April 25, 2024
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Opinion Politique

Comment la MIC a sauvé Maurice…

Le gouvernement mauricien a déboursé quelque RS 7,18 milliards en soutien au secteur du tourisme afin de pérenniser ce secteur et ses emplois. Ces chiffres et tant d’autres, ont été rendus publics afin de faire taire les polémiques les plus farfelues créées par l’opposition et autres opposants au gouvernement pour semer le doute dans la population. Le secteur touristique figure en tête du classement des secteurs qui ont bénéficié des fonds de la Mauritius Investment Corporation (MIC), les autres étant, entre autres celui de la manufacture, le développement foncier, l’agriculture, les technologies de l’information. Au total, ce sont une douzaine de secteurs qui ont demandé à la MIC des soutiens totalisant Rs 133 milliards, l’enveloppe accordée étant de Rs 29,4 milliards. On peut aisément imaginer l’ampleur de la casse économique et sociale si le gouvernement avait fait prévaloir des critères d’éligibilité rigoureux, servis par une bonne dose de bureaucratie. C’est la raison pour laquelle on est peiné à suivre l’opposition et certains de ces « hurleurs » lorsqu’ils accusent le gouvernement « d›opacité ». Face à la vérité des chiffres, la démagogie et les discours creux tombent comme un château de cartes. Mais, il y a mieux qui vient de tomber : dans un rapport publié par la Banque mondiale (BM), intitulé « Les Femmes, l’entreprise et le droit 2021 », Maurice est crédité de la note de 91,9 sur 100, soit un score maximum de 6 indicateurs sur 8, faisant de l’île le premier pays dans le classement des pays de l’Afrique subsaharienne.

Figure d’exemple

L’île Maurice fait figure d’exemple pour l’Afrique tant en bilan économique que social, culturel ou en gestion des affaires. Le secteur privé historique, qui prend ses racines dans l’ère coloniale à l’époque de l’esclavage et l’engagement, n’a jamais été menacé par des politiques revanchards, comme cela s’est passé au Zimbabwe, où l’ex-président Robert Mugabe avait plutôt mal négocié la transition post indépendance, même après avoir permis aux cultivateurs blancs de mener tranquillement leur train de vie. L’exemplarité de Maurice tient aux concessions et aux compromis de ses communautés au lendemain de l’Indépendance, après des bagarres raciales et un vote minoritaire contre l’indépendance.

L’économie d’une lutte

Il est aussi bon de faire ressortir que l’île Maurice a fait de l’économie une lutte de libération nationale qui, s’il n’y avait pas lieu, aurait pu avoir des cicatrices béantes, comme c’est le cas dans de nombreux pays d’Afrique. Dans le même temps, avant et après l’Indépendance, les mêmes soutiens financiers anti-indépendantistes ont choisi de rester à Maurice pour maintenir leur business. Nous avons ainsi eu une bourgeoisie ‘historique’ qui s’est développée sans jamais recourir à des soutiens financiers extérieurs qui auraient pu entraver son développement. C’est un véritable pacte social qui a marqué les rapports entre les syndicats, le patronat et les pouvoirs publics, chacun étant conscient de l’existence d’une ligne rouge à ne pas franchir. Un des exemples contemporains les plus flagrants a été la transition en douceur qui a caractérisé la centralisation dans l’industrie sucrière. Plus près de nous, il faut citer la construction des grands immeubles commerciaux privés qui ont obtenu le soutien de l’État. Un exemple est celui du ‘fly-Over’ à Bagatelle, érigé alors que le trafic routier était intense. Durant toute l’histoire post coloniale de Maurice, les grands développements ont été accomplis grâce à un partenariat fécond privé-public.

Stabilité sociale et ‘religieuse’

L’essor économique de Maurice a toujours nécessité d’une stabilité sociale et ‘religieuse’. Mais même lorsqu’il s’agit de question confessionnelle, les Mauriciens ont toujours su tourner le dos aux extrêmes. Une réalité qui a pour base une profession de foi culturelle des Mauriciens qui prend ses racines en Orient et en Occident. Pour la grande majorité de nos compatriotes, c’est la démocratie occidentale qui sert de référence, en qu’elle a su accommoder l’expression de toutes ses diversités. Ainsi, le maire de Londres n’est autre que Sadiq Khan, un musulman dont les parents sont originaires du Pakistan, alors que d’autres ont été anoblis par la reine Elisabeth II. En France, plusieurs femmes issues de la ‘diversité’ ont été ministres, parmi Christiane Taubira, Rachida Dati ou encore Rama Yade.

Modernité négative

La nouvelle réalité économique, sociale et sanitaire ne doit pas menacer la stabilité qui lui a servi de base et trop souvent revendiqué au nom d’une modernité négative, censée répondre aux contraintes nées des conséquences de la Covid-19. Certes, la nouvelle génération, nourrie par les conséquences de la mondialisation et les nouvelles techniques de télécommunications, conçoit un tout nouveau développement à l’aune d’une culture transfrontalière qui a jeté les barrières antagonistes. Mais, certains excès culturels, véhiculés par les réseaux sociaux, impliquent qu’on ne perde pas de vue les valeurs universelles que sont l’humanisme, la justice, la solidarité et la tolérance vis-à-vis des différences. Si l’île Maurice veut faire partie du concert de nations qui reconnaît le droit des femmes et enfants, des salariés, du respect de l’environnement ou encore de toutes les minorités, elle est condamnée à franchir une nouvelle étape dans son développement culturel.