La surenchère démagogique revient encore une fois sur le devant de la scène politique, avec la déclaration faite dimanche dernier par Navin Ramgoolam à l’effet qu’il fera voyager à la Réunion tous ceux qui auront eu 60 ans. D’abord, il y a beaucoup de démagogie dans cette promesse du leader du Parti Travailliste devant un parterre composé de personnes âgées, à Roches Noires.
N’est-ce pas ce même Ramgoolam qui dit que le présent régime « dilapide » les caisses de la Banque Centrale ? Et que le ministre des Finances mène le pays à la ruine ? A moins d’avoir une baguette magique, ou un ministre des Finances supérieur à Renganaden Padayachy, nous ne voyons pas où Ramgoolam va trouver tout l’argent nécessaire aux voyages de ces 250000 Seniors ? En prenant en compte que chaque retraité gagne Rs 9 000 ou plus, et qu’on multiplie ce chiffre par le prix du billet d’avion, au-delà des Rs 10 000, cela fait une grosse somme.
En supposant que le régime Travailliste arrive au pouvoir, et qu’il demande à la compagnie d’aviation nationale de faire ces voyages, n’est-ce pas là encore plomber les finances d’Air Mauritius, compagnie qui est passée par des multiples turbulences après ces deux années de pandémie ? Et si Air Mauritius arrive quand même à satisfaire au vœu de Ramgoolam, qui prendra en charge le séjour de ces personnes à l’île sœur ? Si on va à la Réunion, où le coût de la vie est deux fois plus cher qu’à Maurice, n’est-ce pas envoyer ces personnes âgées se ruiner dans l’île voisine ?
En fait, qui a conseillé le Dr Ramgoolam sur cette « trouvaille » qui pue la démagogie ? Est-ce parce que Pravind Jugnauth a dit que « si l’opposition arrive au pouvoir, elle va baisser vos pensions » qu’il se croit obligé de donner dans cette surenchère ? Au lieu de promettre monts et merveilles aux Seniors, pourquoi ne pas leur proposer une vie meilleure où ils ne se sentiraient pas abandonnés par leurs enfants et petits-enfants, et ne devant vivre que dans des Homes ? Quels loisirs pour les Seniors ? Quel plan de santé, quand on sait combien d’entre eux souffrent au quotidien, ne serait-ce que dans l’achat de médicaments ?
En fait, au lieu de venir présenter un programme différent de ce que propose le présent gouvernement, Navin Ramgoolam donne dans la démesure. Annonçant même le remboursement du Super Cash Back Gold aux anciens détenteurs de cette assurance. Là encore, il ne dit pas un mot sur les sources de l’argent qu’il donnera. Puisera-t-il dans les Rs 200 millions qui se trouvent dans ses coffres, en présupposant qu’il aura gagné son procès contre le Bureau du Directeur des Poursuites Publiques ?
En fait, les détracteurs du leader du Ptr diront que « Ramgoolam n’a pas changé ». C’est le même homme frivole, qui croit qu’il peut diriger le pays à sa guise, en faisant des promesses mirobolantes, dont il sait qu’il ne pourra les tenir.
En vérité, à chaque fois qu’il ouvre la bouche, Navin Ramgoolam donne raison à ceux qui disent « ki li pa pou retourn o pouvwar ankor ».Seul son cercle intime croit dur comme fer qu’il pourra déloger Pravind Jugnauth du fauteuil de Premier ministre. Mais s’il vient avec des arguments aussi démagogiques que ces voyages gratuits pour les Seniors à la Réunion, il montrera aux sceptiques qu’il vit encore dans un autre monde.
Car, justement le monde qu’il avait quitté en 2014 n’est plus le même. Il y a eu deux ans de pandémie. Et les Mauriciens ont beaucoup souffert de cette étape, certains perdant leurs proches, et d’autres souffrant encore des séquelles. Dont la maladie, le chômage, le suicide. Lui, goguenard devant son auditoire préparé d’avance, il vient annoncer des conneries, qui ne changeront en rien la vie de ces retraités. Car, valeur du jour, à moins d’avoir un programme politique différent de celui mené par le présent gouvernement, Ramgoolam ne peut prétendre transformer le pays.
Il doit donc être ramené à sa juste proportion, et prendre ses paroles pour ce qu’ils valent. C’est vrai que c’est sous le Parti Travailliste de son père que l’Etat-providence fut mis en place, avec la pension universelle,- la santé et l’éducation gratuite (cela aussi forcé par le mouvement estudiantin de 1975), mais le monde change, a évolué. Il y a des paramètres à mettre en place, et non pas donner des coups de pied dans les fondations du pays. Navin Ramgoolam n’est pas sérieux. Et à chaque fois qu’il ouvre la bouche, il se ridiculise. Promettre monts et merveilles aux retraités, aux policiers, au personnel de la santé, c’est facile à dire. Mais kot pou al tir sa kas pou pey zot la ? Voilà un bâton qu’il donne à Pravind Jugnauth pour le battre !
