Maurice sur la voie de la digitalisation
Sûr de lui et clair dans ses propos, le nouveau ministre de la Technologie Informatique et de la Communication (TIC), Deepak Balgobin, nous parle des projets d’avenir qui tisseront la bonne marche de son ministère pour diriger Maurice vers la digitalisation. Il révèle aussi la mise en place d’un cadre légal pour donner foi à la vocation du Mauritius Artificial Council (MAIC), un conseil institué depuis juillet dernier. L’essentiel de son interview avec Ali SAYED-HOSSEN.
Avant de passer aux détails techniques de votre ministère, pouvez-vous nous dire comment vous avez vécu votre victoire après cette première campagne ?
Je dois d’abord vous dire que cette élection a eu lieu dans des circonstances spéciales. D’abord j’ai été candidat pour la première fois dans cette circonscription No 9, Flacq/Bon Accueil. Dans le camp adverse, il y avait Anil Baichoo qui était un ancien ministre, tout comme son colistier Devanand Rittoo ainsi que Dhiraj Khamajeet qui était lui un ancien PPS. De notre côté, nous étions trois néophytes. D’où la circonstance spéciale de cette élection. Le contexte était différent. Je suis élu pour la première fois. Je suis donc député pour la première fois. De surcroît ministre pour la première fois. Je suis animé par un sentiment d’honneur et de fierté. J’ai aussi un sentiment de responsabilité de par le portefeuille que j’occupe.
Cette campagne qui n’a pas été de tout repos, comment avez-vous réconcilié le tout avec votre vie familiale ?
Nous nous sommes donnés à fond durant la campagne. Nous avons effectué beaucoup de sacrifices pour atteindre notre objectif, voire avoir un 3-0 dans la circonscription. Nous l’avons fait. La circonscription No 9 est la troisième plus grande de notre République avec 56 000 votants et 19 écoles de vote. Cela impliquait que nous devions nous donner à fond dans cette campagne en sacrifiant nos familles. En plus la campagne électorale était courte. Maintenant que le Premier ministre m’a attribué un portefeuille ministériel. Je dois œuvrer pour le bien-être du pays. En cette circonstance, nous devons pouvoir établir la balance entre notre vie professionnelle et celle de la famille. Je me sens prêt à relever le défi. Le Premier ministre nous a fait confiance. L’électorat nous a choisis. Le Premier ministre a réitéré sa confiance en nous attribuant un ministère. Je suis plus que prêt à relever le défi et travailler.
De NPCC au TIC, est-ce un pas facile à franchir ?
Du moment qu’on est un gestionnaire ce n’est pas difficile de gérer un ministère. Auparavant j’étais dans l’hôtellerie et j’ai fait une bonne prestation dans ce secteur. J’ai aussi été responsable du dossier logement et là également j’ai fait une bonne prestation. Or, à mon avis on n’a pas besoin d’être un expert en informatique pour diriger le ministère du TIC. Il suffit que vous ayez un bon flairede la gestion et que vous soyez prêt à innover.
Après avoir passé quelques jours au sein de ce ministère, quels sont les projets que vous jugez prioritaires ?
Des projets prioritaires, il y en a beaucoup. Nous en avons déjà enclenché plusieurs. Je dois ajouter que ces projets sont en ligne avec la vision même du gouvernement. Notre but est de faire de notre République une smart Mauritius. Nous devons digitaliser tout notre système. On doit pouvoir effectuer beaucoup de transactions en ligne. Que ce soit un paiement ou l’octroi d’un reçu. Nous devons aussi favoriser l’innovation. Je dois vous dire que nous travaillons actuellement sur certains projets et que nous les annoncerons sous peu.
Est-ce que votre nomination est un changement dans la continuation ? Ou avez-vous des urgences par rapport à l’état des lieux ?
J’en profite pour remercier mon prédécesseur qui a fait un travail remarquable. Bien sûr le travail continue avec beaucoup de nouvelles idées. Nous devons faire de la République une île Maurice smart. Je vous donne un exemple. On doit pouvoir tout vérifier de son portable. Je m’explique. On doit pouvoir vérifier le nombre de personnes qui attendent d’être auscultées ou encore l’itinéraire d’un autobus et le temps qu’il prendra pour arriver sur un arrêt précis. Je peux vous dire que Maurice ne restera pas en arrière et que nous serons une plateforme de rencontre entre homme d’affaires du continent d’Afrique pour les processus de développements pour se lancer dans le business.
