Depuis que la date des élections a été annoncée, Navin Ramgoolam ne cesse d’évoquer le scrutin de 1967. C’est dans ses habitudes et dans sa sombre stratégie de tenter de séduire les gens, en ressassant les vieux thèmes de cette époque-là. À tel point que ceux qui assistent aux réunions des rouges ont les oreilles serinées. Au fil des jours, il radote sans relâche et sans conviction, insultant l’intelligence de ceux qui ont du temps à perdre pour entendre ses bobards, ses insanités. Il est un fait que l’ensemble des Mauriciens ne sont pas aussi stupides qu’il puisse le penser. Le peuple, témoin des millions de billets, sans compter les dollars américains (qui n’ont jamais été mis en circulation) ont eu le choc de leur vie. Oserez-vous penser une seule seconde que ces images terrifiantes s’effaceront de la tête de tous ? Comme SSR qui avait tout concocté pour s’accrocher au pouvoir, son fils, lui, se débat pour revenir à la tête du pays.
Que Navin, au fond, ne porte pas dans son coeur les intérêts des pauvres gens, cela se conçoit aisément (ses fabriques de marque étant son sourire lénifiant, son ingratitude et ses promesses non-tenues). Et, son obsession maladive de se référer à 1967, au lieu de 1976, cela se comprend. Arrêtons-nous à cette date fatidique du 7 Aout 1967, l’un des plus importants scrutins dans l’histoire du pays. Ce jour-là, les Mauriciens votèrent en masse pour ces élections, qui déterminaient l’avènement ou pas de l’indépendance du pays. Une Indépendance que la Grande-Bretagne voulait bien accorder au pays, pour faire suite à la discussion sur l”avenir Constitutionnel de notre l’île. Le parti de l’indépendance (PI) composé du parti Travailliste, de L’independent Forward Block et du Comité d’Action Musulman(CAM), menés respectivement par Sir Seewoosagur Ramgoolam, Sookdeo Bissoondoyal et Sir Abdool Razack Mahomed.
Ce triumvirat orchestra une campagne féroce pour libérer le pays du joug colonial. Le Parti Mauricien Social-Démocrat (PMSD) sous la houlette de Sir Gaetan Duval s’opposait farouchement et à l’indépendance et à ces élections générales du 7 août 1967. Cette joute entre le parti de l’Indépendance et le PMS donna lieu à un déclenchement de violence, jamais vu avant. Le jour du scrutin, des incidents très violents dans la circonscription No 3 de Port-Louis firent un mort. Un homme succomba sous les coups portés à sa tête par une bande organisée. D’autres foyers de violence furent enregistrés à Port-Louis, provoqués par des individus armés de gourdins et de pierres, certains munis de sabres. Des maisons furent endommagées, et il fallut l’intervention de la Special Mobile Force et de la Riot Unit pour faire éteindre dans l’échec ces graves dérapages. Lorsque les urnes rendaient leur verdict, le Parti de l’Indépendance récoltait 454 000 votes, issus principalement des circonscriptions villageoises. Son adversaire le PMSD, recueillit 341 000 de votes, grappillés essentiellement dans les régions urbaines, notamment dans la capitale.
Le Parti de l’Indépendance enleva ainsi 39 des 62 sièges disponibles, obtenant du même coup l’indépendance de Maurice avec 55 des votes.Changement de décors : Le 21 décembre 1976 avait lieu le dépouillement des bulletins de vote, après les élections de la veille. Ces consultations étaient les premières organisées à Maurice depuis l’indépendance du pays. Le taux de participation à ces élections était très élevé, atteignant 90%. Les grands partis politiques se présentaient aux élections du 20 décembre 1976, séparément. Le Parti Travailliste (PTr) et son allié de toujours, le Comité d’Action Musulman (CAM) sont alliés sous la bannière de l’Independence Party. l’Independent Forward Block (IFB) de Sookdeo Bissoondoyal se démarquait du tandem SSR-SARM. Le parti Mauricien Social-Démocrate (PMSD) de Gaëtan Duval, comme en 1967, faisait cavalier seul, au même titre que le Mouvement Militant Mauricien (MMM), fondé en 1969 et qui en était à sa deuxième élection après la partielle de 1970 à Pamplemousses-Triolet.
Ce coup d’essai pour sa première participation à des élections générales était suivi avec beaucoup d’intérêt. L’affectation populaire était telle que le parti de p. Bérenger portait l’étendard de favori. Les résultats déroutaient les observateurs. Le MMM décrochait 30 sièges, le PTR comptant 25 députés et le PMSD faisant élire sept candidats, dont deux à Rodrigues. Donc c’était le MMM, le grand vainqueur de ce scrutin. Par la suite, la nomination de quatre Best Losers permettait au MMM de grossir son équipe parlementaire à 34. Le PTR obtenait un siège supplémentaire et le PMSD trois de plus. La configuration de l’Assemblée législative se lisait comme suit : MMM -34 députés, PTr-28 et PMSD-8. Ces deux dernières formations s’allieront dans une coalition post électorale et barraient la conquête du pouvoir au MMM. Sir Anerood Jugnauth ne sera pas Premier ministre, mais leader de l’opposition.On comptait plusieurs autres faits marquants à ces élections.
D’abord, le MMM avait des députés dans toutes les circonscriptions rurales, à l’exception de deux : Pamplemousses-Triolet et Vieux-Grand-Port-Rose-Belle. Il était minoritaire dans les villes notamment à Curepipe, Vacoas- Phoenix, Quatre Bornes et Beau-Bassin. SSR avait réussi son subterfuge, qui était celui de contracter secrètement un pacte avec SGD, avant les élections. Idéologiquement, tout opposait le MMM et le PMSD et c’est pourquoi l’unification des rouges et des bleus avaient pu être réalisée plus ou moins aisément. Depuis ce scrutin de 1976, les principaux partis politiques se sont toujours présentés en alliance aux élections générales. En ce moment, tous les leaders des partis semblent vouloir revenir à la période d’avantTout d’un coup, tous se découvrent une passion pour les échecs.
Que planifie Navin Ramgoolam ?
1.Une collaboration hindous-musulmans, avec la même idéologie que 1967.
2.Une alliance du type 1976, avec un arrangement après les résultats avec le MMM.Question super banco. Prenons notre patience en mal pendant quelques semaines.
CASSAM DHUNNY