March 29, 2024
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Fait Divers News

Harcèlement et séquestration au travail :

Deux employés d’un ‘seafood company’ de l’Est portent plainte au bureau de l’emploi

“On a vécu un cauchemar”

Deux employés d’une entreprise de produits de mer dans l’est, ont affirmé avoir été harcelés et séquestrés par la direction de la compagnie. Vashi D. et Kajal se sont rejoints cette entreprise, il y a quelques mois au début de 2019, comme ‘salesman’ et ‘accounts clerk’. Depuis, ils vivent un cauchemar au travail. “On a vécu un cauchemar, c’est inoubliable”, relatent les deux.

Ils ont pris contact avec Mazavaroo pour exposer l’affaire dans les médias concernant ce problème grave au bureau, ainsi de faire entendre leur voix afin d’encourager les autres employés à venir en avant et lutter contre ce genre de situation. “Ena encore employés ki dans même situation ki nou, mais zote pas le voice-out par peur”, s’exclament-ils.

Agressions verbales

Tout a commencé par des agressions verbales, selon eux, a empiré avec le temps. «Nous avons toujours été insultés par le directeur malgré le fait que nous fassions bien notre travail», ont révélé les deux. Ces insultes les ont découragés de travailler mais, en raison de leurs problèmes financiers, ils ont dû continuer à travailler. «Nou ine bizin prend patience travail», soulignent Kajal S. et Vashi D, qui appartiennent à une famille modeste. Des travaux supplémentaires contre leur contrat En tant qu’employée comptable, Kajal S. a été contrainte par la direction à s’acquitter de tâches supplémentaires non basées sur son contrat de travail..Elle se confie qu’elle aurait travaillé comme réceptionniste ou même secrétaire. “Tout ça pas dan mo contrat travail”. Souligne Kajal S, et si elle n’acceptait pas ces travaux supplémentaires, c’était l’enfer!

Ce jour-là, Kajal S.est arrivée au bureau vers 8h comme tous les jours. Vers 9.30am, elle a reçu un appel de la direction lui demandant de vérifier ses courriels. “J’ai vérifié mes courriels et remarqué un courriel adressé au
service des achats”, dit-elle. Kajal S. a cru qu’elle a reçu ce courriel par erreur. Elle a alors contacté la direction pour l’informé de ce malentendu. La responsable l’aurait ignoré et l’a obligé à s’acquitter de la tâche, même en sachant que Kajal S. est un employé du département des finances. Elle a toutefois essayé de le faire mais elle était incapable. “Il y avait des termes techniques, que je ne savais pas”, se désole cette dernière. Elle a ensuite repris contact avec le manager pour la justifier.

Mécontente et vexée, la responsable aurait téléphoné au directeur pour se plaindre de Kajal S. Elle l’aurait accusé qu’elle n’est pas une professionnelle au travail, en tant que le travail est censé être effectué par un ‘ordertaker’.

Quant à Vashi D. il a été rétrogradé de ‘salesman’ à ‘frigoman’. “J’ai été recruté pour travailler dans le département de sales’ mais la plupart du temps, je me retrouvais comme frigoman”. Il aurait ainsi demandé des explications à la direction mais il n’avait toujours aucune réponse.

“Li fine pil so portab lor la table…”

Kajal S. aurait essayé de se justifier encore une fois mais le pire l’attendait. “Manager fine pil so portab lor la table avec la rage”, souligne Kajal S, “J’étais terrifié avec un tel comportement agressif en face de moi”.

Kajal S. aurait ensuite essayé de calmer la situation en lui disant gentiment qu’elle ne serait pas en mesure de s’acquitter de cette tâche parce qu’elle souffre déjà d’une surcharge de travail au sein du service des finances. Pour Kajal S et Vashi D. c’était très difficile de faire face de telle situation où ces ils ne pouvaient pas s’exprimer par peur la direction qui réduirait alors leur salaire“Lorsque nous essayions de nous justifier, la direction nous mettait en garde et retenait notre salaire même si ce n’était pas notre job”, dénoncent-ils.

Des ‘Warnings’ qui persistent

Obtenir des ‘warnings’ était une routine pour eux. «J’ai été averti parce que je ne m’étais pas attaché les cheveux en chignon». Les tea-breaks et les warnings marchaient ensemble. «Même quand je prendrais mon un break qui est inclus dans mon contrat de travail, je serais toujours insulté accompagnée d’un warning”, se désole Kajal S.

Kajal S. nous raconte que le jour de l’incident, elle aurait reçu un appel de la responsable de lui rejoindre à la salle de conférences pour un meeting d’urgence. Elle serait partie dans la salle mais il y avait personne. “ J’ai attendu 30-40 minutes mais personne n’est venue me voir”, dit Kajal S. Elle aurait ensuite téléphoné à la responsable qui lui a dit que le directeur est injoignable et que le meeting serait avec lui seul. Durant la réunion, la responsable accompagnée de sa secrétaire, auraient souligné les points que Kajal S. n’accomplit pas ses devoirs ni ses responsabilités. La responsable l’a ensuite lui a remis une lettre d’avertissement, en l’exigeant de la signer.

