Ils sont partout, dans tous les pays. Et ils ont toujours un grand sourire sur le visage, comme pour bien faire croire aux gens que tout va bien dans le monde. Mais en fait, ces influenceurs, puisque c’est par ce nom qu’ils sont connus, ne sont que des agents publicitaires, dont beaucoup touchent gros, qui font des pieds et des mains pour plaire à ceux qui tirent les ficelles en coulisses.
A Maurice, il y a même des « awards » pour récompenser le « meilleur » d’entre eux. Et curieusement, on ne voit pas la presse dénoncer ces beaux parleurs, qui font abus de fausses promesses et de fausses pubs. Sans qu’ils ne soient jamais sanctionnés !
Mais au fait, comment faisaient nos arrières grands-parents, voire nos parents ? Du temps de nos aïeux, nos ainés étaient les seuls à décider de la tournure qu’ils donneraient à leurs vies. Personne ne pouvait les influencer à acheter quoi que ce soit qui n’entrerait dans leurs mœurs. Parce qu’à cette époque, les gens étaient conscients qu’il fallait vivre avec son temps. Aujourd’hui, on tend de plus en plus à faire croire aux peuples qu’il leur faut le dernier Iphone, et tous les autres gadgets inutiles de notre époque.
Et avec des populations de plus en plus infantilisés, il est clair que le capitalisme ne peut survivre dans un milieu intelligent. Quand on voit un Bill Gates qui fait la leçon au monde, alors qu’il n’y a pas longtemps ce charlatan vendait des logiciels censés changer le destin des geeks. Je m’étonnais que la presse n’ait jamais condamné les dérives des influenceurs, mais en fait, les deux vont de pair. Beaucoup d’entre eux n’existent que parce qu’ils bénéficient de beaucoup de latitude, voire de largesse !, de la part des médias. Et certains ont même leur propre mode de diffusion.
De nos jours, vous ne pouvez pas vous promener sur les réseaux sociaux sans qu’un de ces personnages néfastes ne tente de nous influencer. Vous êtes sûrement passé par cette dure épreuve, où une page de pub arrête brusquement la vidéo que vous étiez en train de regarder. Et il vous faut alors subir cette intrusion et accepter ce harcèlement publicitaire. Vous remarquerez que si vous dites quelque chose de contraire contre un puissant, à tous les coups vous risquez d’aller en prison Facebook. Mais ce même réseau social n’agit jamais contre ceux qui tentent quotidiennement de nous faire croire que notre vie doit être régie par influence ! Et avez-vous déjà vu quelque « étude » sur l’effet néfaste de ces influenceurs ? Jamais ! Parce qu’ils sont les reflets même de tous ceux qui tentent, nuit et jour !, de vous vendre du rêve !
Comment faire alors ? On nous dit d’éteindre la télé, et que le problème serait réglé. Pas sûr, car nous sommes nombreux ici à subir le diktat d’un audiovisuel dépassé qui fait fi de la volonté du plus grand nombre, au seul profit d’un cercle d’intimes. Ce qui nous fait venir au champ politique. A part la manifestation de l’alliance Nando Bodha/Dev Sunassy, qui a fait comprendre au directeur de la station nationale qu’il est dans l’erreur, les autres partis politiques acceptent, sans broncher, ce que nous impose la MBC. Et de mémoire, le MMM est un des rares partis à n’avoir jamais manifesté contre la MBC. Sûrement parce que ce parti est encore traumatisé par ce qui s’était passé en 1982, quand il fallait avoir du créole, une bonne chose !, sur les ondes ! Depuis cette date, le MMM fait comme si la MBC n’existe pas, et les deux parties se regardent en chiens de faïence. Mais au fait, que prévoit l’alliance dirigée par Navin Ramgoolam en termes de liberté de l’information ? Ce même Ramgoolam qui a, lui aussi !, usé et abusé de la MBC quand il fut au pouvoir !
John Cassavettes réalisa « Une femme sous influence », un chef-d’œuvre, avec son ami Peter Falk, et sa femme Gena Rowlands. Pour l’époque, nous sommes en 1974, le message du film était puissant. Car, il appelait à la libération de la femme, débarrassée de l’influence de son mari, et de la société. Message qui ne cadrerait pas avec ce qui se passe de nos jours, où la chirurgie esthétique fait croire à la femme que sa « beauté » passe par le scalpel. Alors qu’en fait, les influenceurs ne veulent que le scalp de la femme. Et si besoin, sa cervelle aussi !
Nous sommes dans la fin des temps, disent les complotistes. Et on nous dit toujours qu’il ne faut pas lire Aldous Huxley ou George Orwell, voire Isaac Asimov. En ces temps de célébration de Barbie, une poupée qui n’a jamais parlé et qui arrive pourtant à faire croire à des enfants qu’ils doivent imiter son mode de vie !, ouvrir la bouche pour dire des choses sensées relève du crime. Alors, soit vous vous laissez influencer, et il n’y aura pas de guerre des mondes. Ou bien, vous vous rebellez, comme Neo dans « Matrix », et vous passerez pour fou. Et la police de Facebook, et celle des puissants, viendra censurer tout message que vous passerez. Comme au temps du Covid. Quand ceux qui militaient contre les vaccins étaient considérés comme les « méchants ».Laissez-vous donc piquer par les influenceurs. Quand arrivera la fin du monde, ils ne seront pourtant pas les premiers à vous avertir. Vous vous rappelez de celui qui mettait en garde contre les faux prophètes ?…
Sedley Assonne