A bien y voir, c’est sûrement à cause d’un système éducatif qui fait peu de cas de la réflexion pure que notre société manque cruellement de penseurs. En tablant juste sur une « élite » et un système qui privilégie l’apprentissage par cœur, nous ne réussissons pas à nous donner des cerveaux susceptibles de voir au-delà du conforme.
Il serait donc temps que le système scolaire mauricien introduise une bonne dose de philosophie dans son curriculum. Afin de ne plus produire d’abrutis, qui ne rêveraient plus après de voitures, de comptes en banque bien épais et de viols de la démocratie comme étant la norme. Au-delà du fait que le pays regorge de moutons, incapables de penser par eux-mêmes, et surtout de voir qu’on les mène à l’abattoir de la médiocrité, il y a un ressaisissement à faire. Un électrochoc à donner à une population qui aime le chloroforme.
L’UNESCO fait donc bien en célébrant, chaque troisième jeudi de Novembre, soit le 17 de ce mois, une journée mondiale de la philosophie. L’organisme souligne « la valeur durable de la philosophie pour le développement de la pensée humaine, pour chaque culture et pour chaque individu. En dehors d’être une discipline, la philosophie est aussi une pratique quotidienne qui peut transformer les sociétés et stimuler le dialogue des cultures.
En éveillant à l’exercice de la pensée, à la confrontation raisonnée des opinions, la philosophie aide à bâtir une société plus tolérante et plus respectueuse. Elle permet ainsi de comprendre et d’apporter une réponse aux grands défis contemporains, en créant les conditions intellectuelles du changement. »
Personne ne s’émeut plus quand son prochain est martyrisé. Et l’on s’est habitué au fait qu’il faille attendre les élections générales, ou municipales, pour soi-disant « s’indigner ». Or, c’est au quotidien qu’il faut réagir, et non pas attendre cinq ans pour se rebiffer. Et si c’est vrai que l’école a modelé le Mauricien, le rendant passif, comment expliquer aussi que c’est ce même système qui « produit » des déchets humains. Qui vont ensuite finir dans l’engrenage du vol, de la drogue et de la prison. Une trinité qui est proposée allègrement aux laissés pour-compte, incapables de voir qu’ils sont les boucs-émissaires d’un système qui épargne les crimes à col blanc, et sanctionne ceux qui commettent des petits délits.
Si le Mauricien savait réfléchir, il finirait par comprendre qu’il est le dindon d’une farce qui a commencé en 1968, et dont l’opéra de quatre sous continue de faire recette jusqu’à ce jour. Est-ce donc délibéré si on a évacué l’idée même de la philosophie dans notre système scolaire, juste pour le brouillage des esprits ? Combien de « lauréats » notre école a produits, et en quoi leurs esprits « brillants » ont aidé notre société à avancer ? Un Joseph Reginald Topize a bien plus fait pour l’unité nationale, pour l’art et pour l’estime de soi que n’importe quel « lauréat »,disparu de la circulation aussitôt après leur « consécration ».Tandis qu’un Kaya ne cesse de gagner les esprits à la cause de la liberté. Et de la nécessité de se révolter, pour ne plus subir.
Faut-il donc désespérer, vu que ce n’est pas demain la veille que la philosophie deviendra une réalité, à tous les niveaux de notre société ? Il faut, en tout cas, continuer à faire campagne pour gagner le combat contre la sclérose mentale. Autrement, malgré son « élite », Maurice restera l’île des utopies. Et sûrement aussi, de la canne et des préjugés. Constat d’un philosophe qu’on disait fou : Malcolm de Chazal !
