Retour dans l’arène politique sous la bannière de « Mouvement Liberater » (ML) dans la circonscription No 2, après avoir été laissé sur la touche par Navin Ramgoolam en 2014, Abdullah Hossen nous brosse un tableau du déroulement de la campagne électorale. Il se sent très à l’aise dans cette circonscription. Sans fausse vergogne il affirme : « J’ai beaucoup fait pour le No 2 et c’est pour cela que j’y retourne avec optimisme ». Il affirme aussi : « mes nombreuses réalisations sur une base à la fois sectorielle et régionale au niveau de la circonscription ont laissé mon empreinte d’une façon indélébile ». Ali SAYED-HOSSEN revient sur l’essentiel de cette interview.
Vous avez été mis sur la touche en 2014 par Navin Ramgoolam. Fut-ce sur pression de Paul Bérenger pour avoir quitté le MMM ou une autre décision illogique de Navin Ramgoolam ?
Il s’agit d’une décision illogique de Navin Ramgoolam. En 2014, six candidats, députés sortants, n’avaient pas obtenu l’investiture. Sauf Shakeel Mohamed qui à la dernière minute avait été candidat au No 3 où il avait été élu en tête de liste. Cela prouve que dans son choix Navin Ramgoolam avait complètement passé à côté de la plaque. Des fois c’est important de rénover. Allez comprendre pourquoi six députés sortants avaient été écartés de la liste des candidats. Et Navin Ramgoolam a payé les conséquences. Il n’était pas élu dans sa circonscription. Aujourd’hui (Ndlr : dimanche matin) la liste des candidats n’est même pas prête. Pis encore, à la veille de l’enregistrement des candidats Navin Ramgoolam n’a toujours pas résolu le problème de sa candidature. Il y a un slogan dont il se servait souvent : « avec moi bœuf travaille, bœuf manger, mais non cheval manger ». Mais moi je dirai autre chose. Avec Ramgoolam : « bœuf travaille, bourik manger ». Je dois dire que c`est non seulement moi qui avais été mis sur la touche, mais d’autres aussi qui avaient travaillé pleinement leur circonscription respective ont été mis à l’écart.
Votre carrière politique avait débuté chez lez Mauves. Vous êtes ensuite passé au Parti travailliste pour ensuite vous joindre au rang de ML. Un parcours en dents de scie, ne voyez-vous pas ?
Il n’y a jamais eu de changement d’itinéraire, voire d’idéologie. Il y a toujours eu un détonateur commun. Il y a toujours eu une affinité. A la circonscription No 2, j’ai toujours servi en tant que conseiller municipal et en tant que Lord Maire. A ma députation dans cette circonscription, j’y étais comme PPS pendant cinq ans. Je me sens très à l’aise dans la circonscription No 2. Il va sans dire qu’on doit se retrouver au niveau d’une structure d’un parti pour initier et mettre en pratique notre vision et notre idéologie politique qui nous gouvernent. Cela est important. C’est encore plus important de cultiver une proximité avec l’électorat et d’y nous fidéliser de par notre présence et notre rigueur au travail. Il y a également la réalisation des priorités identifiées qui doivent se faire en consultation avec les autres. La preuve est que l’électorat et urbain et rural s’identifie de plus en plus avec chaque individu. Les résultats des dernières élections en sont la preuve.
Toutefois je dois faire ressortir une chose : l’expression des votes est panachée dans plusieurs circonscriptions. L’électorat privilégie les individus au détriment de l’appartenance partisane. Les résultats dans les circonscriptions 2 et 3 confirment cela. Il n’y a pas eu ce bloc vote. La constitution individuelle de chaque élu est appréciée à sa juste valeur par l’électorat….
….Il existe quand même un travail d’équipe ?
Certes il y a quand même un travail d’équipe qui se fait. Surtout avec la participation des néophytes, on a un devoir de manifester la solidarité du groupe pendant la campagne.
« La consolidation de la démocratie, l’émancipation de la classe des travailleurs, l’émancipation de la femme, la lutte inlassable contre la fraude et la corruption et la consolidation de l’unité nationale restent à jamais nos véritables priorités »
Avoir été absent pendant une élection générale ne serait-ce pas une reprise difficile ?
