposition a quitté l’hémicycle en guise de solidarité avec leurs deux camarades.
Peu après ils ont animé une conférence de presse lors de laquelle Arvin Boolell a qualifié comme « du jamais vu » sur ce qui s’est passé hier. Il a déclaré que la démocratie parlementaire est menacée si la tendance continue de cette manière. Sans entrer dans des détails, le leader de l’oppo¬sition trouve que c’est normal que si un ministre a son bureau dans l’enceinte du Parlement, « c’est normal qu’une mise en demeure lui soit servie sur son lieu de travail ». Par contre ce n’est pas normal que le ministre s’appuie sur une « motion of priviledge » pour demander qu’une sanction soit prise contre une personne dans l’exercice de ses fonctions.
Arvin Boolell trouve que le Speaker n’a pas su respecter le concept de séparation de pouvoir entre le l’Assemblée Nationale et la Cour. Il étudiera la possibilité de déposer éventuellement une motion de blâme contre le Speaker. Pour sa part, Paul Bérenger leader du MMM, trouve « révoltant et triste » ce qui s’est passé. « Nous n’avons pas un Speaker, mais nous avons un loud speaker d’un parti » a-t-il dit sous le rire de toute l’assistance. A son avis, le Speaker n’a pas fait montre de respect vis-à-vis de l’Assemblée Nationale en agissant ainsi. Il est lui aussi d’avis qu’Ivan Collen¬davelloo a peur de ce « recount » réclamé par l’opposition dans la circonscription No 19. Quant au porte-parole du PMSD en l’absence du leader Xavier Duval, Patrice Armance se dit « solidaire » avec le leader de l’opposition. Il a déploré le fait que depuis la reprise des travaux parlementaires il n’y a pas eu de « Parliamentary Questions » (PQ), chose qu’il trouve anormale.