April 20, 2024
Hennessy Court 3rd floor Sir John Pope Hennessy street Port-Louis
Opinion Politique

Éducation : pourquoi faut-il s’inquiéter du futur ?

Chaque jour qui passe apporte son lot de nouveaux cas de contaminés à la Covid-19, nombreux identifiés dans des classes du secondaire. Même si au même moment, l’on est en droit de se réjouir que Maurice se soit classé 2e pays après Les Seychelles comme pays africain ayant vacciné presque 51 % de sa population. C’est dire les efforts mobilisés par le gouvernement pour atteindre l’immunité collective d’ici aux prochains mois. L’enjeu était, bien entendu, de retrouver le statut ‘Covid-safe’. Malheureusement, les mauvaises nouvelles se multiplient et se confirment chaque jour. Le plus inquiétant est aujourd’hui le nombre de cas identifiés parmi les collégiens, faisant craindre la même perspective qui avait prévalu l’année dernière, où l’ensemble des institutions éducatives avaient été contraintes à la fermeture durant le premier confinement. Certes, cette première expérience a été traumatisante alors que se profilait dangereusement et au même moment le spectre d’une crise alimentaire. Mais le corps enseignant avait rapidement réagi en créant des classes digitales, qui avaient permis d’assurer la continuité des cours. Les résultats des examens du SC ont reflété une bonne réaction des jeunes à cet apprentissage à distance.

Logique de fermeture

À quelques mois de la fin de 2021, la menace pandémique semble s’incruster avec une intensification qui pourrait impacter le milieu scolaire. Si on n’est pas encore dans une logique de fermeture des écoles et collèges, rien, aussi, n’indique la chute des cas de contamination. La fermeture, même temporaire, si cela devait arriver, des établissements scolaires entraineraient des coûts sociaux et économiques élevés. Les perturbations qu’elle provoqueraient affecteraient toute couches sociales et les conséquences seraient particulièrement graves pour les enfants défavorisés et leurs familles.

Préjudiciable

Quelques-unes des raisons qui expliquent en quoi la fermeture des écoles est préjudiciable permettant de nous aider à comprendre pourquoi nous devons tous nous sentir concernés par ce phénomène. D’abord, parce que l’enseignement un des piliers de toute société. La fermeture des collèges prive les adolescents des possibilités de développement et de perfectionnement. Les désavantages sont majeurs pour les enfants défavorisés, qui ont généralement accès à un nombre plus restreint de possibilités éducatives en dehors du cadre scolaire. Lorsque les collèges ferment, on demande souvent aux parents de faciliter l’apprentissage à la maison, mais ils peuvent avoir des difficultés à s’acquitter de cette tâche. Cela vaut particulièrement pour les parents dont le niveau d’instruction et les ressources sont limités. Il y a aussi l’insuffisance à l’accès aux technologies ou à une bonne connexion internet, qui est un obstacle à la continuité de l’apprentissage, notamment pour les élèves issus des familles pauvres voire modestes.

Comportements à risque

On peut également citer le fait qu’en l’absence d’autres solutions, les parents qui travaillent laissent souvent leurs enfants seuls à la maison lorsque le collège est fermé, ce qui peut entraîner des comportements à risque, notamment l’influence des pressions exercées par les pairs et la consommation de drogue. Il y a aussi la tendance à l’augmentation des taux de décrochage, où il est très difficile de faire en sorte que les collégiens reviennent à l’école et qu’ils y restent encore lorsque les établissements scolaires rouvrent, cela valant particulièrement pour des fermetures prolongées.

Compte tenu de ces risques, il faut que le ministère de l’Education s’assure que l’enseignement à distance a réussisse à combler voire remplacer l’absence des cours en présentiel. Dans l’immédiat, rien ne l’indique, il faudrait attendre d’autres résultats de même que vérifier l’impact plus large de cette nouvelle forme d’enseignement. Le fait que la distribution des smartphones et leurs coûts permettent à presque toutes les familles de l’île de se connecter, peut-être un objet de satisfaction. Mais pris de manière isolée, ce facteur ne permet pas de prendre la mesure holistique de cette problématique, car cet appareil n’est qu’une réponse partielle : il faut que le collégien parvienne à maîtriser les rudiments informatiques pour l’enseignement à distance.

Monde virtuel

Nous vivons à l’ère 2.0, où le digital est omniprésent. Ce qui préfigure un vaste réseau d’activités liant les êtres humains et qui se feront par connexion virtuelle. Certains observateurs font déjà valoir que l’Ancien Monde se déconnecte au profit du réseautage. Certes, nous n’y sommes pas encore, mais l’apparition de la Covid-19 à précipiter le mouvement vers une tendance – illustrée surtout par télé-achat -, dont certains ne voyaient l’affirmation que dans un horizon encore éloigné. Mais les conséquences économiques et sociales de la pandémie ont vite fait d’accélérer la recherche vers des solutions digitales et à leur mise en œuvre. S’il est aussi vrai que dans l’immédiat, certaines d’entre elles sont encore au stade de tâtonnement, gageons qu’il ne faudra guère beaucoup de temps pour qu’elles deviennent de véritables outils dans les différents processus de développement. Non pas par la seule nécessité de répondre à une urgence, mais surtout par le fait que notre monde, surtout les pays avec lesquels nous sommes en affaires, se sera lui-même mis au nouveau système. Le télé-achat et l’achat en ligne en sont de bons exemples.

Problématiques contrastées

C’est ce défi auquel le monde de l’éducation est déjà exposé, où ceux qui sont encore confrontés aux contraintes citées plus haut risquent de se heurter à la vague de changement digitale. Il n’y a guère d’autre solution que de s’instruire aux technologies nouvelles de communication pour s’en sortir. Mais on sait qu’un pan entier de notre société se trouve enlisé dans des problématiques les plus contrastées, les plus démunis faisant eux face à des handicaps économiques et sociaux récurrents, et héréditaires. Le gouvernement et la société civile ont doivent combler le fossé qui se creuse davantage pour cette couche de notre société, sans oublier celle qui s’en est retrouvée appauvrie par les conséquences de la pandémie. Alors en avant toute pour relever les défis futurs, sereinement avec comme priorité l’éducation de nos jeunes.