Heureusement non. Lors de l’exercice de porte à porte, à travers des réunions ainsi que des congrès, l’électorat No 2
m’a non seulement accueilli à bras ouverts mais se sont surtout réjouis de mon retour dans leur circonscription. Mes nombreuses réalisations sur une base à la fois sectorielle et régionale au niveau de la circonscription y ont laissé mon empreinte d’une façon indélébile.
Sur quel thème axez-vous votre campagne pour convaincre les électeurs ?
D’abord sur les réalisations des dix dernières années. Rubina Jadoo, la PPS sortante, a beaucoup contribué à améliorer les infrastructures de base. Elle a aussi apporté un mieux-être au niveau de différents quartiers de la circonscription et cela dans la continuité. Au fait, elle a assuré une continuité dans la nature des travaux que j’ai initiés en 2010. Cela laisse une image sérieuse. Les habitants de chaque quartier de la circonscription sont rassurés que des développements et des améliorations des infrastructures seront maintenues dans la continuité.
Dans ce contexte avez-vous identifié vos priorités ?
Maintenir les infrastructures de base sera toujours pendant longtemps parmi nos premières priorités. Pourvoir chaque quartier des facilités ainsi que des loisirs à travers des jardins d’enfants, des centres polyvalents et des terrains de jeux reste parmi les éléments qui seront privilégiés. L’embellissement et le combat contre la pollution sont désormais des droits fondamentaux de chaque individu. Ainsi beaucoup d’attention et d’investissements seront consacrés dans ce domaine. Mais concernant les droits fondamentaux demeure la priorité des priorités. Le droit au logement: Le droit au travail qui sont des domaines qui vont retenir toute notre attention. Un regard sur les deux dernières décennies vient révéler un constat choquant, notamment qu’il n’y a pas eu de projet de logement destiné à ceux au bas de l’échelle et à la classe moyenne à Port-Louis.
Pourtant ce ne sont pas des espaces qui manquent. Quand j’étais Lord Maire plusieurs sondages avaient révélé qu’en 2004 plus de 30 espaces de parking avec des infrastructures rudimentaires au centre de Port-Louis ces derniers se nombrent aujourd’hui à douze. Les propriétaires, par faute de moyen financier, ont dû démolir leurs bâtiments tombés en ruines et les ont convertis en espaces de parking. Ma vision c’est d’initier un partenariat gouvernement-secteur privé pour une nouvelle politique de logement. Des organismes paragouvernementaux tels la NHDC et la MHC ou tout autre nouvel organisme seront nos partenaires en tant propriétaires des terrains. Le rez-de-chaussée et quelques étages supérieurs resteront la propriété de celui qui a le terrain. Les étages supérieurs reviendront aux organismes. Il n’y aura pas de notion de rentabilité ou de profitabilité dans la réalisation de tels projets. On veillera à ce que le gouvernement contribue sous forme de subsides dans la réalisation d’un tel projet et cela diminuera davantage le prix. On viendra créer donc des appartements résidentiels dans le centre-ville à un coût accessible aux jeunes couples Port-Louisiens. Cela permettra d’avoir un plus grand nombre de résidents dans la capitale.
La clientèle commerciale sera élargie. Les retombées permettront d’avoir différentes activités dans le domaine commercial, de loisirs et de réaménagement des terrains dans les centres-villes. Il y aura aussi des zones d’embellissement. Port-Louis ne sera plus une ville morte à la fermeture des bureaux. On redonnera vie à notre capitale. Par exemple, le projet de Victoria Urban Terminal est inspiré de cette philosophie. C’est la preuve que notre vision est bien dans le concret et réalisable pour le grand bonheur des habitants de la capitale.
« Pourvoir chaque quartier des facilités ainsi que des loisirs à travers des jardins d’enfants, des centres polyvalents et des terrains de jeux reste parmi les éléments qui seront privilégiés »
Être sous le leadership d’Ivan Collendaveloo et avoir été sous celui de, Paul Bérenger il va sans dire que cela provoque deux appréciations différentes chez vous. Vos commentaires ?
