April 20, 2024
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Haroon Ally Durbass : « Le PM a une vision progressiste et avant-gardiste »

Ancien instructeur physique au collège de St Joseph, Haroon Ally Durbass âgé aujourd’hui de 70 ans, jette un coup d’œil critique sur les sports à Maurice. Toutefois, il dit garder espoir sur le redressement de la situation étant donné que le Premier ministre, soutenu par son ministre des Sports, a une vision progressiste et avant-gardiste. Ci-après l’essentiel de son interview qu’il nous accordée

Pouvez-vous nous retracer votre carrière sportive ?

J’ai débuté ma carrière comme instructeur physique en 1969 au collège St Héléna. J’y étais pendant quatre ans et après j’ai fait une courte durée au collège Mauritius avant de me joindre au collège St Joseph à partir de mai 1975. J’avais débuté comme « discipline master » et le professeur de culture physique, Harass Varsally, était supposé de faire une interview pour se rendre en Angleterre. Quand je l’avais remplacé temporairement, le recteur d’alors était satisfait de la façon dont je faisais la classe de la culture physique. Je dois dire que je n’ai jamais soumis mon application pour travailler au St Joseph. C’est le Frère Patrick qui travaillait au niveau des inter-collèges a voulu que je m’y joins. De 5 mai 1975 jusqu’en 2011 j’ai travaillé au St Joseph comme instructeur physique. Après 39 ans, j’ai terminé ma carrière au sein de ce collège confessionnel. J’ai pratiqué tous les sports, mais j’avais une passion particulière pour le football, le badminton et le body building. Dans la discipline de badminton j’ai été le secrétaire de la Fédération et j’ai joué jusqu’en première division. En body building, j’ai occupé les postes de secrétaire, trésorier et président pour au moins dix ans au sein de Mauritius Association of Body Builders (MABB) et j’ai eu la chance de participer dans le tournoi Africain.

J’ai aussi été le président de l’Indian Ocean Body Building pendant quatre ans. J’ai été le membre fondateur de l’African Body Builders Federation et en tant que chef de délégation, j’ai pu assister à deux championnats du monde et j’ai même pris part à deux congrès international de l’International Federation of Body Builders dirigé par les frère Weider, Joe et Ben. Sur le plan de ballon rond, j’ai entraîné plusieurs équipes régionales que j’ai conduit jusqu’en deuxième division. Pendant dix ans j’ai entraîné le Junior Muslim Scouts et pendant deux ans j’ai entraîné le senior Muslim Scouts. Sans oublier que pendant quatre ans j’ai entraîné le Junior Sunrise. Au niveau des inter-collèges, je dois dire que le collège St Joseph avait remporté presque tous les championnats et en 1993 nous avions réussi de battre le collège St Esprit en remportant l’inter collège avec plus de 100 points d’avance. Toutefois, un an après les sports inter-collèges n’était plus le même….

Pensez-vous que c’était une bonne chose d’annuler les inter’collèges de cette manière ?

Je dirai non. Ce fut une grande erreur qu’avait commise le ministre d’alors, Michael Glover, d’avoir retiré la Fédération scolaire des mains des profs de culture physique pour la placer entre les mains des recteurs. Or, je dois dire, la majorité des recteurs ne sont pas intéressés aux sports. Disons aussi qu’aux Jeux des Iles d’autre fois, les jeunes qui représentaient le pays sortaient des sports scolaires. Même ceux qui étaient dans la discipline de foot étaient issus de cette équipe qui avait participé aux inters collèges.

Au championnat de basket ball, par exemple, il y avait cinq jeunes du collège de St Joseph sur le terrain. C’est dommage qu’aujourd’hui on voit une ex-présidente de la fédération scolaire, directrice de surcroit, est devenue secrétaire de la fédération. On note aujourd’hui l’absence des profs physiques dans l’organisation des jeux.

Les résultats tonitruants aux jeux des îles sont-ils l’aboutissement d’une véritable progression des sports mauricien ou serait-ce un triomphe sans lendemain ?

Lors des derniers jeux des îles, malgré toutes les infrastructures modernes, je dois dire que la majorité des athlètes sont issus de Rodrigues et nous avons toujours nos anciens athlètes. L’on peut se demander où sont les jeunes et où est la relève ? Avant les dirigeants étaient intéressés avec les sports alors qu’aujourd’hui ils ne pensent qu’à leurs voyages. Toutefois, heureusement que nous avons un Premier ministre qui a une vision progressiste et avant-gardiste et soutenu par le ministre Toussaint, je peux garder espoir que tout se redressera pour le mieux.

Votre analyse sur le sport scolaire ?

C’est dommage car nous oublions que l’éducation physique est un atout important dans la vie des jeunes. C’est pour cela qu’aujourd’hui on voit des jeunes tombant dans le piège de la mafia de la drogue. Ils n’ont pas la chance de faire montre de leur talent dans le domaine sportif. L’éducation physique n’est que sur le papier aujourd’hui. C’est plus théorique que physique. Il n’y a plus d’entraînement après les heures des classes. J’apprends même que certains collèges réclament Rs 350.00 ou plus aux élèves pour qu’ils s’entraînent après les heures des classes…

Mais l’on constate que le Premier ministre met l’emphase sur la pratique du sport…

…J’apprécie ce qu’il dit. Soutenu par son ministre des Sports, j’espère qu’on assistera à un revirement de la situation en faveur de cette discipline et en faveur des jeunes. Je dois ajouter ici qu’il faut faire la différence entre la classe de culture physique et la préparation des athlètes. Les champions sont entraînés dans l’après-midi mais pas durant la classe d’éducation physique. Je dirai que l’avenir des sports est sombre à Maurice, mais avec notre Premier ministre rien ne sera perdu.

Ali SAYED-HOSSEN.