May 9, 2024
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Opinion

Édito – Jamais deux sans trois…

Une passeuse de drogue dure  en provenance de la Bolivie ? Si la présence de cette Bolivienne a fait tiquer les douaniers, qui doivent être félicités pour leur excellent travail, pour notre part nous devons rappeler que c’est en fait la deuxième fois que de la cocaïne est exporté d’un pays d’Amérique latine vers le nôtre.

Car, la grosse cargaison de Coke qui se trouvait dans les entrailles du tram arrivé à Maurice sortait aussi d’un pays d’Amérique latine. Et quand on sait que le dicton dit  jamais deux sans trois, il faudrait redoubler de vigilance. Car, les narco-trafiquants  sont prêts à tout pour faire entrer leur poison sur le sol Mauricien.

Maintenant, il serait naïf de croire que cette Bolivienne se serait réveillée un matin, et aurait décidé d’aller « tras enn lavi » du côté de  l’île Maurice. En fait, comme dans les années 80 et 90, où les trafiquants identifiaient les pays pauvres et leurs habitants, en l’occurrence l’Inde et Madagascar, dont beaucoup de passeurs venaient d’un milieu sans le sou, et qui acceptaient de faire ce travail de mule contre rémunération, pour nourrir leurs familles et avoir un toit.

Il est clair maintenant que c’est vers l’Amérique latine que se tournent les trafiquants, les autorités Mauriciennes ayant bien verrouillé les portes de l’Inde, du Pakistan, du Bangladesh  et de Madagascar. Mais, comme dans toute stratégie commerciale, les trafiquants faisaient tout pour doubler les douaniers et les policiers. Et quand un passeur Indien/Malgache/Pakistanais/Bangladais était arrêté, bien souvent ce sont les trafiquants même qui le dénoncent. Et quand le premier passeur est pris sur le fait, un autre peut passer tranquillement sur la ligne verte, et rentrer sur notre territoire avec le cargo.

Cette Bolivienne ne parle pas un mot d’anglais et de français. Et semblait perdue à son arrivée à l’aéroport. En espérant que la justice comprendre qu’elle n’est qu’un pion, il faudra chercher si d’autres personnes ne sont pas venues de la même région, eux étant plus « rôdées » bien sûr. Et ayant sûrement eux-mêmes « vendu » la Bolivienne aux autorités.

Se pose aussi la question : Pourquoi la cocaïne ? Depuis que le cannabis est devenu « normal » aux yeux des autorités mondiales en matière de lutte contre les drogues, cette plante n’est plus perçue comme dangereuse (bien entendu qu’elle ne l’est pas, mais Big Pharma avait intérêt à ce que ses dérivés naturelles ne fasse pas concurrence à ses pilules mortelles), il faut maintenant fournir de la dope plus dure aux toxicomanes. D’où l’arrivée et l’apparition  des drogues chimiques sur le marché mauricien.

Mais les toxicos locaux tombant comme des mouches, après prise de ces produits chimiques, dont certains fabriqué localement, les trafiquants prennent donc le risque d’importer de la drogue dure comme l’héroïne et la cocaïne. Qu’ils mélangeront ensuite avec de la poudre de ciment (vu dans un documentaire) et fourgueront aux accrocs, accélérant la mort de leurs clients.

Et puis, il faut aussi le dire, comme le disait la rumeur dans les années 90, où le nom d’un ministre fut cité comme étant un friand de drogue dure, il y a des personnalités, ou leurs enfants, qui prennent de la Coke, pour faire « hype »,et faire comme dans les films américains, quoi. Les policiers de l’ADSU et les douaniers savent très bien qu’un habitant de cité ou d’un petit village n’a pas les moyens pour importer pour Rs 30 millions de cocaïne à Maurice. Et si certains de ces petits poissons sont attrapés, ils ne sont que des intermédiaires, les couvertures qui protègent le ou les Big Boss ! Qu’on se rappelle que depuis que la Special  Striking Team a arrêté un convoi de drogue sur la côte ouest, aucun de ceux arrêté n’a dénoncé le Boss.

Il n’est donc pas étonnant que l’exercice de « control delivery » mis en place après l’arrestation de  la Bolivienne, ait été un échec. Car, la pauvre Sud-Américaine, dès l’instant où elle est attrapée, est  considérée comme finie par les commanditaires. Il est donc malheureux que l’enquête de police sur le cargo qui se trouvait à bord du tram n’ait jamais rien donné. Il y en avait pour 90 kilos, cachés dans une tractopelle, valant plus de Rs 1.5 milliards !  Mais au fait, qu’a –t-on fait de la marchandise ? Si l’enquête n’a pas abouti, pourquoi ne pas détruire cette drogue, si cela n’a pas encore été fait ? Xavier-Luc Duval peut-il poser une Private Notice Question à cet effet. Et le Premier ministre nous dire ce qu’il en est de l’enquête sur la cocaïne trouvée à bord du tram, et si elle a été détruite ?

En tout cas, tant qu’il y aura des officiers de douane et de police qui feront admirablement bien leur travail, les passeurs de drogue ne pourront réussir dans leur immonde besogne. Mais nous demanderons à ces officiers de tenir compte de ce que nous disons ici, et de rester vigilants. Car, en espérant qu’il n’y a pas eu de troisième tentative, cela fait quand la deuxième fois qu’on tente d’introduire de la cocaïne sur notre territoire. D’abord, à l’intérieur d’un tram, et maintenant en utilisant une Bolivienne. Prions pour que la troisième fois n’arrive pas, ou ne soit jamais arrivée ! Autrement, comme dit toujours le travailleur social  Ally Lazer, il n’y aura jamais de pénurie de drogue dure à Maurice !

Sedley Assonne

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