Sa quête pour faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles son fils a trouvé la mort ne serait pas sans danger. Elvis Eléonore, dont le fils Dilan est décédé à Madagascar en 2017, affirme avoir reçu des menaces indirectement. Mais il ne compte pas baisser les bras.
Presque trois ans déjà que Dilan Eléonore, 22 ans, est mort à Madagascar. Son père, Elvis, continue de se battre pour qu’enfin la vérité éclate sur ce décès suspect. Plusieurs zones d’ombre entourent cette affaire. Depuis que l’enquête policière a été relancée, l’espoir renaît chez ce père meurtri dont le deuil est impossible.
Mazavaroo l’a rencontré à son domicile, à Rose-Hill. Dans son lieu de travail, il a disposé diverses coupures de presse sur une table. A travers celles-ci, Elvis Eléonore nous démontre où en est arrivée l’enquête policière. Il y a quelque temps, «[il] a fait une lettre officielle pour solliciter l’aide du gouvernement afin que l’enquête avance». Son unique obsession est de faire toute la lumière sur la mort de son fils. «J’ai vendu tout ce que j’avais mais je ne baisserai pas les bras.»
Et cela, qu’importe les menaces de parts et d’autres. «J’ai reçu des menaces indirectement», confie-t-il. Perdu dans ses pensées, Elvis Eléonore finit par révéler qu’il ne se sent pas en sécurité. «Je n’ai pas peur, mais je dis juste que je ne me sens pas en sécurité. »Le père de famille dit toutefois avoir foi en la police mauricienne. «Je sais que la vérité finira par triompher.»
Que s’est-il réellement passé à Madagascar ? Cette question le taraude. C’est le 23 novembre 2017 que Dilan Eléonore a foulé le sol malgache pour rendre visite à sa mère qui travaille dans le secteur textile. Il venait de compléter son contrat sur un bateau de croisière. «Le lendemain soir, vendredi 24 novembre, Dilan est sorti pour faire la fête avec deux collègues de sa maman et un autre garçon qui travaillait dans une autre compagnie», raconte Elvis Eléonore.
Or, aux petites heures, le décès de leur fils leur est annoncé. «A deux heures du matin, le factory manager est venu annoncer à la maman de Dilan qu’il avait eu un accident et qu’il est mort.» Aucun autopsie n’aurait été pratiquée et sur le certificat officiel, la cause du décès est attribuée à une maladie non-transmissible.
Le rapatriement du corps se fait en moins de 24 heures. Sur le coup, submergé par l’émotion, Elvis Eléonore ne soupçonne pas que son fils ait pu être victime d’un acte malveillant. Ce n’est que quelques jours après qu’il se rend aux Casernes centrales pour une demande d’exhumation, assailli par des doutes. L’exhumation se fera le 30 janvier 2018 et l’autopsie pratiquée le même jour par le Dr Satish Boolell, ancien médecin légiste de la police, en présence du Dr Sudesh Kumar Gungadin. Les doutes d’Elvis Eléonore se confirment. L’autopsie révèle que Dilan Eléonore a, en fait, été agressé et qu’il a succombé à une fracture de la nuque. «Il devait y avoir plus d’un agresseur impliqué», avait affirmé le Dr Satish Boolell.
Une enquête conjointe menée par la police mauricienne et malgache démarre. Plus d’un an après, alors que celle-ci piétine, le rapport médico-légal du médecin affecté au bureau municipal d’hygiène d’Antsirabe sera dévoilé et viendra confirmer que le jeune homme a bel et bien été agressé mortellement. Il présentait des écorchures sur différentes parties du corps, avait été agressé au visage et reçu un violent coup à la tête avec un objet tranchant. Ce rapport médico-légal a attribué le décès de Dilan Eléonore à un poly-traumatisme, dont un traumatisme crânien grave, associé à l’asphyxie.
Suivant la divulgation de ce rapport, les Eléonore font pression pour que l’enquête soit rouverte. Ce qui mène à l’arrestation de deux Mauriciens en mars 2019. Ces derniers, selon des recoupements, ne seraient pas inconnus de la famille. Le 2 décembre 2019, nouveau rebondissement lorsque l’ambassade de Madagascar à Maurice sollicite l’entraide judiciaire des autorités mauriciennes compétentes aux fins d’exécution d’une commission rogatoire internationale dans le cadre du procès qui est intenté aux deux Mauriciens arrêtés.
Aujourd’hui, presque trois ans après la mort de son fils, la quête de vérité d’Elvis Eléonore se poursuit. Ce père n’a qu’une obsession. Que justice soit faite. Peu importe ce que cela pourrait lui en coûter.
Ces Mauriciens devenues proies à Madagascar
• Le fils de Danil Ismaël, propriétaire du Trianon Shopping Park, devenu La City Trianon, à Maurice, est enlevé à Madagascar le 14 mai 2017. Ce n’est qu’après 23 jours, soit le 5 juin, qu’il est relâché après la rançon versée par son père.
• En juillet 2014, Krishna Rambojun, directeur financier d’une société de distribution à Madagascar, aurait été victime d’un kidnapping en début de soirée dans la région d’Ambatobe, à Tananarive.
• Cela s’est produit en 2016. Le Mauricien, Raj Doolun qui est directeur général de la compagnie Uditec, représentante de la marque Samsung à Madagascar, aurait été enlevé alors qu’il quittait sa résidence à Ankorondrano (au sud-est de Tananarive)
• Un Mauricien et un Européen auraient été enlevés vers 14 heures, le dimanche 6 mai 2012 à Ambodivona, non loin du centre-ville d’Antananarivo.