Dans le domaine de l’économie numérique, voyez-vous de bonnes perspectives pour les jeunes par rapport au fait que vous allez ouvrir des horizons ?
Oui. Je vois de bonnes perspectives pour les jeunes. Nous avons à peu près 800 compagnies opérant dans ce secteur d’informatique. Nous aurons besoin des « software engineers ». Dans le monde de demain, toute chose passera par une application sur le téléphone portable. L’achat d’un billet d’avion en passant par le paiement du billet. Pour les services qui seront digitalisés on aura besoin de techniciens de l’informatique ainsi que d’ingénieurs pour combler le vide qui existe déjà. La possibilité de carrière existe bel et bien. Avec le concept d’Intelligence Artificielle (IA), le secteur du TIC deviendra éventuellement un secteur clé qui générera bon nombre d’emplois. Nous devons même penser à rendre possible de garer une voiture automatiquement à partir d’une application de son portable.
Sur la question d’IA dans quelle mesure celle-ci sera un plus pour le pays alors que la population vieillit davantage ?
C’est vrai que nous sommes, d’une part, dans une phase d’IA et que nous vivons la réalité de vieillissement de la population, de l’autre. Mais je dirai que ce ne sera pas nécessaire aux personnes de ce groupe d’âge d’utiliser ce nouveau concept. Par contre, l’IA peut rendre la vie facile à ces personnes qui n’y sont pas habituées. Une personne âgée peut éviter toutes les tracasseries de paperasses quand elle se rend à l’hôpital en s’adonnant à une identification faciale pour avoir son dossier médical en un clin d’œil. Au risque de me répéter je dirai que l’IA peut contribuer à faciliter la vie des gens, peu importe leur âge.
A votre avis, quelles sont les nouvelles lois qui doivent régir ce secteur ?
Si nous avons une loi qui régit les activités de la radio, par contre nous n’avons pas de loi spécifique qui qui couvre les « on line TV ». Les télévisions privées ne sont pas contrôlées par une législation quelconque. Ce n’est point dans l’esprit de museler la presse, mais pour qu’il n’y ait pas de dérapage. Donc je pense qu’on doit travailler dans cette direction.
Votre ministère a remporté le World Summit on the Information Society Champion dans deux catégories se référant aux applications mobiles. Concrètement qu’est-ce que le pays gagne à travers ce genre de compétition ?
Je dirai d’abord une reconnaissance internationale. Par le biais de ces trophées nous pourrons nous positionner comme un pays phare au niveau du TIC. La question de lancer Maurice comme un pays facilitateur pour faire des affaires sera mis en exergue. C’est aussi l’accès aux informations. Il y a d’un côté le gouvernement et de l’autre le ministère qui organise des évènements en accordant des facilités aux hommes d’affaires. Nous donnons aux jeunes et aux institutions des facilités pour qu’ils innovent. Donc il ne fait aucun doute que le pays sort gagnant à travers ces compétitions.
Concernant de nouvelles formes des cyber attaques, est-ce que le ministère est bien armé pour s’assurer que toutes les infrastructures publiques soient dûment protégées ?
Nous avons une équipe formée et formidable. On a certaines unités qui font le 24/7 pour assurer que tout se passe comme sur des roulettes. Elles surveillent de près pour qu’il n’y ait pas d’attaques sur des sites appartenant à l’Etat. Je dois dire qu’ici à Maurice on est bien protégé, bien que ce secteur évolue rapidement. Notre équipe s’assure que le secteur soit toujours à jour et elle est toujours prête pour intervenir en cas d’urgence.
Rechercherez-vous une hausse dans le budget du ministère ?
Oui certes. Nous avons beaucoup de projets en attente pour être implémentés. Par exemple la mise en place des points de WIFI partout. Nous avons d’ailleurs un Mauritius Artificial Intelligence Council (MAIC). L’objectif est de faire des recherches pour approfondir nos projets de digitalisation. Un cadre légal sera bientôt institué pour donner foi à sa vocation.
PHOTOS : RACHID MUKOON