November 11, 2024
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Opinion

LA DÉMAGOGIE DE NAVIN RAMGOOLAM

Ingrat métier en ce temps apocalyptique que celui de Premier ministre. Quand on ne l’interpelle pas sur les décisions courageuses qu’il prend et revendique, celui qu’on se précipite à tort et à travers à faire endosser l’étiquette de « premier médecin du pays » peut avoir à se justifier sur un autre secteur sensible de son périmètre. En l’occurrence, sa santé liée au virus du siècle.

Plus précisément, l’ancien PM Navin Ramgoolam tente de semer la confusion et la peur, en avançant que Pravind Jugnauth ne se serait pas soumis à un test après sa visite d’un centre de quarantaine. Ce qu’il implique que l’état sanitaire du PM serait douteux. Or, Pravind Jugnauth a tout balayé d’un revers de main en affirmant qu’un test sur sa personne s’est révélé négatif. Le Premier ministre fait une nouvelle fois montre d’un trait de caractère trop souvent oublié, loin d’être un idéologue, il est d’abord un pragmatique.

Un pragmatisme à toute épreuve, qui le dicte dans toutes ses décisions. Il choisit aussi de refuser l’hypocrisie en misant sur le concret sans polémique. Fidèle à sa ligne de conduite actuelle focalisée sur la seule chose qui importe (la maîtrise du fléau de Covid-19), il n’attaque personne et ne commente pas sur ce qui est de nature à le faire perdre son temps. Oui, il y a l’outrecuidance de NCR, pourtant en dehors du Parlement et qui est sensé de laisser toutes les latitudes à son leader de l’opposition, principalement d’être à l’avant-plan d’une initiative de solidarité en cette période de péril. Il va de soi qu’il ne tolère pas qu’Arvin Boolell se mette au diapason de l’action du PM.

Il se manifeste sur le réseau social FB en faisant croire qu’il brandisse à la fois la carotte et le bâton. Après une envolée qui a pour but de démontrer que tout ce que fait le PM est mauvais, il projette l’image du sauveur qui, par générosité d’esprit, viendrait à la rescousse de Pravind Jugnauth. Il met de l’avant ses liens présumés avec des conseillers étrangers de grand acabit. La démagogie à son comble.

Dans ces moments de catastrophe et de panique, le premier réflexe est de ne pas se laisser détourner l’esprit et gaspiller les énergies. Mais, une simple interrogation s’impose pour renvoyer l’ancien PM à ses manigances. Pourrait-il nous dire combien de succès et de bénéfices pour notre pays auraient rapporté tous les conseillers qu’il a recrutés de l’étranger durant ses trois mandats de PM ? Cette seule manœuvre, si elle avait porté ses fruits, aurait sans l’ombre d’un doute contribué à maintenir Navin au pouvoir dès 2014, non pas le faire déloger de son piédestal. Revenons sur ce qui nous angoisse. Parmi tous les problèmes auxquels ont été confronté un gouvernement, la gestion d’une épidémie est sans doute la plus épineuse. Ici, il n’y a pas le bien contre le mal comme pour le terrorisme, pas de rapports de forces comme dans un conflit social, mais bien une lutte acharnée contre un fléau, un virus invisible. D’où viendra le salut ? Face à la flambée de l’épidémie actuelle, les plus de cinquante ans se rappellent la peur qui tenaillait la société quand le sida s’était propagé dans les années 1980, sans qu’on dispose des moyens pour sauver les malades. Depuis, la médecine, Dieu merci, a fait des découvertes et des avancées déterminantes.

Ce dont nous avons besoin aujourd›hui pour trouver une parade semblable, c›est la lucidité, la discipline et la soumission à des consignes strictes, rigoureuses. Pénibles certes, mais absolument nécessaires pour juguler le virus. « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » Ceux que la crise sanitaire contraint aujourd’hui de ne plus quitter leur domicile jusqu’à nouvel ordre peuvent méditer sur la fameuse citation du célèbre écrivain français Blaise Pascal.

Trouver le bonheur dans le confinement ? Pascal semble nous y inviter et si cela semble difficile, la situation actuelle doit favoriser un autre regard. Si le coronavirus n’a pas encore trouvé son vaccin, sa diffusion foudroyante ne sera contenue entretemps que par ce sacrifice inédit qui est de rester chez soi. Cela ne pourrait être si compliqué, car l’homme passe son temps à se plaindre de ses engagements au jour le jour et qui lui prive des moments précieux en famille. Oui, le véritable sentiment qui prédomine est celui d’une immense lassitude.

En même temps, le coronavirus pourrait accélérer une salutaire prise de conscience et encourager un mouvement de ressaisissement décisif. Ce dont Pravind Jugnauth s’évertue à faire comprendre aux Mauriciens. Ce n’est pas faute de sa part d’avoir tout essayé, tout fait. Pourtant, grâce à son acharnement et à sa maîtrise, tout devient tout à coup faisable. La balle est dans le camp du peuple. Jamais l’exigence de prouver que « impossible n’est pas mauricien » n’a été aussi profonde.