Certes deux approches différentes, mais inspirées de la même valeur et de la même idéologie. La consolidation de la démocratie, l’émancipation de la classe des travailleurs, l’émancipation de la femme, la lutte inlassable contre la fraude et la corruption et la consolidation de l’unité nationale restent à jamais nos véritables priorités. L’amitié que je partage avec Ivan Collendaveloo depuis de nombreuses années explique mon adhésion au ML. Il s’agit pour moi d’un retour à la source. Tout cela me donne beaucoup de bonheur et une nouvelle motivation dans mon cheminement politique.
Qu’est-ce qui vous plaît chez Ivan Collendaveloo pour que vous acceptiez de travailler sous lui ?
Sa franchise et sa sincérité. Mais aussi son expérience et le respect qui se manifeste pour sa personne.
Quel bilan pourriez-vous mettre de l’avant pour séduire l’électorat No 2 ?
La consolidation de la démocratie. Pendant dix ans sous le Prime Ministership de Navin Ramgoolam, celle-là n’a jamais été sa priorité. Aujourd’hui la population a la possibilité de suivre les débats parlementaires dans le confort de leur salon. La consolidation de notre souveraineté avec la grande victoire sur le dossier des Chagos, l’introduction de salaire minimal qui vient corriger des injustices sociales et autres augmentations de pension de retraite sont autant de facteurs que nous pouvons présenter comme points forts des réalisations du gouvernement sortant. Je dois souligner ici que concernant les salaires de Rs 1 500 que les femmes cleaners touchaient, leurs démarches étaient comme un cri dans le désert. Navin Ramgoolam était insensible. Aujourd’hui Pravind Jugnauth a corrigé cette injustice.
Au chapitre de la hausse de la pension de vieillesse je dois dire que c’est un soulagement pour nos aînés. Eux qui ont contribué aux progrès et aux développements du pays sont dignement récompensés pour leurs efforts. Leur retraite ne sera pas une de passive, mais active. La transmission de l’expérience qu’ils ont acquise à la jeune génération est ainsi facilitée. Le plus important c’est qu’on exprime nos reconnaissances envers eux en leur permettant d’avoir une meilleure qualité de vie.
Vous avez certainement lu les révélations sur Navin Ramgoolam relatives à l’utilisation des fonds du Ptr. Pensez-vous que cela va peser lourd dans la balance pour les élections ?
Un leader doit être un role model. Lorsqu’on s’engage dans la politique on doit privilégier notre image dans le public. L’intégrité et la promotion des valeurs morales restent les maître-mots. Les coffres et des comptes bancaires sont le reflet de l’individu. La population a déjà tiré ses conclusions. Certaines images ne font pas honneur. La population saura sanctionner avec raison ces pratiques et ces comportements honteux.
Il faut reconnaître que bon nombre de scandales ont marqué le mandat de MSM/ ML même si ceux qui les ont provoqués ne sont pas de la course. Et si le peuple juge le gouvernement par ces maldonnes ?
Les nombreuses réalisations durant les cinq dernières années, le dynamisme et le sérieux d’un jeune Premier ministre qui tient parole en la personne de Pravind Jugnauth sont reconnus par toute la population. Pravind Jugnauth symbolise la sincérité et la détermination. Il est l’éclaireur d’un lendemain meilleur et d’un développement soutenu dans la modernité pour le progrès de tout un chacun. Il est le seul à pouvoir maintenir notre jeune République dans le chemin de l’avenir. La population est déjà convaincue de cela.
Quelle est votre lecture sur le mood électoral ?
Nous privilégions l’exercice de porte à porte. Même s’il n’y a pas vraiment cette foule réceptive, on doit se rappeler que les réseaux sociaux ont le dessus sur le terrain. La population a déjà fait son choix et quand nous nous rendons chez nos mandants et les entendons dire : « sa gouvernement la ine travaille et inne faire bien nous besoin redonne zotte même… », cela en dit tout et en dit long. Cette phrase résume la tendance et le mood silencieux.