Torture morale et harcèlement

Quant à Kajal S., la responsable me harcelait moralement. La ‘manager’ aurait réagi de manière agressive avec elle au cours de la réunion, lui tentant de signer une lettre d’avertissement sans son consentement. “La façon dont elle se comportait était effrayante. Si la réunion continuait, elle serait même devenue physiquement violente avec moi”, pleure Kajal S, avant d’ajouter, “Li harcel travailleur pou kit travaille”.

Des menaces: “ Si to pas signé, to pas pou sorti …”

C’était déjà l’heure du déjeuner et Kajal S. voulait quitter la salle de conférences. “La responsable a bloqué mon chemin en me menaçant, Si to pas signé, to pas pou sorti depi la salle conférence”, raconte Kajal S. toute effrayée.La responsable aurait ainsi exigé que Kajal S. lui donne son préavis. Kajal S., souligne qu’elle n’avait pas encore décidé de quitter son emploi à ce moment. “ Elle me harcelait avec des menaces” lance-t-elle.

Le calvaire

Même si c’était contre sa décision, Kajal S. a signé la lettre d’avertissement pour pouvoir sorti de la ‘conference room’. Elle craignait pour sa sécurité et a demandé de l’aide à un proche. “ Il m’a conseillé de contacter la police”, dit-elle. Cependant, ayant peur de la situation, le proche aurait relaté l’incident à la police lui-même.

“Le directeur a recruté des ‘bouncers’ au sein de la compagnie”

Vashi D., pour sa part a ajouté que des ‘bouncers’ de la compagnie le harcelaient. “Ce jour-là, j’étais parti pour faire des livraison accompagné du ‘transport superviser’ et un ‘bouncer’”, se souvient Vashi D. Le ‘transport superviser’ aurait empêché Vashi D. à recevoir un appel personnel en lui demandant son téléphone portable. Ce dernier l’a refusé. “Il a ensuite commencé de me filmer dans le van”, se confie vashi D. “quand je me suis descendu du transport pour demander des explications, le ‘bouncer’ m’a agressé”, se relate-t-il.

Séquestration

La police est arrivée dans une quinzaine de minutes mais Kajal n’était pas sur place. Elle ne pouvait pas aller voir les policiers qui l’attendaient dehors. “La direction m’a séquestré à l’intérieur du bureau ni laisser entrer les policiers”, se confie Kajal S.Un sergent de police aurait finalement ouvert la porte. Terrifiée, de cette situation, Kajal S. avait peur d’aller prendre ses affaires seules au bureau. « Une policière m’a accompagné à l’intérieur car je n’étais pas en sécurité », lâche cette dernière.

Consultation avec un psychologue

Avec tous ces problèmes, Kajal C.a déclaré qu’elle était troublée mentalement. Elle ne pouvait plus. La police l’aurait ensuite amené à l’hôpital de Flacq où elle a été suivie par un psychologue. « J’avais des idées suicidaires, c’était traumatisant » se confie-t-elle. Kajal S. aurait ensuite
porter plainte contre la direction de la compagnie à la station de police de Flacq.
Sollicité, un policier de la station de Flacq nous a confirmé qu’il y a bel et bien une plainte contre le management de la compagnie concernée. De plus, le policier se confirme ainsi que Kajal S’ a obtenu un ‘protection ordre’ contre le responsable de l’entreprise et qu’une affaire civile est en cours.

Des menaces de mort à Vashi D: “ Ene sel cout mo manz toi…”

D’autre part, Vashi D, a avoué qu’il a reçu des menaces de mort de la part du ‘bouncer’ de l’entreprise. Après avoir été agressé hier, le lendemain Vashi D. a demandé une réunion d’urgence avec le directeur concernant ces menaces qu’il a reçues ce matin. “Ene sel cout mo manz toi, ene chance to dans travail là, mo déjà conné kot to resté, si to ti pou dehors to ti pou conné ar mwa”, aurait lancé le ‘bouncer’ à Vashi D.

Au cours de la réunion, le directeur l’a demandé des témoins, pour confirmer ses propos. Hélas! Les témoins n’auraient pas voulu révéler l’affaire au directeur. Quant à Vashi D., il est conscient que lorsqu’il était menacé, le superviseur et l’agent de sécurité étaient présents sur place. “Zote ti pe peur tension zot perdi zot poste” se désole ce dernier.

Le lendemain, Vashi D fut choqué d’apprendre qu’il avait été rétrogradé de ‘salesman’ à ‘frigoman’. “Pas sa poste là qui mo ti apply”, souligne-t-il “Nou par en sécurité là-bas”

Depuis, Kajal S. et Vashi D. vivent dans le dénuement, n’ont plus d’espoir, et sont désemparées. Ils ne veulent plus retourner au travail. Par contre, conseillée par le bureau de l’emploi, Kajal S. a déjà quitté son travail.“Nou pas en sécurité là-bas, dans compagnie ena ‘bouncers’, et zot ine déjà tire revolver dans travail” lancent ces deux victimes.

Ils demandent aussi que la justice soit faite pour que les autres employés ne souffriront pas comme eux dans le futur. Yashmeeta Jugoo Rughoobur