March 29, 2024
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Opinion Politique

Éducation : l’enjeu des emplois

La COVID-19 n’a pas eu que des conséquences économiques et sociales sur l’ensemble de la planète. Il est connu maintenant qu’un des secteurs qui s’en sont trouvé le plus bouleversé par la pandémie est celui de l’éducation. D’ores et déjà, dans les pays avancés, où l’éducation est une question prioritaire et mobilise une des plus grosses dotations budgétaires nationales, l’on réfléchit à des projets destinés à mettre à jour des stratégies cohérentes et durables.

La situation économique et ses répercussions sociales ont sans doute cristallisé toutes les attentions et requis des décisions immédiates, mais l’enjeu éducatif est passé en arrière-plan alors que dès les prochaines années, l’impact s’en fera ressentir. L’impossibilité de poursuivre normalement les études primaires et secondaires a totalement bouleversé les projets tant au sein des familles qu’au niveau des institutions scolaires. L’enjeu est l’avenir des jeunes apprenants et de leurs possibilités de réussir leur parcours scolaire et intégrer le marché du travail. En raison de l’impact sans précédent de la pandémie partout dans le monde, l’arrêt des activités économiques a totalement mis en question les perspectives dans le monde du travail, en touchant d’abord de plein fouet les étudiants et mettant dans le doute les jeunes en milieu secondaire. À ce jour, à Maurice, aucune étude n’a été produite en vue de vérifier l’impact de la pandémie sur le secteur éducatif, mais déjà, de nombreux parents d’élèves et directeurs de collèges privés et publics s’interroge sur l’impact de l’année perdue et la nouvelle mesure concernant l’âge autorisé pour terminer les classes en secondaire. Le gouvernement semble devoir affronter une problématique que rencontrent toutes les communautés de l’ile. Ce qui poserait un problème autre que celui qui, d’habitude, n’affecte que des populations urbaines.

Solutions intégrées

Nous l’avons déjà dit ici même : la Covid-19 a tellement impacté tous les aspects de la communauté qu’il faut réfléchir à des solutions intégrées pour s’assurer d’une relance cohérente. Les propositions par secteur d’activité ne risquent pas de faire progresser les choses si dans les autres secteurs, chacun part en ordre dispersé. Le gouvernement a le droit de s’assurer que les jeunes – dans un pays où la natalité est en déclin -, obtiennent les mêmes chances de réussir leur parcours scolaire. Et pour y arriver, il faut mettre sur pied des institutions professionnelles de haut niveau aux normes internationales, ce qui permettrait aux jeunes formés à des métiers très demandés de trouver des emplois hors de nos eaux. Mais ces institutions n’existent pas en grand nombre à Maurice et cette problématique surgira au moment de former des centaines de jeunes exclus du milieu secondaire en raison de leurs résultats et de leur âge. Comment la ministre de l’éducation comptet-elle répondre à cette pertinente question afin d’éviter un grave enjeu social ?

Double défi

La réaction du gouvernement répondra à un double défi : celui de la formation, tant académique que professionnelle, et celui de la natalité, face à la problématique du vieillissement de la population. Plus de demi-siècle de cela, au lendemain de l’indépendance, le gouvernement de la coalition PTr-PMSD avait décidé de relever le défi du développement dans une ile Maurice dépourvue de richesses naturelles, en misant sur l’éducation et la formation de la jeune génération. Dix années, plus tard, ce pari s’est révélé payant, mais, plus tard, il a fallu redoubler d’imagination et de vision en investissant massivement dans la formation aux technologies nouvelles afin d’accompagner et d’impulser le développement dans des secteurs naissants tels que la manufacture, les infrastructures publiques et privées (dont le génie civil), l’automation, entre autres.

Notre système éducatif

En cette deuxième année de la pandémie – une crise économique, sociale et écologique inédite en notre ère -, le défi est immense. Il faudra repenser notre système éducatif en tenant compte de l’ensemble des impacts de la Covid-19 sur notre société, car c’est toute l’économie qui a été affectée. C’est un exercice qui nécessite la mise en commun de toutes les compétences afin de mieux comprendre l’étendue de l’impact économique, social et écologique et les réponses qui doivent être dégagées. C’est là où l’éducation académique et la formation nécessitent d’être repensées, comme elles l’ont été dans les années 70. Les premières personnes qui connaissent cet enjeu sont celles engagées dans la formation en ressources humaines et qui détiennent une certaine expérience. Leur apport permet de se saisir de cette problématique puisqu’elles connaissent les attentes dans les entreprises, mais il faudra que leurs propositions remontent jusqu’aux décideurs.

Affronter les enjeux

Puisqu’il faudra un élan national pour affronter les enjeux et faire repartir l’économie, l’ile Maurice ne peut se payer le luxe de laisser en bordure de route des pans entiers de sa jeunesse sous prétexte qu’elle n’a pas brillé dans les langues, l’économie ou les mathématiques. Il faut, à tout prix, offrir des alternatives de qualité à cette jeunesse en matière de formation, qui leur permettrait de vivre dignement. Cette jeunesse n’a pas à s’attacher au statut social qu’offrent certaines professions. En ce moment – mais depuis ces dernières années déjà -, des diplômés de l’Université de Maurice se débattent désespérément pour se faire embaucher dans les métiers ou ils ont été formés. D’autres ont déjà choisi de se faire embaucher comme bonniches ou balayeurs au Canada, loin du regard de leurs semblables à Maurice.