April 26, 2024
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La roupie numérique arrive : le fisc suivra

Avec l’introduction de la roupie numérique, qui fera d’abord l’objet d’un document destiné à engager une discussion, c’est l’économie informelle qui risque de prendre un sacré coup, en devant déclarer ses revenus. Avec la déclaration au fisc, ce sera tous les avoirs de ces derniers obtenus par leurs activités professionnelles qui seront mis à jour. C’est une décision rationnelle au vu d’un pays qui vient de retrouver ses marques auprès avoir consenti à des efforts extraordinaires pour quitter les listes grise et noire qui étaient synonymes de blanchiment. Au moment de déployer tous les efforts afin de retrouver les premiers signes de la reprise, il était important que l’ile Maurice se signale comme le premier pays d’Afrique subsaharienne à s’engager dans une véritable stratégie moderne en vue de garantir sa stabilité économique et financière. La volonté y est et les ressources ne manquent pas afin d’y arriver.

L’économie digitale

Car l’économie digitale est l’avenir dans le commerce des biens et services, elle garantit la transparence et permet d’assurer une veille constante et efficace sur les transactions financières et monétaires. L’ambition de Maurice de devenir un ‘hub’ financier dans l’Océan indien passe obligatoirement par l’adoption de la monnaie numérique, car la plupart des investisseurs internationaux, sous la pression des organismes régulateurs et l’opinion citoyenne, doivent de plus en plus montrer patte blanche sur l’origine de l’argent qu’ils investissent, alors qu’au même moment, les organismes régulateurs dans la finance imposent aux pays récepteurs de ces investissements de mettre en place des normes de traçabilité.

Pertes et fracas

Certes, à Maurice, une telle décision risque de provoquer pertes et fracas chez un certain nombre de petits commerçants du secteur informel qui, avant l’apparition de la Covid-19 ont bien fait leur beurre en l’absence de mécanisme permettant de vérifier le montant réel de leurs revenus et les sources de ceux-ci. Et comme l’a bien souligné le Gouverneur de la Banque de Maurice, il restera à traiter la problématique qui se posera aux seniors quant à l’usage du téléphone portable, principal instrument en interface dans les transactions numériques. Mais les premiers concernés seront sans doute les commerçants opérant dans le secteur informel, du ‘marchand ambulant’ aux ‘revendeurs de boulettes et autres ‘briani’ en passant par les marchands ‘dhollpuri’. À ce jour, on sait que ces derniers peuvent opérer leurs petits business tranquillement sans devoir rendre compte au fisc, qu’ils fassent fortune ou réalisent des pertes. Mais, en 2020, durant le premier confinement, on a constaté qu’ils étaient parmi les premiers à faire appel au soutien financier du gouvernement, en faisant valoir que, tout d’un coup, ils s’étaient appauvris ! Or, dans les prochaines années, lorsque la roupie digitale sera une réalité, il ne sera plus possible de faire ce coup-là alors que des familles ou individus, véritablement démunis, méritent les aides sociales.

Évasion fiscal

Les resquilleurs ne manquent pas à Maurice, et ce dans tous les domaines ! Aussi, il est grand temps d’identifier les secteurs où se pratique l’évasion fiscale. Il s’agira assis de promouvoir les conditions destinées à agréger l’économie en vue de définir des stratégies de développement sur le long terme, et cela, en ayant en main les chiffres réels de notre état des finances… C’est dans le domaine de tout pays qui souhaite se donner les moyens pour attirer les investisseurs. Cette décision de la Banque de Maurice signifie que Maurice se donne tous les moyens afin de réussir sa transition numérique, devenue depuis ces dernières années un enjeu majeur de développement.

À chaque étape de son développement dans le passé, l’ile Maurice a su dégager des stratégiques à moyen et long terme et mobilisé les moyens adéquats en matière de financement et de ressources humaines afin d’y arriver. Dans les années 80-90, au plus fort du ‘miracle économique’, la tendance était à la formation en commerce et économie, après une période axée sur la formation en langues. Les années post-2000 ont mis un accent particulier sur les études en comptabilité et les métiers de la banque. Mais la pandémie a rapidement en exergue l’insuffisance de compétences dans les métiers de l’informatique dont celui des algorithmes. À ce sujet, il faut aussi faire ressortir que les études scientifiques et en mathématiques appliquées ont toujours souffert de la prééminence des littératures et autres études sociales, beaucoup plus en phase avec la réalité sociale, politique et philosophique de l’ile dans les années de grande lutte sociale. Ces facteurs ont toujours façonné notre conception du développement de l’ile, en diabolisation la richesse, l’entrepreneuriat et le capitalisme.

La richesse

Cette attitude découle d’un regard religieux sur la richesse, une problématique finement analysée par l’économiste et sociologue allemand Max Weber, dans son magistral ouvrage ‘L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme’. Les études scientifiques et celles des mathématiques sont toutes caractérisées par le cartésianisme, et aujourd’hui, il faudrait que les pédagogues leur redonnent leurs lettres de noblesse si on veut que l’ile Maurice réussisse sa transition vers la digitalisation.

Le monde ne manque pas d’exemple qui montre que les peuples engoncés dans une forme de bigoterie sont souvent des obstacles aux développements des sciences, des mathématiques et de la médecine. Il faudrait, certes, que l’ile Maurice fasse preuve d’équilibre dans la promotion des recherches dans les sciences, notamment dans le domaine des algorithmes.

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